Expo : Retour d'Asie. Henri Cernuschi, un collectionneur au temps du japonisme - Musée Cernuschi - Jusqu'au 4 février 2024

 


À l'occasion des cent-cinquante ans du retour d'Asie de son fondateur, le musée Cernuschi rend hommage à l'esthète, un regard, une intuition et à sa passion dévorante. L'exposition éclaire la contribution d'Henri Cernuschi (1821-1896) à la reconnaissance des arts asiatiques en Europe et la diffusion du japonisme. L'exposition "Retour d'Asie. Henri Cernuschi, un collectionneur au temps du japonisme", orchestrée par les co-commissaires Éric Lefebvre, directeur du musée Cernuschi et Manuela Moscatiello, responsable des collections japonaises du musée Cernuschi, retrace les origines de l'institution et de ses collections.

Homme d'affaire italien, républicain exilé en France, bientôt naturalisé, proche d'Émile Zola, de Léon Gambetta, Cernuschi est un personnage rocambolesque. À l'âge de cinquante ans, il entreprend un vaste périple en compagnie du critique d'art Théodore Duret (1838-1927). D'octobre 1871 à janvier 1873, les deux hommes parcourent l'Asie, Japon, Chine, Indonésie, Inde, java, Sri Lanka. Lors de ce voyage au long cours, Henri Cernuschi se découvre une âme de collectionneur. Il réunit près de cinq-mille pièces, témoignage de la virtuosité des artistes et artisans. Bronzes, céramiques, bois laqués, bois sculptés, peintures, estampes, livres illustrés constituent une collection à vocation encyclopédique, représentative de la diversité esthétique, plastique et techniques des arts asiatiques. Cet ensemble de référence participe de la diffusion en Europe de ce nouveau courant esthétique inspiré des arts d'Extrême Orient. Henri Cernuschi consent de nombreux prêts à l'occasion d'expositions puis au legs de son hôtel particulier et de ses fonds à la Ville de Paris afin de créer un musée à son nom. 








Dans les pas d'Henri Cernuschi, la scénographie de l'exposition emprunte l'itinéraire d'un voyage en Asie, l'éveil du collectionneur et la vision d'un mécène. En 1871, Henri Cernuschi s'embarque pour le Japon aux côtés de son ami Théodore Duret. Ils visitent Yokohama puis Tokyo et Kyoto. Le pays en pleine famine, les monastères sont contraints de vendre les objets du culte. Cernuschi fréquente les marchés, les antiquaires, les boutiques où il se prend d'un intérêt prononcé pour les bronzes. 

Lors de son passage à Tokyo, sa générosité le distingue. Une réputation déjà. Un marchand d'art lui propose d'acquérir pour la somme importante de cinq-cents pièces d'or une statue abandonnée parmi les ruines, le Bouddha Amida monumental, seul vestige du Banryūji, un temple du quartier de Meguro à Tokyo, dévasté par un incendie des décennies auparavant. Démontée puis réassemblée à Paris par des artisans du métal français, cette oeuvre, exceptionnelle par ses dimensions spectaculaires et sa beauté plastique, deviendra l'une des pièces emblématiques du musée Cernuschi. Le collectionneur manifeste une admiration sans bornes pour les bronzes chinois qu'il découvre lors des étapes suivantes de son voyage.








De retour à Paris en 1873, Henri Cernuschi, désireux de partager ses acquisitions et de les valoriser, prête volontiers les artefacts réunis lors de son voyage. Mille-cinq-cents pièces sont présentées lors de l'exposition organisée à l'occasion du Congrès international des Orientalistes au Palais de l'Industrie en 1873. Elles suscitent l'enthousiasme et alimentent l'intérêt pour une production jusque-là méconnue du public occidental. La variété, la beauté de ces pièces inspirent l'émergence d'un courant esthétique inédit, le japonisme. 

Les collections d'Henri Cernuschi fascinent toute une génération d'artistes, influence considérable illustrée par des juxtapositions passionnantes d'oeuvres asiatiques et d'artefacts inspirés. Émile Reiber (1826-1893), directeur des ateliers de conception chez Christofle s'intéresse aux productions japonaises et particulièrement aux techniques mixtes de métal et de cloisonné. Gustave Moreau (1826-1898), François Pompon (1855-1933) empruntent le répertoire de formes, puisent dans les motifs.








Henri Cernuschi fait appel à l'architecte William Bouwens van de Boijen (1834-1907) afin d'édifier un hôtel particulier aux abords du parc Monceau. Conçu afin de devenir l'un des premiers musées européens dédié aux arts asiatiques, le bâtiment est légué à la Ville de Paris ainsi que les collections en 1896. L'institution ouvre au public en 1898. 

Retour d'Asie. Henri Cernuschi, un collectionneur au temps du japonisme
Jusqu'au 4 février 2024

7 avenue Velasquez - Paris 8
Tél : 01 53 96 21 50
Horaires : du mardi au dimanche de 10h à 18h, fermé le lundi et les jours fériés



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.