Ailleurs : Restauration de l'église Saint Georges de Sélestat, un chantier d'envergure qui devrait s'achever en 2026

 

L'église Saint Georges de Sélestat en Alsace, fait l'objet d'une restauration d'envergure depuis janvier 2022 et qui devrait s'achever en 2026. Édifiée entre le XIIIème et le XVème siècle, elle associe les styles roman, gothique et classique, variété qui témoigne des étapes successives de sa conception. Classé par liste aux Monuments historiques depuis 1848, ancienne bibliothèque paroissiale où étaient conservés les trésors de l'actuelle Bibliothèque humaniste, le lieu de culte a connu un destin mouvementé marqué par les réinventions.








À l'emplacement de l'actuelle église Saint Georges, est édifiée, au VIIIème siècle, une chapelle baptismale que visite Charlemagne en 775. Frédéric II de Hohenstaufen empereur du Saint Empire Romain Germanique élève la ville de Sélestat au rang de ville impériale en 1217. À cette occasion le prieuré bénédictin de Sainte Foy perd en privilèges au profit des bourgeois sélestadiens. En 1220, ces derniers désireux d'asseoir cette situation et de s'émanciper de l'influence des moines initient la réalisation d'une nouvelle église sur le site de l'ancienne chapelle carolingienne. Le prestige devrait éclipser sa prédécesseur, l'église Sainte Foy qui se trouve dans le voisinage direct. 

Au XVème siècle, Sélestat connaît une période faste qui permet de financer des agrandissements de l'église Saint Georges. Le choeur d'origine est transformé pour faire place à un sanctuaire plus important. Les verrières sont livrées en 1452. Cinquante-cinq panneaux nous sont parvenus aujourd'hui. Le nouveau choeur surélevé afin d'éviter la division du cimetière entourant l'édifice. Le chantier nécessite la création d'un passage voûté réalisé par maître Mathis, ouvert sur trois côtés, nord, sud, est. Il sera clos au XIXème siècle par des remplages de pierre et transformé en crypte.

Entre 1847 et 1865, l'architecte de l'arrondissement de Sélestat Antoine Ringeisen (1811-1889) dirige une restauration d'envergure. L'église est endommagée lors de la Seconde Guerre Mondiale au cours des bombardements de l'automne-hiver 1945. De 1949 à 1956, elle est partiellement reconstruite. 








Dans les années 2010, une inspection au sujet de l'état de l'édifice livre un diagnostic inquiétant à propos de nombreux éléments. Une nouvelle restauration est envisagée, projet d'une grande complexité. L'État, le Région Grand Est et le CeA, Collectivité européenne d'Alsace financent le budget global estimé à 8,6 millions d'euros. L'échéancier établi sur cinq ans comporte quatre phases successives. Archéologues, chercheurs, ingénieurs et artisans collaborent durant deux années pour établir une chronologie d'action et déterminer les éléments à sauver, ceux à remplacer, notamment les façades et les sculptures endommagées par les intempéries. La réflexion porte notamment sur les tenants et les aboutissants de la restauration d'un tel patrimoine au XXIème siècle. Le chantier débute en janvier 2022.

La première étape du chantier se concentre sur la préservation de la tour du massif occidental et la flèche. L'intervention sur les façades doit mettre un terme au danger représenté par la chute de pierres, d'éléments décoratifs depuis le clocher. L'échafaudage de soixante-dix mètres de haut nécessite trois mois de montage à lui-seul. Les travaux ne débutent dans les faits que le 11 avril 2022. Les cloches déposées au tout début de l'aventure font également objet d'un soin particulier. Aujourd'hui, la restauration du beffroi, entièrement démonté, entre dans sa dernière phase. 








Les travaux sur la structure de bois de la tour occidentale, à laquelle sont d'habitude accrochées les cloches, ont été confiés aux charpentiers de l'entreprise rémoise Art et Technique du bois. Le seul remontage de cette ossature a débuté par six jours de levage afin de transporter toutes les pièces dans les étages de l'échafaudage par un système d'étaiement et de poulies. Hisser les poutres dans les hauteurs a été rendu possible grâce à une grue. Afin de préserver la tour des intempéries, des abat-sons de bois d'acacia et de plomb ont été installés sur les quatre faces.

Le chantier réunit de nombreux corps de métiers, maçons, tailleurs de pierre, charpentiers, menuisiers, couvreurs spécialistes des tuiles et des ouvrages métalliques. Les toitures de l'église comportent trente modèles de tuiles différents qu'il a fallu réinventer, réalisés par une entreprise artisanale de Niederviller en Moselle. Les travaux incluent une vaste opération de traitement de la pierre, granit et grès des Vosges, la restauration minutieuse du décor sculpté, du cadran solaire, des ferronneries, et également des vitraux ainsi que les mises aux normes du chauffage, des dispositifs de sécurité et la création d'une colonne sèche pour les sapeurs-pompiers.

Église Saint-Georges 
Place Saint-Georges - 67600 Sélestat



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.