Théâtre : L'heure des assassins, de Julien Lefebvre - Comédie de Paris - Jusqu'au 18 janvier 2026

Crédit Stéphane Audran 

 
31 décembre 1909. Le théâtre Somerset, prestigieux établissement londonien, donne sa grande soirée du Nouvel An au cours de laquelle se joue "Peter Pan". Le propriétaire, Philip Somerset, homme d'affaires enrichi aux États-Unis, est de retour au pays natal fortune faite. Il réunit le temps de l'entracte ses amis et ses collaborateurs les plus proches afin de célébrer le succès de son théâtre dans un petit salon privé. Tandis qu'il lit un contrat sur le balcon, John Hartford, son dévoué bras droit, et Bram Stoker, romancier et administrateur du théâtre, accueillent les invités. Katherine Belgrave, soeur adorée de Philip Somerset, et George Bernard Shaw, célèbre dramaturge, présent en tant que critique dramatique sont rejoints par Miss Lime, la secrétaire de Somerset, jeune femme moderne moins ingénue qu'il n'y paraît. Quand sonne la reprise de la représentation, le corps sans vie de Philip est découvert sur le balcon. Impossible d'aller chercher du secours, le petit salon a été fermé à clé. 




Troisième volet d'une série de comédies policières, après "Le Cercle de Whitechapel" et "Les voyageurs du crime", Julien Lefebvre imagine avec "L'heure des assassins" un "whodunit" dans la plus pure tradition de la pièce à énigme. Il y reprend son improbable trio de détectives improvisés, figures de la littérature, Bram Stoker, l'auteur de "Dracula", Arthur Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes, George Bernard Shaw, dramaturge, prix Nobel de littérature en 1925, auteur de "Pygmalion" et Eliza Doolittle. Ils associent leurs brillants esprits de déduction pour trouver un assassin enfermé avec eux. Humour salutaire en ces temps moroses, arcs narratifs bien connus, Julien Lefebvre modernise les conventions du genre. Il livre une pièce aux accents très britanniques, hommage aux oeuvres des maîtres du XXème siècle, Agatha Christie, Edmund Crispin en tête, un certain âge d'or de la littérature policière. Truffée de références historiques, littéraires, la trame classique du Cluedo se distingue par son habileté, sa capacité à tenir le spectateur en haleine.

Élie Rapp à la scénographie signe également la mise en scène en collaboration avec Ludovic Laroche. L'univers de la pièce s'inscrit dans la poésie des décors, le soin apporté aux costumes, une certaine féérie à l'ancienne, délicieusement surannée. La rythmique imparable du texte prend vie dans la mécanique de précision propice au suspense. L'auteur sème les indices, le mystère de la chambre close s'épaissit, l'identité du criminel stupéfie.

Truffée de rebondissements, la pièce déborde d'énergie grâce à un véritable esprit de troupe partagé par une distribution investie. Les belles rencontres se devinent dans la synergie des talents. Les trois comédiens principaux, très convaincants, reprennent leurs rôles d'enquêteurs amateurs des opus précédents, Ludovic Laroche en Arthur Conan Doyle, Jérôme Paquatte en Bram Stoker, Nicolas Saint-Georges en Georges Bernard Shaw. Stéphanie Bassibey interprète une soeur éplorée particulièrement savoureuse, et le loyal associé joué par Pierre-Arnaud Juin, se dévoile avec esprit. La nouvelle venue Ninon Lavalou dans le rôle de l'assistante incarne avec nuances un genre de femmes inédit au début du XXème siècle, moderne et tête bien faite. 

Théâtre populaire et fédérateur, "L'heure des assassins" est un pur divertissement. Il ne faut pas bouder son plaisir.

L’heure des assassins, de Julien Lefebvre
Jusqu'au 18 janvier 2026
Du mercredi au samedi à 21h, matinée samedi à 16h30 jusqu'au 13 septembre 2025
Matinées supplémentaires le dimanche à 15h et 17h à partir du 20 septembre 2025

Distribution
Miss Belgrave : Stéphanie Bassibey ou Aurélie Bargème ou Émilie Cazenave
John Hartford : Pierre-Arnaud Juin ou Yannis Baraban 
Arthur Conan Doyle : Ludovic Laroche ou Pierre Val 
Miss Lime : Ninon Lavalou ou Donatienne de Croisoeuil 
Bram Stoker : Jérôme Paquatte ou Frédéric Souterelle 
Georges Bernard Shaw : Nicolas Saint-Georges ou Laurent Paolini

Équipe artistique
Production : Comédie de Paris, Le Renard Argenté et La Française de théâtre
Auteur : Julien Lefebvre
Mise en scène : Elie Rapp et Ludovic Laroche
Lumières : Dan Imbert
Musique : Hervé Devolder

Comédie de Paris 
42 rue Fontaine - Paris 9
Tél : +33 1 42 81 00 11




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.