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Jean Valjean, déporté au bagne pour le vol d'une miche de pain, est parvenu à s'enfuir. La protection de l’évêque de Digne, monseigneur Myriel, lui permet de changer d'identité. Valjean prend le nom de Monsieur Madeleine. Chef d'entreprise, il fait fortune et devient maire de la ville de Montreuil-sur-Mer. Fantine, fille-mère, ouvrière, a confié en pension sa petite fille Cosette, aux Thénardier. Le couple d'aubergistes de Montfermeil maltraite l'enfant et exige toujours plus d'argent pour la garde de l'enfant. Injustement renvoyée de l'usine par un contremaître libidineux, Fantine est contrainte à la prostitution par la misère. Alors qu'elle est gravement malade, Jean Valjean vient à son aide et la fait hospitaliser. Pour sauver un innocent accusé à tort, ce dernier se dénonce auprès des autorités et révèle sa véritable identité. Désormais poursuivi par l'inspecteur Javert, il fuit. Au chevet de Fantine mourante, Valjean promet de prendre soin de Cosette. Il arrache la fillette aux griffes des Thénardier, et se réfugie à Paris où il mène une vie discrète.
Le roman monument de Victor Hugo (1802-1885), publié en 1862, a fait l'objet de nombreuses adaptations, au cinéma comme au théâtre. La comédie musicale propose une relecture édulcorée moins cruelle du texte originel mais conserve une portée politique de critique sociale, l'image des soulèvements populaires entrant en écho avec l'actualité. Créée en 1980 au Palais des Sports de Paris, sur un livret d'Alain Boublil, la musique de Claude-Michel Schönberg, la mise en scène de Robert Hossein, elle reçoit à l'origine un accueil tiède en France. Mais elle triomphe bientôt à Londres dans sa production en anglais, en 1985 et à Broadway, à New-York, en 1987. Spectacle des superlatifs, "Les Misérables" a été traduit en 22 langues et vu par 130 millions de spectateurs. Aujourd'hui de retour à Paris, dans une mise en scène de Ladislas Chollas, la comédie musicale prend ses quartiers pour 52 dates exceptionnelles au Théâtre du Châtelet.
Le spectacle opératique, 3 heures avec entracte pour adapter les 1500 pages du roman, suscite un enthousiasme unanime. La fresque historique, sociale et philosophique aborde des thématiques particulièrement sensibles de nos jours, humanisme, pacifisme, féminisme. Elle associe avec intelligence humour et drame, mélo et politique.
L'envergure du projet se traduit dans les chiffres, notamment une distribution de 39 comédiens chanteurs sur scène pour un récit uniquement chanté, 300 costumes signés Jean-Daniel Vuillermoz ou un orchestre de 14 musiciens dirigé en alternance par les cheffes d'orchestre Alexandra Cravero et Charlotte Gauthier. Emmanuelle Roy a imaginé des décors amovibles complétés par des projections de vidéo sur trois niveaux de toile. Le fond de scène s'inspire d'une gravure de Gustave Doré, L'Enfer de Dante Alighieri, chapitre de La Divine Comédie. De la forêt où se trouve l'auberge des Thénardier aux les bas-fonds de Paris, jusqu'aux barricades, le spectacle enchaîne les tableaux.
La distribution est remarquable de sensibilité, de présence scénique, Jean Valjean incarné par le ténor Benoît Rameau, Javert par Sébastien Duchange, Fantine par Claire Pérot, Cosette adulte par Juliette Artigala. Les Thénardier, David Alexis et Christine Bonnard, couple abject ajoutent par leurs bouffonneries une dose d'humour salutaire. Douze enfants en alternance interprètent les rôles des benjamins, quatre pour Gavroche, quatre Cosette, quatre Éponine.
La comédie musicale traversée par le souffle hugolien d'un romantisme noir, embrasse la grande histoire, la lutte des classes au XIXème siècle, et entretient une dimension plus intime avec les destins singuliers des personnages en quête de rédemption. Ancré dans une période troublée de l'histoire de France, entre la bataille de Waterloo en 1815, la chute de l'Empire, et les émeutes révolutionnaires de juin 1832, le spectacle rend compte des tensions sociétales et politiques, la souffrance du peuple qui meurt de faim. Il fait entendre la voix des miséreux. Les airs les plus célèbres, "J'avais rêvé d'une autre vie" par Fantine, le couplet de Gavroche "Si je suis tombé par terre, c'est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau", les chants révolutionnaires, constituent une partition flamboyante familière. "Les Misérables", un grand moment d'émotion, un spectacle éblouissant.
Les Misérables
Jusqu'au 2 janvier 2025
Mardi au vendredi 19h30 - Samedi 15h et 20h - Dimanche 15h
Livret d'après le roman de Victor Hugo : Alain Boublil
Musique : Claude-Michel Schönberg
Mise en scène : Ladislas Chollas
Distribution
Jean Valjean : Benoît Rameau
Javert : Sébastien Duchange
Fantine : Claire Pérot
Monsieur Thénardier : David Alexis
Madame Thénardier : Christine Bonnard
Cosette : Juliette Artigala
Marius : Jacques Preiss
Éponine : Océane Demontis
Enjolras : Stanley Kassa
L'évêque de Digne : Maxime de Toledo
Gavroche : Paul Wandrille Charbonnel, Liam Jabnoune, Victor Bigot, Gaspard de Cerner
Cosette (enfant) : Maëlys O Neil, Louise Monteil, Bertille Grégoire, Iris Monzini
Éponine (enfant) : Émilie de Froissard, Suzanne Bafaro, Roxane Carbonnier, Penny Padilla
Les rôles de Gavroche, de Cosette (enfant) et d'Éponine (enfant) sont interprétés par les membres de la maîtrise des Hauts-de-Seine (direction musicale : Gaël Darchen)
Ensemble : Basile Alaïmalaïs, Mickaël Alkemia, Grégory Benchenafi, Cédric Chupin, Ronan Debois, Joseph De Cange, Vincent Gilliéron, Bastien Jacquemart, Alexandre Jérôme, Yoann Launay, Ryan Malcolm, Arnaud Masclet, Henri Pauliat, Harold Simon, Juliette Behar, Ludmilla Bouakkaz, Ambre Brisset, Mathilde de Carné, Clara Enquin, Myriana Hatchi, Louise Leterme, Camille Mesnard, Barbara Peroneille, Ariane Pirie
Swings : Lara Pegliasco, Charlotte Hervieux, Maude Le Fur-Camensuli, Louis Buisset et Bastien Monier
Direction musicale Alexandra Cravero, Charlotte Gauthier, (les 30/11 et les 3, 4, 5, 6, 7, 8, 25, 26, 27, 28 et 29/12)
Orchestre constitué par le Théâtre du Châtelet
Décors : Emmanuelle Roy
Costumes : Jean-Daniel Vuillermoz
Lumières : Alban Sauvé
Chorégraphie : Romain Rachline Borgeaud
Vidéo : CUTBACK
Sound designer : UNISSON DESIGN
Pianiste répétiteur : Arnaud Tibère-Inglesse
Collaborateur à la mise en scène : Eric Supply
Assistante décors (maquette) : Marie Hervé
Assistante costumes : Zoé Caillet
Coach de combat : Hugo Bariller
Coordinatrice d’intimité : Fanny Guiard-Norel
Production : Théâtre du Châtelet et SPJL Production – Stéphane Letellier-Rampon, en accord avec Cameron Mackintosh
En accord avec Music Theatre International, Drama Paris et Cameron Mackintosh Ltd.
Théâtre du Châtelet
1 place du Châtelet - Paris 1
Tél : 01 40 28 28 40
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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