Ailleurs : Hôtel de Ville de Genève, histoire d'un bâtiment patrimonial remarquable - Suisse

 


L'Hôtel de Ville de Genève abrite les autorités politiques de la République et du Canton de Genève. Il accueille le Conseil d'État, le Gouvernement genevois et le Parlement, les Grand Conseil et ses cent députés ainsi que de nombreux services administratifs parmi lesquels la Chancellerie d'État et le secrétariat général du Grand Conseil. Le bâtiment édifié entre le XVème et le XVIIIème siècle constitue un patrimoine historique et culturel. À la suite de campagnes de transformations successives aux XVIème et XVIIème siècles puis aux XVIIIème et XIXème siècles, il demeure peu de vestiges des bâtiments originels du XVème siècle. La cour intérieure ouverte au public est accessible toute l'année. La rampe monumentale pavée, édifiée entre 1556 et 1584, qui donne accès aux étages supérieurs à pied et à cheval, se distingue comme l'élément architectural le plus original du bâtiment. En revanche, les salles historiques remarquables, salle du Grand Conseil, salle du Conseil d'État, salle de l'Alabama, salon bleu et salon jaune, aujourd'hui encore siège des institutions cantonales en activité, font l'objet de restrictions. Elles se découvrent via les visites virtuelles sur le site de l'Hôtel de Ville ou les visites ponctuelles avec un guide sur réservation permettent de découvrir. La première Convention de Genève en 1864, qui donne naissance à la Croix Rouge internationale se tient dans la salle de l'Alabama. 








En 1285, les Comtes de Savoie autorisent la création d'une autorité politique pour gouverner le Canton de Genève. Les évêques de Genève entérinent cette franchise en 1387. Le conseil cantonal siège tout d'abord dans le cloître de la cathédrale. Une maison de ville voit le jour entre 1405 et 1460. La commune acquiert une parcelle construite et rase les anciennes maisons afin d'y édifier un édifice susceptible d'accueillir la nouvelle administration. Dès 1409, une aile Sud aux usages multiples, salle publique, banquets, logements des hôtes de marque, est édifiée. Le corps principal est surélevé d'un étage sous la direction du maçon et briquetier Pierre Mascrot en 1455. La première salle des conseils, aux dimensions relativement modestes, y est aménagée.

En 1460, le conseil vote l'agrandissement des locaux, incorporation du corps de logis voisin de la récente Tour Baudet. Entre 1473 et 1474, l'exécution des plans conduit à la reconstruction partielle des bâtiments préexistants. "La salle des Pas Perdus" aménagée à cette occasion, accueille désormais le Conseil ordinaire et le Conseil des Cinquante. Le bâtiment est étendu jusqu'au mur d'enceinte. La façade sur rue du futur l'Hôtel de Ville prend de l'envergure. 

En 1488 la salle du Conseil d'État déménage au deuxième étage de la Tour Baudet, remplaçant progressivement la salle des Pas Perdus. Il s'y tient désormais le Petit Conseil, suivi, à partir de 1530, de l'ensemble des Conseils. Le peintre genevois Jacques Boulard réalise un décor peint entre 1502 et 1503, complété en 1572. Ce décor dissimulé sous des boiseries au XVIIIème siècle a été redécouvert et valorisé en 1901.

La Réforme adoptée en 1536 fait de Genève le centre du calvinisme. Au XVIème siècle, l'Hôtel de Ville, lieu de pouvoir, revêt une importance symbolique. Les archives conservées jusque-là au sein de la cathédrale sont transférées dans les caves voûtées aménagées de la Tour Baudet. Une chapelle privée est édifiée au coeur de l'Hôtel de Ville à cette époque. Dès 1505, s'y tiennent les célébrations de la messe précédant chaque conseil. En 1534, à la suite de la rupture avec le prince-évêque, Genève devient une République émancipée sur les plans politique et religieux. 










Les édiles genevois envisagent d'aménager la Tour de la Rampe au coeur de l'Hôtel de Ville dès 1553. Elle ne sera achevée qu'entre 1578 et 1584. L'architecte Pierre Desfosses imagine un plan carré, un corps de bâtiment rectangulaire, dont les volumes massifs sont traversés par une rampe sans palier intermédiaire aux angles afin de permettre de la gravir à cheval si besoin. Le maître-maçon Nicolas Bogueret reprend le chantier de la tour de la rampe en 1577 qui aboutit vers 1584.

En 1612, les bâtiments victimes d'inondations, démontrent une certaine vétusté notamment les toitures dont les fuites endommagent certains espaces et façades. La reconstruction de celle sur rue, sur la partie occidentale du bâtiment le long de l'actuelle rue de l'Hôtel de Ville, débute en 1617 sous la houlette de Faule Petitot et Nicolas Bogueret. Le projet envisage la création d'un ensemble de façades homogènes, deux étages sur rez-de-chaussée et un attique. Le portique monumental à colonnes cannelées et fronton, entrée principale actuelle, est construit à cette occasion. Les fondations des nouvelles façades sont achevées fin 1618. Début 1620, débute la construction des galeries superposées de l'aile Ouest. Les six dernières clefs de voute ne sont achevées qu'en 1706. 

Au début XVIIIème siècle, sous la conduite de l'architecte Jean Vennes et du maçon-architecte Moïse Ducommun, l'Hôtel de Ville de Genève prend l'allure d'un hôtel à la française, entre cour et jardin. Espaces développés et les extensions successives, le bâtiment atteint alors ses dimensions actuelles. Une salle suffisamment vaste pour accueillir le Conseil des Deux-Cents est aménagée dans l'aile Sud. L'aile Nord achevée. L'acquisition d'une maison voisine, rasée, libère une parcelle sur laquelle un nouveau corps de logis est établi, l'aile Est. Entre 1829 et 1832, la surélévation des façades donne son aspect définitif à l'Hôtel de Ville de Genève.

Hôtel de Ville de Genève 
Rue de l'Hôtel-de-Ville 2, 1204 Genève - Suisse
Horaires : Du lundi au vendredi de 8h30 à 12h30 et de 14h à 17h30



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.