Expo Ailleurs : Aïta, fragments poétiques d'une scène marocaine - Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA - Jusqu'au 4 janvier 2026

 

Avec l'exposition "Aïta, fragments poétiques d'une scène marocaine", la commissaire Sonia Recasens imagine le troisième opus d'un cycle dédié aux scènes africaines, initié en 2015, prolongé par la saison Africa2020. L'Aïta, littéralement "cri" en darija, dialecte marocain est un art séculaire qui témoigne de l'inventivité des traditions orales. Populaire et militant, il associe performance vocale, improvisation poétique, musique traditionnelle. Depuis la dynastie Almohade, au XIIème siècle, et la geste hilalienne, chroniques épiques développées entre le XIème et le XIVème siècle, l'Aïta témoigne de la vie quotidienne des hommes, leurs amours, leurs luttes, leurs espoirs, parfois chant sacré, parfois mélopée libertaire. Fruit de la culture bédouine, chaque tribu dispose d'un ensemble musical d'hommes rejoints dans leurs performances par les cheikhâtes, chanteuses et danseuses professionnelles. 







Le propos de l'exposition "Aïta, fragments poétiques d'une scène marocaine" puise à la source d'une série photographique "Le Chant de l’ombre" (2018) de Mohssin Harraki, réalisée à l'occasion d'une résidence d'artiste à Saint-Cirq-Lapopie. Le plasticien s'inspire de l'art de Kharboucha, figure historique de l'Aïta, dans la région de Doukkala-Abda, pour écrire des vers qu'il grave sur des pierres du Lot. Il rend hommage à une poétesse et résistante, analphabète, Kharboucha qui s'engage à la fin du XIXème siècle contre le pouvoir colonial et les abus du caïd local, Aïssa Ben Omar. Ses chants dénoncent, invitent à la révolte populaire. Les sept images "Le Chant de l'ombre" sont entrés dans les collections permanentes du Frac Nouvelle Aquitaine MÉCA en 2019. 

Porté par un puissant lyrisme, les interprètes de l'Aïta se font gardiens de la mémoire collective, préservation d'un patrimoine culturel. À la fois chant d'amour, vecteur de résistance notamment contre les puissances coloniales, outil d'émancipation, cette pratique artistique témoigne des luttes et de l'intimité avec des thématiques aussi variées que l'identité, patriarcat et féminisme, racisme et subversion, répressions et discriminations, engagement et espoir. 







L'histoire de l'Aïta se prolonge aujourd'hui. Au Frac Nouvelle Aquitaine MÉCA, l'exposition lance des ponts entre la tradition d'une pratique culturelle ancestrale et la création contemporaine, expression d'une modernité marocaine. Une trentaine d'artistes d'horizons variés, de générations, d'origine et d'expérience hétérogènes sont réunis.

La scénographie initie des dialogues par les rencontres inattendues, d'oeuvres posées en regard. La grande variété de médiums, éclectisme, architecture, peinture, dessin, photographie, technologie numérique, installations sonores, vidéos. Les formes d'expression croisent beaux-arts et artisanat, transcendent les frontières des pratiques. 







Outils idéologiques, politiques, les poèmes métaphoriques de l'Aïta se font cris de ralliement, quand ils revendiquent avec puissance liberté, dignité, résistance, et s'adoucissent dans la sensualité de la complainte amoureuse. 

Artistes : Oumaima Abaraghe, Amina Agueznay, Malika Agueznay, Aassmaa Akhannouch, Daoud Aoulad-Syad, Amina Benbouchta, Meriem Bennani, Khalid Bouaalam, Bouabid Bouzaid, M’barek Bouhchichi, Khadija El Abyad, Abdellah El Hariri, Fatima Hassan El Farouj, Badr El Hammami, Abdessamad El Montassir, Hicham Gardaf, Yasmine Hatimi, Mohssin Harraki, Laila Hida, Soukaina Joual, Seif Kousmate, Sido Lansari, Mohammed Laouli, Randa Maroufi, Salima Naji, Bouchra Ouizguen, Sara Ouhaddou, Younes Rahmoun, Amina Rezki, Chaïbia Talal

Aïta, fragments poétiques d'une scène marocaine 
Jusqu'au 4 janvier 2026

Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA
5 Parvis Corto Maltese - 33800 Bordeaux
Tél : 05 47 30 34 67
Horaires : Du mercredi au dimanche de 13h à 18h (dernière entrée à 17h30) - Nocturne 3ème jeudi du mois jusqu’à 21h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.