Paris : Église Notre-Dame de la Compassion, chapelle commémorative en mémoire du prince héritier Ferdinand d'Orléans (1810-1842) disparu précocement dans un accident de calèche - XVIIème

 


L'église Notre Dame de la Compassion est une chapelle commémorative, édifiée à l'emplacement de la boutique de l'épicier Louis Cordier où le prince Ferdinand-Philippe d'Orléans (1810-1842), fils aîné du roi Louis-Philippe (1773-1850) meurt à la suite d'un accident de calèche. À la fin des années 1960, la réhabilitation de la porte Maillot entraîne transfert de l'ouvrage, entièrement démonté et reconstitué, vers son actuellement emplacement porte des Ternes. Le prince repose dans la chapelle royale Saint Louis à Dreux auprès de son épouse, Hélène de Mecklembourg-Schwerin (1814-1858). Les oeuvres présentes, vitraux dessinés par le peintre Jean-Dominique Ingres (1780-1867) et sculptures dessinées par Ary Scheffer (1795-1858), réalisées par Henri de Triqueti (1803-1874), confèrent un caractère remarquable à ce monument modeste par ses dimensions, 14 mètres par 11. La chapelle Saint Ferdinand Notre Dame de la Compassion fait l'objet d'un classement aux Monuments historiques par arrêté du 21 janvier 1929.








La chapelle Notre Dame de la Compassion commémore l'accident tragique qui coûte la vie au prince héritier, Ferdinand d'Orléans, le 13 juillet 1842. Dans une calèche Daumont ouverte, le duc quitte les Tuileries au matin pour se rendre à Saint Omer à l'occasion d'une inspection des régiments. Il envisage de faire un détour rapide afin de rendre visite à sa mère qui demeure alors au château de Neuilly. Arrivé à la barrière de l'Étoile, chemin de la Révolte, ses chevaux s'emballent, l'attelage fait une embardée et le prince chute lourdement sur la chaussée, crâne fracassé. Transporté d'urgence dans l'épicerie de Louis Cordier vers 11h30, Ferdinand d'Orléans expire à 16h30.

Au cours du mois d'août, le roi Louis-Philipe fait l'acquisition de la maison de l'épicier Cordier et de la parcelle sur laquelle elle se tient, propriétés du duc d'Aligre, pour la somme de 110 000 francs. Le souverain souhaite que soit construite une chapelle commémorative, à l'emplacement exact de la boutique, devant le bastion 50 de l'enceinte de Thiers ainsi qu'un logement pour le vicaire. La reine Marie-Amélie fait reconstituer la chambre mortuaire de son fils au sein du château de Neuilly avec le mobilier d'origine prélevé dans la boutique. 

L'architecte Pierre-François Fontaine (1762-1853) dessine les plans de la chapelle. Le sanctuaire éclectique en forme de croix grecque s'inspire librement du mausolée de Galla Placidia à Ravenne. Réalisé sous la direction d'un second architecte Pierre-Bernard Lefranc (1795-1856), il associe styles roman, gothique, byzantin, classique et Renaissance. 

Ary Scheffer, maître de dessin des enfants de la famille d'Orléans, conçoit la chapelle ardente et moule le masque mortuaire du prince repris pour les différentes sculptures. La Piéta dans la niche centrale, imaginée par Ary Scheffer et sculptée par Henri de Triqueti présente la Vierge sous les traits de la reine Marie-Amélie et le Christ sous ceux du prince Ferdinand. Au Gisant de Ferdinand d'Orléans, dessiné par Ary Scheffer, sculpté par Henri de Triqueti, a été ajouté un ange en prière, l'une des dernières oeuvres de la princesse Marie d'Orléans (1873-1839). 

Le peintre Jean-Auguste-Dominique Ingres, portraitiste officiel de la famille royale, réalise les cartons des verrières. Il s'inspire des visages des Orléans pour représenter les onze saints patrons de chacun, saint Philippe sous les traits de Louis-Philippe jeune, sainte Amélie sous ceux de la reine Marie-Amélie. Les trois roses représentent les vertus théologales. La manufacture de Sèvre exécute les quatorze vitraux.

Monseigneur Denys Affre (1793-1848), archevêque de Paris, consacre la chapelle Saint Ferdinand désignée sous le vocable Notre Dame de la Compassion à partir de mars 1843, en présence de la famille royale et du gouvernement le 11 juillet 1843. L'épicier Cordier, doté d'une pension sur la liste civile, devient gardien de la chapelle royale.









En 1870, l'évolution des défenses militaires de la ville menace de destruction la chapelle désormais établie sur la zone non aedificandi. Elle est sauvée par l'intervention du Général François Chabaud-Latour, ancien officier d'ordonnance de Ferdinand d'Orléans. Les annexes disparaissent à cette occasion. 

À la fin des années 1960, la construction du périphérique, la restructuration de la porte Maillot et la création du Palais des Congrès requièrent le déplacement de la chapelle, entériné sur décision d'André Malraux en 1968. L'ouvrage se retrouve alors porte des Ternes. Fragilisé par ce déménagement et le nouvel environnement, il fait l'objet d'une restauration dès 1974. Au cours de celle-ci sont ajoutés une crypte et des locaux en sous-sol conçus par l'architecte André Donzet (1913-1988) qui stabilisent l'ensemble. Cette extension permet d'ériger la chapelle en paroisse par Monseigneur Lustiger, archevêque de Paris, sous le vocable de Notre Dame de la Compassion en 1993.

Chapelle Notre Dame de la Compassion
2 boulevard d'Aurelle de Paladines - Place du Général Kœnig - Paris 17
Horaires : Ouvert du lundi au dimanche de 9h à 18h
Métro Porte Maillot ligne 1



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Plan local d'urbanisme Paris 17
Le guide du promeneur 17è arrondissement - Rodolphe Trouilleux - Éditions Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette