Lundi Librairie : Il est juste que les forts soient frappés - Thibault Bérard

 

Sarah, rebelle à fleur de peau, et Théo le désinvolte, éternel optimiste, amateur de Capra et Fellini se rencontrent. Contre toute attente, ils tombent amoureux. Un petit Simon nait puis une petite Camille. Mais leur bonheur est bouleversé par l'intrusion de la maladie. Les médecins diagnostiquent un cancer à Sarah, à peine trentenaire. La douceur de leur amour, de leur couple se confronte à la terrible réalité de la maladie. Séjours à l'hôpital, traitements, douleur et faux espoirs, perte d'autonomie et rechute, Sarah et Théo se révèlent face à l'adversité. Ensemble, ils luttent jusqu'au bout et résistent malgré les vulnérabilités.

Dans ce premier roman, publié en 2020, Thibault Bérard associe des éléments autobiographiques à la fiction pour tisser ce récit d'un combat, dont il fait Sarah, double de sa compagne disparue, la narratrice. Le texte sensible, loin d'être mortifère, est porté par une énergie vitale. Style fluide, émotion vive, "Il est juste que les forts soient frappés" n'élude pas les moments les plus difficiles la maladie, hommage à la disparue. Sarah et Théo refusent de se cacher la face quant à l'issue inéluctable malgré le fol espoir toujours tenace. Ils trouvent le courage de surmonter les épreuves, d'affronter le doute permanent et la tragédie. Confrontés aux grandes interrogations existentielles, ils prennent le parti de la vie.

Le roman rédigé du point de vue de Sarah, personnage au tempérament bien trempé, aborde avec lucidité et justesse la question de la perte, du deuil. Le romancier évoque la révolte devant cette injustice d'une trentenaire condamnée en pleine force de l'âge, la colère contre le destin, l'âpreté du combat. Le couple affronte la maladie, marquée par de terribles étapes, lent déclin, mais refuse de céder au désespoir qui guette. Ils partagent, ils s'écoutent. Avec humour et force, Thibault Bérard évite l'écueil du pathos, des bons sentiments larmoyants ou de l'auto-apitoiement pour écrire une ode à l'amour, à la vie. Bouleversant adieu à la femme aimée.

Il est juste que les forts soient frappés - Thibault Bérard - Éditions de l'Observatoire - Poche J'ai Lu



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.