Crédit Françoise Rappeneau |
En 1923, Sigmund Freud en visite à Rome, a laissé des instructions précises à la réception de l'hôtel où il est descendu. Ne pas être dérangé avant onze heures ou midi. Pourtant, Marie, une jeune femme de chambre entre dans la pièce et le réveille. Elle est loin d'être impressionnée par cet illustre hôte, elle connait Monsieur Freud. Elle se souvient qu'elle l'a rencontré lorsqu'elle avait dix ans. Elle le prend pour un hypnotiseur de fête foraine. Un premier quiproquo. Si le neurologue viennois est tout d'abord agacé de voir son précieux sommeil interrompu, il est rapidement gagné par la curiosité. Il invite Marie qui a eu une existence difficile à se confier. Elle surmonte les épreuves grâce à sa foi. Bientôt les rôles s'inversent, et Freud, figure plus humaine qu'il n'y paraissait, se laisse aller à la confidence. S'engage un face-à-face alerte, une conversation existentielle, échange sur l'inconscient, Dieu, la vie, la mort.
Première pièce de l'argentin Leonardo De La Fuente, dans une mise en scène d'Alain Sachs "Freud et la femme de chambre" aborde par le biais de la fiction une facette très humaine du neurologue autrichien, fondateur de la psychanalyse moderne dont il est le principal théoricien, Sigmund Freud (1856-1939). Présenté sous les traits d'un homme vieillissant, éprouvé par l'existence, le médecin porte en lui une mélancolie prégnante parfois jusqu'au pathétique poignant. Aujourd'hui controversé, ses travaux scientifiques sont désormais remis en question.
Cette comédie dramatique d'une grande fraîcheur emprunte l'argument fictionnel d'une rencontre improbable, pour évoquer les fondements du discours freudien. Dans cette oeuvre de vulgarisation étonnante, les échanges viennent souligner l'importance de la parole, tandis que se révèle peu à peu ce qui se joue ici. L'humour fait place à l'émotion, subtile oscillation.
Dans des décors opulents signés Catherine Bluwal, François Berléand et Nassima Benchicou, tandem attachant, portent cette pièce pleine de surprises et rebondissements inattendus. Nassima Benchicou, véritable révélation, campe une Marie délicieuse, solaire. Elle se refuse à prendre au sérieux ce monsieur Freud neurasthénique et très humain à qui François Berléand prête ses traits. Le comédien donne à voir la vulnérabilité du grand personnage, sa dimension sensible, ses failles.
Sous couvert de divertissement, les répliques fusent. Au fil des réflexions ces échanges à la vivacité souriante, à l'énergie communicative, rendent accessibles l'enseignement, les recherches sur l'inconscient et l'interprétation des rêves.
Freud et la femme de chambre
Soirées : Mardi (jusqu’au 2 avril inclus), mercredi, jeudi, vendredi et samedi à 21h
Matinée : Samedi à 16h30 (à partir du 13 avril inclus) - Dimanche à 15h30 (à 15h à partir du 14 avril inclus)
Jusqu'au 5 mai 2024
De Leonardo de la Fuente
Mise en scène Alain Sachs
Avec François Berléand, Nassima Benchicou
Collaboration artistique Corinne Jahier
Décor Catherine Bluwal
Costumes Jean-Daniel Vuillermoz
Lumières Laurent Béal assisté de Muriel Sachs
Musique Patrice Peyrieras
Théâtre Montparnasse
31 rue de la Gaîté - Paris 14
Tél : 01 43 22 77 74
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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