"Reconstruire", la 12ème édition du Temps des Collections, se tient au sein de cinq musées du territoire rouennais jusqu'au 2 juin 2025, cinq expositions en accès libre et gratuites. En parallèle, une riche programmation culturelle pluridisciplinaire et des médiations variées abordent la thématique par les biais historique, anthropologique, écologique, littéraire, artistique. Cette réflexion sur le concept de reconstruction intervient dans le cadre des célébrations commémoratives en lien avec la Seconde Guerre Mondiale. Le territoire normand a été durement touché au cours de la libération de la France par les bombardements alliés destructeurs. Les expositions se penchent notamment sur les enjeux de l'après-guerre au sein d'un territoire dévasté. La reconstruction a permis d'atteindre une forme de résilience. La réinvention d'un nouveau patrimoine, transformation de la ville, de l'industrie, a donné lieu à une nouvelle géographie sensible répondant à un objectif pluriel : panser les plaies, entretenir la mémoire du passé, et des ruines faire jaillir le futur.
Depuis 2012, Le Temps des Collections, saison d'exposition, s'attache à valoriser les collections permanentes des institutions locales sous l'égide de la Réunion des musées métropolitains Rouen Normandie, pôle muséal géré par la métropole Rouen Normandie. Les pièces peu montrées sorties des réserves à l'occasion d'une thématique particulière, les acquisitions et les restaurations les plus récentes, éclairer les résultats des dernières recherches scientifiques
La 12ème édition du Temps des Collections "Reconstruire", se déploie sur cinq musées de la RMM Rouen, le Musée de la Céramique de Rouen, le Musée des Beaux-Arts de Rouen, le Musée Flaubert et d'histoire de la médecine, la Corderie Vallois, la Fabrique des Savoirs. Focus sur trois événements.
Reconstruire - 12ème édition du Temps des Collections
Jusqu'au 2 juin 2025
Accès libre et gratuit à toutes les expositions
RMM Rouen, réunion des musées métropolitains Rouen Normandie
Reconstruire... les terres brisées
Jusqu'au 2 juin 2025
Musée de la Céramique
1 rue Faucon - 76000 Rouen
Tél : 02 76 30 39 26
Horaires : Ouvert tous les jours de 14h à 18h sauf le mardi
L'exposition "Reconstruire... les terres brisées" marque un double anniversaire, 160 ans de la création du musée et 40 ans de son installation au sein de l'Hôtel d'Hocqueville. Son propos s'appuie sur la dimension symbolique de la céramique brisée, témoin de la fragilité de l'existence, l'impermanence des choses et la possible résilience à travers une réparation synonyme de futur.
Erreurs de modelage, de cuisson, d'émaillage, accidents du quotidien dans le cas d'objets utilitaires, les céramiques peuvent se briser tout au long d'un parcours qui va de la conception à l'utilisation. Envisager une restauration requiert de faire appel à des savoir-faire artisanaux autrefois répandus aujourd'hui menacés de disparition, victimes d'une société consumériste qui préfère jeter, remplacer que réparer. Le musée de la céramique rend hommage à ces métiers, les anciens "racommodeurs de faïence", et les toujours actifs restaurateurs du patrimoine. L'exposition évoque notamment l'art traditionnel japonais du Kintsugi, qui consiste à recoller les morceaux épars des précieuses céramiques brisées tout en soulignant les joints, les fêlures et fractures avec de l'or.
Reconstruire… la flèche
Jusqu'au 2 juin 2025
Musée des Beaux-Arts de Rouen
Esplanade Marcel-Duchamp - 76000 Rouen
Tél : 02 35 71 28 40
Horaires : Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h
"Reconstruire... la flèche" raconte l'histoire rocambolesque de la reconstruction de la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Rouen datant de 1783, victime d'un incendie le 5 septembre 1822. Aujourd'hui, cet ouvrage est considéré comme un jalon de l'histoire de l'architecture métallique aussi important que la Tour Eiffel. L'architecte Jean-Antoine Alavoine (1778-1834), pionnier, imagine une flèche néogothique conçue en fonte sur socle d'acier. Le projet, inspiré par la flèche de la cathédrale de Salisbury, fait l'objet d'âpres débats concernant l'usage de matériaux modernes dans le cadre d'une restauration. Quatremère de Quincy (1755-1849), architecte et archéologue, académicien, mène une campagne polémique contre l'entreprise. Flaubert qualifie la flèche de "tentative extravagante de quelque chaudronnier fantaisiste".
Le chantier pharaonique dure 1825 à 1876. Il s'éternise du fait de nombreuses pauses plus ou moins longues liées aux controverses et au dépassement de budget. La flèche est achevée sous la direction de l'architecte Jacques Barthélémy (1799-1882), architecte du diocèse depuis 1848. Le ferronnier d'art Ferdinand Marrou (1836-1917), réputé pour ses artefacts conçus afin d'orner les monuments rouennais, est chargé de réaliser quatre clochetons décoratifs. Ils rejoignent les sommets de la flèche entre 1880 et 1884.
La flèche finalisée, culmine à 151 mètres de hauteur. La cathédrale Notre-Dame de Rouen devient le plus haut bâtiment du monde, titre qu'elle conserve jusqu'en 1880. À cette date, elle est surpassée par la cathédrale de Cologne, haute de 157 mètres. De nos jours, la cathédrale Notre-Dame de Rouen, plus haute église de France, demeure la troisième plus haute du monde, derrière la cathédrale protestante luthérienne d'Ulm, Ulmer Münster, et la cathédrale catholique de Cologne, Hohe Domkirche St. Peter - Kölner Dom.
Les Monuments historiques mènent une vaste campagne de restauration depuis début 2024, année qui a été marquée par un incendie au niveau de la flèche le 11 juillet.
Musée Flaubert et d’Histoire de la Médecine
51 rue de Lecat - 76000 Rouen
Tél : 02 35 15 59 95
Horaires : Ouvert le mardi de 10h à 12h30 et de 14h à 18h - Du mercredi au samedi de 14h à 18h - Fermé les dimanches, lundis et jours fériés
Ce volet interroge l'influence du territoire sur la création. La Normandie, terre d'inspiration et d'écriture, est réputée pour ses hommes de lettres. Parmi eux, trois figures emblématiques se distinguent, les natifs Pierre Corneille (1606-1684) et Gustave Flaubert (1821-1880), Maurice Maeterlinck (1862-1949), normand d'adoption.
L'attachement de Pierre Corneille à la région est ici relié directement à ses origines, dans une évocation de sa maison natale qui se trouve rue Pie à Rouen https://www.parisladouce.com/2023/12/maison-natale-de-corneille-rouen-lieu.html ainsi que la villégiature familiale de la Maison des Champs à Petit-Couronne. Costumes, gravures, tableaux et pièces de ferronnerie illustrent le propos. L'exposition évoque Gustave Flaubert par le biais de sa maison natale rue de Lecat à Rouen où se tient l'événement ainsi que la propriété de Croisset à Canteleu. Au manuscrit de jeunesse "Novembre" (1842) sont associés des objets décoratifs issus de son bureau, acquisitions récentes. Le musée des Beaux-Arts de Rouen a consenti le prêt de trois tableaux d'Alexandre-Gabriel Decamps (1803-1860), seul peintre pour lequel Flaubert avait manifesté son admiration.
La salle consacrée au dramaturge belge Maurice Maeterlinck revient sur le lien qu'il a noué avec la Normandie. En 1895, il s'éprend de la comédienne Georgette Leblanc (1869-1941), sœur de Maurice Leblanc, père d'Arsène Lupin. Elle est très attachée à sa région natale. Dès 1898, le couple qui tient salon à Passy, établit sa résidence secondaire au Pays de Caux. La Normandie devient l'univers de Maeterlinck. De 1907 à 1912, le couple s'installe à l'abbaye de Saint-Wandrille au sein de laquelle ils scénarisent des performances théâtrales uniques. Documents variés, manuscrits, premières éditions, extraits d'archives vidéo, affiches et costumes rendent compte de ce travail de création.
Dérobés lors d'un colloque en 1998 au Musée Flaubert et d'histoire de la médecine, retrouvés récemment au CHU de Grenoble, trois précieux livres illustrés d'anatomie du XVIème siècle, font l'objet d'une présentation dans le petit cabinet anatomique pour évoquer le corps humain et sa réparation par la chirurgie. Deux ouvrages du médecin flamand de la Renaissance André Vésale, "De humani corporis fabrica libri septem" (1543) et "Anatomes totius" (1564), et des "Oeuvres" du chirurgien français Ambroise Paré (1575)
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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