Paris : Chapelle de l'Hôpital Saint Louis, modeste lieu de culte du début du XVIIème siècle - Xème

 

La chapelle de l'hôpital Saint Louis édifiée entre 1607 et 1609, propriété du Groupe Hospitalier Universitaire Saint-Louis, Lariboisière, Fernand-Widal, se fait discrète au coeur de l'ensemble patrimonial. Inspirée de la Renaissance italienne, la façade classique surmontée d'un fronton triangulaire dispose de deux niches latérales. Les statues originelles détruites à la Révolution ont été remplacée au XIXème siècle par un saint Louis et un saint Roch. Le portail, restauré en 2019, confère à la chapelle une apparence avenante contredite par l'intérieur dans un état de délabrement avancé. À défaut de financement des travaux nécessaires, des filets de protection cache-misère ont été mis en place pour éviter les chutes d'éléments variés. Conçue sur un plan en croix latine, la chapelle s'inscrit dans une nef unique à quatre travées qui s'achève en abside semi-circulaire. Malgré les dégradations, la chapelle de l'hôpital Saint Louis conserve quelques éléments remarquables, deux autels en bois doré du XVIIIème siècle, un maître autel de style troubadour installé en 1811, un tableau de Charles de la Fosse (1636-1716), "Jésus au milieu des enfants" et un baptistère en bronze du sculpteur et maître de forge Jean-Jacques Ducel (1801-1877).







En 1602 à la suite d'une série d'épidémies de peste, Henri IV envisage la construction d'un nouvel hospice afin de désengorger l'Hôtel Dieu. Un édit du 19 ami 1607 entérine le projet entériné. L'Hôpital Saint Louis devient une annexe, utilisée de façon intermittente lors des épidémies afin de mettre en quarantaine les cas contact et d'isoler les malades contagieux L'enclave constituée de trois enclos successifs fonctionne en autonomie grâce à ses terres cultivées vergers, potagers, jardin médicinal qui fournit les plantes officinales nécessaires. 

La chapelle, érigée hors de l'enceinte de l'hospice, est destinée aux paroissiens des campagnes environnantes, population de maraîchers et de paysans, ainsi qu'au personnel soignant, médecins et religieuses. Les patients disposent de leurs propres oratoires au sein de l'hôpital. Cette vocation particulière explique la disposition inhabituelle de la chapelle. En effet, le portail et l'entrée sont tournés vers le faubourg et non vers l'hôpital. À l'origine, seul le choeur se trouve inclus dans l'enceinte de l'établissement.  

Henri IV pose la première pierre le 13 juillet 1607, le gros-oeuvre est achevé l'année suivante. Le sculpteur Nicolas de Cambrey dont l'atelier se trouve rue Saint Martin réalise "trois images", sculptures polychromes de la Vierge, de saint Louis et de saint Jean. La chapelle ouvre au public le 25 août 1609. Un chapelain chargé des offices et du registre d'état civil est nommé en mai 1610. La première messe, service funèbre pour le repos de l'âme du roi Henri IV, assassiné par Ravaillac le 14 mai 1610, est célébrée le 14 juillet 1610. En 1671, le campanile achevé, la chapelle est dotée de deux cloches dont l'une est remplacée en juillet 1721, par "Marie-Antoinette". 








Au cours de la Révolution, le lieu de culte subit des dommages importants. Vitraux et éléments décoratifs sont vandalisés, les statues en façade brisées. Les fleurs de lys sculptées et autres symboles de la royauté sont martelés les cloches fondues. Pourtant la tribune en pierre au revers de la façade a conservé les initiales d'Henri IV et Marie de Médicis. 

La chapelle rendue au culte au début du XIXème siècle, une nouvelle cloche "Jeanne Louise" est bénie le 7 février 1811 Jeanne-Louise tandis qu'un maître-autel d'inspiration néo-renaissance rejoint le choeur. En 1819, une usine à gaz est construite dans l'enceinte de l'hôpital. Le 25 décembre 1819, à l'occasion de la messe de minuit, se déroule au sein de la chapelle le premier essai d'éclairage de ville dans un lieu public. Une seconde cloche, "Caroline-Marie", est bénie en 1842. 

L'impératrice Eugénie offre, en 1860, une chaire de l'ancienne mission Saint Vincent de Paul. En 1902, quatre tableaux de l'ancien Hospice des Enfants Trouvés sont placés dans la chapelle parmi lesquels "Jésus au milieu des enfants" de Charles de la Fosse. La chapelle est inscrite à l'inventaire des Monuments historiques en 1927. 







Depuis 1989, l'Association des amis de la chapelle Saint Louis oeuvre à la préservation de l'édifice malmené par le temps et tente de réunir les fonds nécessaires pour contrer les dégradations. En 1993, elle obtient le classement de la chapelle au titre des Monuments historiques. À cette occasion, le tableau de Charles de La Fosse "Jésus au Milieu des Enfants" ainsi que la copie d'une oeuvre de Le Brun "Christ desservi par les anges" sont restaurés.

Une cloche originelle, redécouverte dans les combles, est bénie le 14 mai 2006, sous le nom de "Victoire". En 2013, le parvis de la chapelle est rénové. Les autels en bois doré du XVIIIème siècle font l'objet d'une restauration en 2015. Le soutien de la Direction des affaires culturels permet une intervention d'envergure en 2019 sur le portail et le vestibule d'entrée qui à leur tour sont restaurés 

Chapelle de l'hôpital Saint Louis
Hôpital Saint Louis
1 avenue Claude-Vellefaux - Paris 10
Métro Goncourt ligne 2



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.