L'église Notre-Dame du Travail offre un contraste singulier entre sa façade d'inspiration romane en pierre de taille traditionnelle et à l'intérieur une remarquable charpente métallique apparente. Elle a été édifiée entre 1898 et 1901 sur les plans de l'architecte Jules Astruc (1862-1955) élève de Victor Laloux (1850-1937), promoteur des structures de métal qu'il dissimule derrière des façades de pierre à l'ordonnancement classique, auteur de la gare d'Orsay inaugurée en 1900, aujourd'hui reconvertie en musée. La structure de fer et d'acier, lourde de 1,35 tonnes, impose la modernité du style industriel, esthétique fonctionnelle constructiviste.
À l'initiative de sa construction, le père Soulange-Bodin (1861-1925), curé de la paroisse de Plaisance, souhaite créer un lieu de culte et de recueillement destinés aux ouvriers du quartier. Les chapelles aux décors d'inspiration Art Nouveau, prolifération de motifs végétaux, s'ornent d'oeuvres hommages à la condition ouvrière, aux métiers manuels, représentations des différentes corporations. L'église Notre-Dame du Travail fait l'objet d'une première protection par arrêté du 15 juillet 1976, l'intérieur est classé au titre des Monuments historiques, façades et toitures inscrites. Le classement de la totalité du bâtiment intervient par arrêté du 5 juillet 2016. L'église est devenue par la suite un centre de formation des prêtres de banlieue.
Le quartier de Plaisance, faubourg ouvrier établi entre les communes de Montrouge et Vaugirard, se développe à partir de 1840, avec l'implantation de la gare de l'Ouest, future gare Montparnasse. Il se densifie après l'annexion au territoire de la Ville de Paris en 1860, avec notamment les grands lotissements menés par Alexandre Chauvelot (1796-1861) promoteur immobilier et homme d'affaires.
Le père Soulange-Bodin (1861-1925) nommé vicaire en 1884 puis curé en 1896 de la paroisse de Plaisance, très attaché aux idées du mouvement ouvrier, s'investit dans des initiatives sociales, de charité, d'entraide. Il lance une souscription nationale pour financer la construction de l'église Notre-Dame du Travail destinée à cette population particulière.
L'architecte Jules Astruc, par souci d'économie, afin de diminuer les coûts de construction, réutilise des éléments prélevés sur l'ancien Palais de l'Industrie, vestige de l'Exposition Universelle de 1855, démoli à partir de 1896 pour laisser place au Petit Palais et au Grand Palais sites majeurs de l'Exposition Universelle de 1900. Les premiers plans de 1897 ne mentionnent pas de structure métallique. L'architecte réemploie à la fois les ossatures d'acier et la pierre de taille des façades. De fait, l'église Notre-Dame du Travail présente à l'extérieur une façade romane traditionnelle.
L'église reçoit l'une des cinq cloches prises de guerre, prélevées au lendemain du siège de Sébastopol (1854-1855), dont la chute marque le début de la défaite russe lors de la guerre de Crimée. Quatre cloches rejoignent Notre-Dame de Paris, la cinquième est attribuée à la paroisse de Plaisance par Napoléon III en 1861. Celle-ci est placée en 1901 sur un chevalet dans le jardin de la nouvelle église Notre-Dame du Travail. Il faut attendre 1976 pour que la cloche soit suspendue dans un espace aménagé au sommet de la tourelle à droite de l'entrée.
Les oeuvres présentes au sein de l'église Notre-Dame du Travail témoignent du renouveau de l'Art Sacré au début du XXème. Pièce majeure, la statue Notre-Dame du Travail, oeuvre de Joseph Lefèvre (1845-1905) réalisée en 1898, siège dans la chapelle de la Vierge dans un entourage peint de Félix Villé. Autre oeuvre notable, la Piéta de Georges Serray (1883-1964) s se trouve à l'entrée de l'église.
L'orgue de la manufacture Haerpfer date de 1991. Le Chemin de Croix de l'artiste Christine Audin, commandé en 1991, livré en 1994 comporte quatorze panneaux de bois sculptés en bas-relief.
La Ville de Paris mène une restauration d'envergure en 2002. À cette occasion quatre tableaux rejoignent les chapelles, représentation des saints patrons du monde du travail, saint Luc patron des métiers d'art, saint François d'Assise patron des cultivateurs de l'écologie depuis 1979, saint Éloi patron des ouvriers qui se servent d'un marteau, métallurgie et orfèvrerie, saint Fiacre patron des maraîchers, des cochers et des chauffeurs de taxi.
Église Notre Dame du Travail
59 rue Vercingétorix / 36 rue Guilleminot - Paris 14
Horaires : Du lundi au vendredi 7h30-19h45 / samedi et dimanche 9h-19h30
Métro Pernety ligne 13
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Bibliographie
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages
Guide d’architecture Paris 1900-2008 - Eric Lapierre - Pavillon de l’Arsenal
Le guide du promeneur 14è arrondissement - Michel Dansel - Parigramme
Paris secret et insolite - Rodolphe Trouilleux - Parigramme
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