Paris : Jardin Saint Lazare, cloître méditerranéen de la Médiathèque Françoise Sagan - Xème

 

Le Jardin Saint Lazare, espace vert de la Médiathèque François Sagan, a été conçu dans l'esprit des cloîtres méditerranéens. Il déploie ses charmes luxuriants dans la cour classée de l'ancienne infirmerie spéciale de la prison Saint Lazare, bâtiment édifié au XIXème siècle sur les plans de Louis-Pierre Baltard (1764-1846), père de Victor Baltard. À l'occasion de la restructuration de l'enclos Saint Lazare menée par la Ville de Paris, les édifices de la prison devenu hôpital Saint Lazare dans les années 1950 avant désaffectation à la fin des années 1990 sont confiés aux architectes Stéphane Bigoni et Antoine Mortemard. Ils conçoivent la Médiathèque Françoise Sagan et répondent à une triple mission de réhabilitation, architecture, paysage et mobilier. Le chantier débute en mars 2012 pour s'achever en janvier 2015.

Stéphane Bigoni et Antoine Mortemard dessinent un espace vert intérieur, vaste de 1000m2, ancré dans l'histoire du lieu en écho au projet contemporain. Ils imaginent un jardin méditerranéen dont l'aspect luxuriant associe minéralité et végétation. La scénographie, structure géométrique, suit le cheminement des allées contemporaines parmi les plates-bandes palmiers, rocailles, massifs aux volumes variées. L'esthétique joue sur le contraste entre le blanc omniprésent de l'architecture, la lumière de la façade, et le vert des plantes rustiques résistantes. Espace public de convivialité, fréquenté par les habitants du quartier, pas forcément les lecteurs de la médiathèque, le jardin Saint Lazare invite à la méditation.









Léproserie au XIIème siècle, l'enclos Saint Lazare est investi en 1632 par les religieux de la Mission fondée par saint Vincent de Paul. La congrégation développe le domaine qui s'enrichit de nombreuses fermes et terres agricoles. À la Révolution, l'enclos est nationalisé, les religieux dispersés. Les terrains sont lotis et construits tout au long du XIXème siècle. Les anciens bâtiments conventuels et la maison de correction du XVIIème siècles deviennent une prison politique sous la Terreur, puis une prison pour femme en 1794.

À partir de 1802, dans une tentative d'endiguer l'épidémie de syphilis, les autorités obligent les prostituées à déclarer leur activité auprès de la Préfecture. La Brigade des moeurs contrôlent les travailleuses du sexe, fichées, contraintes à des contrôles sanitaires obligatoires. Les maisons closes sont légalisées. Les insoumises, non encartées ou s'affranchissant de la visite médicale, sont envoyées à Saint Lazare à la suite des rafles de rue organisées par la police. 

En 1820, vétuste, l'église Saint Lazare attenante à la prison est rasée. L'administration pénitentiaire fait appel à Louis-Pierre Baltard, afin de construire de nouveaux bâtiments, notamment une chapelle et une infirmerie spéciale, achevées en 1834, les seuls vestiges qui nous sont parvenus. La prison Saint Lazare s'organise en trois sections. La première est destinée aux détenues de droit commun, prévenues et condamnées. La deuxième réunit le lieu d'internement administratif et l'hôpital des prostituées, celles infectées par des maladies sexuellement transmissibles, ainsi que les insoumises. Et troisième section, la maison de correction pour les jeunes filles, détenues mineures, enfermées soit par application des articles 66 et 67 du code pénal, soit par voie de correction paternelle, un placement en institution à la demande des parents.





1912 Cour de l'infirmerie spéciale - Prison Saint Lazare - Bibliothèque nationale de France




La prison Saint Lazare, désaffectée, ferme en 1927. La plupart des bâtiments sont démolis entre 1935 et 1940. En 1931 l'architecte Gaston Lefol en charge de la restauration de la chapelle et de l'infirmerie aménage cette dernière en Maison de Santé Saint Lazare, destinée aux femmes. L'établissement hospitalier accueille notamment le service des femmes prostituées, où elles sont conduites pour examen médical à la suite des rafles de la police dans la rue. Le service ne fermera qu'en 1975. En 1955, la Préfecture confie une partie des lits à l'Assistance des Hôpitaux de Paris. Le 1er janvier 1961, la préfecture transfère l'entière administration de l'hôpital à l'APHP qui devient une annexe de l'hôpital Lariboisière. Elle ferme définitivement en 1998.

Sur le site de l'ancien enclos Saint Lazare, l'inscription au titre des Monuments historiques par arrêté du 28 novembre 2005 protège façade et toitures de l'infirmerie, les deux escaliers, le sol de la cour et la chapelle. La Ville de Paris initie un projet de réaménagement du site dès la fin des années 1990. La Direction du Patrimoine et de l'architecture de la Mairie de Paris, en collaboration avec la Direction des affaires culturelles, dirige la restructuration de l'ensemble. L'école maternelle dessinée par l'architecte Jean-Luc Hesters, est inaugurée en 2006. La crèche et le centre social conçus par l'atelier Canal de Patrick Rubin et Annie Le Bot, sont ouverts en 2009. Le gymnase Marie Paradis, oeuvre d'Yves Pages et Marie Ferrari en 2013. La médiathèque Françoise Sagan, projet de Stéphane Bigoni et Antoine Mortemard, est inaugurée le 16 mai 2015.

Jardin Saint Lazare
Médiathèque Françoise Sagan
8 rue Léon Schwartzenberg - Paris 10
Métro Gare de l'Est, lignes 4, 5, 7



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages 
Le guide du promeneur 10ème arrondissement - Ariane Duclert - Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette