Paris : Les escaliers de la rue Fernand Raynaud et le jardin des Petites Rigoles, Ménilmontant champêtre - XXème

 


La rue Fernand Raynaud, double volée d'escaliers, embrasse le relief particulier de la colline de Belleville. Longue de vingt-neuf mètres, elle court de la rue de l'Ermitage à la rue des Cascades et dessert le jardin des Petites Rigoles ouvert en 2019. Un temps désignée comme la voie U/20, la ruelle escarpée rend hommage à l'humoriste auvergnat, Fernand Raynaud (1925-1973), depuis l'arrêté municipal du 31 janvier 1994. Ces marches épousant le fort dénivelé entretiennent la mémoire de l'ancien Ménilmontant. Les nombreux escaliers qui permettaient de sillonner la colline, à l'instar des rues de Montmartre, ont en grande partie disparu lors de la transformation de Belleville dans les années 1960-70. 









La parcelle entre la rue de l'Ermitage et la rue des Cascades est occupée par une usine en activité entre 1947 et 2005, les Établissements Kemmler, ateliers de décolletage. Les anciens bâtiments le long de la rue de l'Ermitage sont démolis en 2015 et la friche arborée le long de la rue des Cascades maintenue dans un état de développement naturel propice à la biodiversité. L'engagement des riverains et des associations de quartier, telles que Les Coteaux de Belleville, ont permis de préserver ce terrain de l'appétit des promoteurs immobiliers. Depuis 1992, la mobilisation a protégé cette curiosité champêtre. Actions sur le terrain et pétitions se sont traduites par un refus des permis de construire présentés en 1995, pour un logement social RIVP, 2001 une crèche par Bouygues, et 2004 projet mené par l'entreprise Récoval. 

Dans le même temps, les associations militent pour la création d'un jardin public et le dégagement du regard des Petites Rigoles, inscrit aux Monuments historiques dès 1919. Enfoui au XXème siècle sous une dalle en béton, sur laquelle se trouvaient atelier et remise de l'usine Kemmler, cet ouvrage appartient au réseau des Eaux de Belleville, aqueduc édifié entre le XIIIème et le XVIIIème siècle, alimenté par les eaux de ruissellement. Les associations de riverains obtiennent que la partie basse boisée - trame verte de quarante-neuf arbres et de nombreux arbustes - soit classée Espace vert protégé au plan local d'urbanisme en 2006.

L'achat du terrain par la Mairie est voté au Conseil de Paris en 2011 mais n'intervient dans les faits qu'en 2013. L'élaboration du projet de jardin public prend un certain temps. À l'été 2013, l'usine est démolie. Les derniers ateliers en 2015. Le chantier d'aménagement du jardin est complété par un terrassement. Celui-ci vise à déterrer le regard qui réapparaît en 2018. Sur la parcelle boisée, certains arbres en mauvais état sont abattus. 








Le jardin des Petites Rigoles, vaste de 830m2, est ouvert au public en 2019. Développé sur trois niveaux, il traduit la volonté de créer un jardin de quartier, espace familial convivial tout en valorisant le patrimoine historique du Regard des Petites Rigoles. Trois bancs de pierre circulaires et trois mascarons placés sur le mur de soutènement, anciens éléments qui se trouvaient sur le Pont Neuf avant restauration, agrémentent l'espace dédié à l'aire de jeux sablée.

Le regard des Petites Rigoles est l'un des quarante ouvrages originaux - il n'en reste que dix-sept aujourd'hui - qui donnaient accès aux infrastructures du réseau des Eaux de Belleville. Il se cache sur la terrasse intermédiaire inaccessible et envahie de végétation. 

L'ancienne friche, également inaccessible, forme le dernier niveau, le long la rue des Cascades. La végétation, les arbres érables et charmes, s'y développent naturellement, parti pris afin de créer une réserve de biodiversité. Sur le mur de soutènement, rue des Cascades, la fontaine des Mussardes, dispense une eau non-potable via un mascaron alimenté par le regard des Petites Rigoles.

Rue Fernand Raynaud et Jardin des Petites Rigoles
47 rue de l'Ermitage / 42 rue des Cascades - Paris 20
Métro Jourdain ligne 11




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie 
Le guide du promeneur 20è arrondissement - Anne-Marie Dubois - Parigramme
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages