Paris : Hôpital Saint Louis, plus ancien hôpital de la Capitale édifié à l'initiative du roi Henri IV entre 1607 et 1612 - Xème

 


L'Hôpital Saint Louis est le plus ancien établissement hospitalier de Paris. Le quadrilatère historique, édifié entre 1607 et 1612, sous l'impulsion du roi Henri IV (1553-1610), témoigne de l'architecture de l'époque, briques à chaînage de pierre, ailes scandées par des pavillons trapus. Cette esthétique particulière lui a valu le surnom de Petite Place des Vosges. L'Hôpital Saint Louis a été baptisé en l'honneur de Louis IX (1214-1270). Les historiens ont longtemps cru que le souverain était mort de la peste à Carthage mais des analyses adn menées en 2015 et 2019 ont permis de déterminer qu'il était décédé du scorbut associé à une maladie parasitaire. À l'origine, l'hospice est conçu comme une annexe de l'Hôtel Dieu, une succursale construite hors de l'enceinte défensive de Paris pour accueillir les malades de la peste. Le terrain choisi, difficile d'accès, dans le voisinage direct du sinistre gibet de Montfaucon où se déroulaient les exécutions capitales, a pour vocation de renforcer l'isolement. Ce principe de quarantaine a longtemps été la seule méthode connue pour endiguer les épidémies. Durant près de deux siècles, la Maison de santé a été dédiée aux soins des maladies infectieuses et la limitation de leur diffusion. De nos jours, les anciens bâtiments classés aux Monuments historiques sont réservés aux services administratifs tandis que les services hospitaliers de dermatologie, hématologie et oncologie ont été redéployés dans les nouvelles structures édifiées à la fin des années 1980.








Au XVIème et au XVIIème siècle, Paris fait face à une série d'épidémie de peste en 1562, 1596 et 1606. Devant l'afflux des malades, l'Hôtel Dieu est dépassé. Un édit royal du 17 mai 1607 ordonne la création d'un nouvel établissement, une "Maison de santé" pour pallier à l'engorgement de l'hospice parisien. Le nouvel hôpital voit le jour en dehors des murs de la ville, au milieu des champs au-delà de la porte du Temple sur un terrain en hauteur à proximité du gibet de Montfaucon.

Le quadrilatère historique est conçu sur les plans de l'architecte Claude Chastillon (1559-1616). Claude Vellefaux (?-vers 1629), intervenu sur certains bâtiments de l'Hôtel Dieu, maître maçon en 1585, juré du roi es-œuvres de maçonnerie et voyer de monsieur le prince de Conti en 1611, grand voyer de Saint-Germain-des-Prés, juré maçon contrôleur des bâtiments de l'Hôtel-Dieu en 1625, mène le chantier avec l'entrepreneur Antoine Le Mercier.
 
L'ensemble hospitalier se trouve enserré dans une double enceinte censée protéger de la contagion. Au coeur du dispositif, la cour carrée de cent-vingt mètres de côté frappe par sa ressemblance avec la place des Vosges, ses façades en brique et pierre de taille, son jardin à usage de promenade. Sa disposition évoque celle des cloîtres. Les quatre angles sont marqués par des pavillons où se trouvent des oratoires à destination des malades. À l'étage, se trouvent quatre grandes salles, d'une capacité de deux-cents patients chacune, deux destinées aux hommes, salles Saint-Louis et Saint-Jean, deux aux femmes, salles Sainte-Marthe et Saint-Augustin. Le chemin circulatoire sous les voûtes rappelle le chemin de ronde des hommes en arme qui veillaient aux éventuelles fugues. En annexe, les quatre bâtiments en équerre hébergeaient le personnel soignant, religieuses et médecins. La chapelle de l'Hôpital Saint Louis, à l'ouest, avait été ouverte pour les paroissiens du faubourg








De 1616 à 1767, l'Hôpital Saint Louis ne demeure en activité que par intermittence en fonction des besoins et des événements sanitaires. De 1616 à 1636, plusieurs vagues d'épidémies se succèdent et l'hospice ne ferme pas ses portes. De 1636 à 1658, il connait un période de répits pour rouvrir durant la Fronde en 1659, puis de 1670 à 1671 à l'occasion d'une épidémie dite de scorbut, puis de 1709 à 1710 et enfin de 1729 à 1730. Les bâtiments sont par la suite affectés à diverses fonctions, grenier à grains de 1731 à 1740, lieu d'enfermement des mendiants et des vagabonds en 1749.

De 1754 à 1761, l'Hôpital Saint Louis sert d'annexe à l'Hôtel Dieu. Ce dernier est dévasté par un incendie en 1772. Les patients sont transférés vers l'Hôpital Saint Louis, dont l'activité devient pérenne et continue à partir de 1773. L'institution accueille jusqu'à trois-mille-six-cents malades et se spécialise dans les maladies chroniques, teigne, gale, scrofule. À la Révolution, l'Hôpital Saint Louis devient l'Hospice du Nord. Dès 1801, son activité principale est recentrée autour des maladies de peau. L'Hôpital Saint Louis, à la pointe de la modernité, s'équipe d'une usine à gaz afin d'assurer l'éclairage de ses installations. Les premiers essais sont menés à l'occasion de la messe de minuit en 1818. 








Au XIXème, les médecins de l'Hôpital Saint Louis participent du développement de la science dermatologique. Le professeur Jean-Louis Alibert (1768-1837), y exerce à partir 1802. Enseignant à la Faculté de Médecine de Paris, médecin en chef de l’hôpital Saint-Louis, membre de l’Académie de Médecine et premier médecin ordinaire des rois Louis XVIII et Charles X, il est considéré comme le fondateur de l'École française de dermatologie. Un établissement de bains hors de l'enceinte hospitalière, proposant bains de vapeur et fumigation, ouvre en 1816. Des installations balnéaires au sein de l'hôpital, destinées au traitement des maladies de peau, complètent le dispositif à partir de 1862. 

À partir de 1867, Jean Baretta (1833-1923), artiste mouleur sur cire, réalise 2500 moulages sur nature destiné à l'enseignement. Les collections sont classées par pathologies. Sous l'impulsion du Dr Charles Lailler (1822-1893) qui fonde en 1886, l’École des enfants teigneux, devenue école Lailler en 1894, est créé le Musée de la dermatologie en 1874. Baretta devient le conservateur des collections en 1884. Le Musée est inauguré officiellement en 1889 à l'occasion de la fondation de la Société française de dermatologie. La collection de moulages compte aujourd’hui 4952 pièces.








Au XXème, le champ des spécialités est élargi à la chirurgie et l'hématologie, à partir des années 1950 sous l'influence du professeur Jean Bernard, puis la cancérologie. En 1974, la nécessité de construire de nouveaux bâtiments destinés aux soins hospitaliers se concrétise. Un nouvel hôpital moderne voit le jour sur les plans des architectes D. Badani et P. Roux-Dorlut. Il est conçu en deux étapes, la première phase achevée en 1984, la seconde en 1989. L'ensemble immobilier d'envergure assure une double mission, hospitalière et universitaire. Il comporte six blocs d'hospitalisation et des installations de pointe. Les anciens bâtiments, classés aux monuments historiques, sont réservés aux services administratifs. La protection patrimoniale concerne le pavillon Gabrielle, le pavillon nord en équerre dit pavillon Bazin,la pharmacie et la cuisine actuelle, les bâtiments entourant la cour centrale, les deux pavillons du jardinier, le pavillon Henri IV et les trois galeries attenantes, les trois pavillons en équerre soit le pavillon Lugol, le pavillon Direction et le pavillon oto-rhino avec galerie attenante, le pavillon d'entrée, la chapelle, le bâtiment du musée de dermatologie, le puits de l'hôpital et le réservoir, dépendant des eaux de Belleville. En 2012, un nouveau bâtiment imaginé par l'architecte Jean-Paul Philippon accueille le Centre de traitement des grands brûlés 

Hôpital Saint Louis
1 avenue Claude-Vellefaux - Paris 10
Métro Goncourt ligne 2



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.