Le Théâtre de la Renaissance, grande salle de spectacle de la Porte Saint Martin, se distingue par sa façade éclectique, caractéristique de l'esthétique fin XIXème siècle. Façade en pierre de taille et opulence ornementale. L'architecte Charles de Lalande (1833-1887), réputé pour ses théâtres à l'italienne, édifie la salle entre 1872 et 1873 sur un menu parvis, occupé par une bouche de métro, de l'ancienne station Saint-Martin désaffectée. Le programme décoratif sculpté, oeuvre d'Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887) souligne la cadence des trois étages rythmés par trois travées. Les arcades surmontées de macarons, du premier alternent masques grimaçants, allégories du Drame et de la Comédie. Quatre couples de cariatides engaînées portent le balcon du deuxième niveau. Un portique corinthien à colonnes géminées définit cet étage noble aux trois baies rectangulaires coiffées d'oculi encadré d'enfants musiciens. Une balustrade cerne le dernier niveau en retrait. Deux femmes allongées, une guirlande tendue entre elles, encadrent la fenêtre centrale. Le toit d'ardoise à pan brisé est percé de lucarnes.
A l'intérieur, les spectateurs accèdent, par un foyer circulaire, à la salle de six-cent-cinquante places. Le théâtre de la Renaissance dispose de trois niveaux de balcons et d'un poulailler. Des cariatides de plâtre en avant-scène signées Carrier-Belleuse encadrent les loges du premier étage. Les deux grandes cariatides ailées des deux grandes loges du milieu sont l'oeuvre de Jules Dalou (1838-1902). Au creux de la coupole, une toile marouflée de Rubé et Chaperon, représente les allégories de la Musique, de la Danse, de la Comédie, de la Tragédie. Le Théâtre de la Renaissance a été classé à l'inventaire des Monuments historiques par arrêté du 14 juin 1994. Un peu d'histoire.
En 1837, Victor Hugo et Alexandre Dumas s'associent dans la recherche d'une salle où monter les pièces romantiques. Le ministre de l'Instruction publique, François Guizot, accorde à Hugo l'exploitation de la salle Ventador, jusque-là exclusivement occupée par l'Opéra-comique. La direction est confiée à l'enthousiaste Anténor Joly (1799-1852), alors directeur du quotidien Vert-Vert, et soutien indéfectible du mouvement romantique.
La première création en 1838, "Ruy Blas" avec Frédérick Lemaître dans le rôle-titre, est suivie, par deux pièces d'Alexandre Dumas, "L'alchimiste" et "Paul Jones" en avril 1839, également avec le grand comédien. Malgré le succès, pour des raisons financières, Joly étant novice dans la direction d'un théâtre, il devient nécessaire de partager la salle avec l'Opéra-comique. De 1841 à 1870, la troupe des Italiens occupe principalement la scène de la salle Ventadour. Parenthèse durant quelques mois en 1867-68, le lieu prend le nom de théâtre de la Renaissance sous la direction de Léon Carvalho (1825-1897) chanteur lyrique, impresario, directeur de théâtres. Il fait faillite en 1868.
En 1872, à l'emplacement du restaurant Delfieux incendié durant la Commune, débute la construction du théâtre de la Renaissance, à proximité de la Porte Saint Martin. L'architecte Charles de Lalande (1833-1887) qui mène le chantier est également l'auteur du théâtre des Nouveautés, de la restauration de la façade du théâtre du Gymnase, de la restauration du théâtre d'Aurillac.
Le Théâtre de la Renaissance est achevé en huit mois. Sous la direction d'Hippolyte Hostein, il ouvre ses portes le 8 mars 1873, avec la pièce inaugurale "La femme de feu" d'Adolphe Belot. Au fil des ans, la programmation se resserre autour d'opérettes, opéras bouffes, opéras comiques.
La première pièce du jeune Georges Feydeau (1862-1921) "Tailleur pour Dames" y est créée le 17 décembre 1886. Sarah Bernhardt (1844-1923), désireuse de mener sa propre programmation, s'en rend directrice de 1893 à 1899. Lucien Guitry (1860-1925), de 1902 à 1910. En 1904, son fils, Sacha Guitry (1885-1957) y fait ses débuts de comédien dans "L'Escalier" de Maurice Donnay.
En 1942, le théâtre de la Renaissance menacé de démolition est sauvé par Henri Varna (1887-1969) alors directeur du théâtre Mogador. En 1956, une grande campagne de restauration lui redonne un style éclectique résolument Second Empire. Depuis, il accueille sur sa scène les plus grandes têtes d'affiche de chaque époque. En 1994, le théâtre de la Renaissance est classé aux Monuments historiques.
Théâtre de la Renaissance
20 boulevard Saint Martin - Paris 10
Métro Strasbourg Saint Denis lignes 4, 8, 9
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Bibliographie
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages
Le guide du promeneur 10ème arrondissement - Ariane Duclert - Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
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