Expo Ailleurs : Regarder l'histoire en face. L'Italie du XIXème siècle au Musée Condé - Cabinet d'arts graphiques - Château de Chantilly - Jusqu'au 1er octobre 2023

Louis Bernier - Relevé de la paroi noire de la maison dite de Saturnius à Pompéi (circa 1875)
Pierre-Louis Pierson - Antiochus et Stratonice (1874)
 

L'exposition "Regarder l'histoire en face. L'Italie du XIXème siècle au Musée Condé" réunit sous la thématique du voyage en Italie un ensemble d'oeuvres restaurées, pan méconnu des collections de Chantilly. Orchestré au sein du Cabinet d'arts graphiques par les commissaires Baptiste Roelly, conservateur du patrimoine au Musée Condé et Emmanuelle Brugerolles, conservatrice générale honoraire du patrimoine, l'évènement éclaire la fascination des artistes pour l'Antiquité et la Renaissance ainsi que leur engagement dans des problématiques politiques ancrées dans leur présent.

Au XVIIIème, le Grand Tour, long voyage - souvent plusieurs années - à travers l'Europe est un rite de passage des jeunes gens de la haute société. En compagnie d'un tuteur, ils développent leurs goûts esthétiques, aiguisent leur sensibilité. Ils affinent leur éducation auprès d'une société cosmopolite rencontrée au gré de leur périple en France, en Hollande, en Allemagne, en Suisse, en Italie, puis qui les conduit au début du XIXème siècle jusqu'en Grèce, au Proche Orient, en Perse. A cette époque, la pratique s'élargit à différentes couches sociales. Tout d'abord, les amateurs d'art, les collectionneurs, les artistes, les écrivains tels que Goethe, Alexandre Dumas, Stendhal, pour qui l'Italie demeure la destination privilégiée. Venise, Rome, Florence, Naples figurent parmi les villes à découvrir.

A l'ère industrielle, la révolution des transports démocratise les voyages tandis qu'apparaissent les premières agences spécialisées, moment de bascule entre Grand Tour et tourisme. La diffusion de guides touristiques et d'ouvrages d'histoire de l'art participe de ce mouvement. Les journaux d'écrivains livrent impressions esthétiques, anecdotes historiques, observations sociologiques. Véritable initiation à la beauté, ils vantent le plaisir de regarder, de découvrir d'autres horizons. Les peintres s'inspirent des trésors culturels, des paysages, de leurs rencontres avec la population des villes et des campagnes. Ils témoignent en filigrane des grandes transformations du pays, de l'actualité politique d'une Italie en pleine crise d'unification. Leurs oeuvres se posent comme une invitation à "regarder l'histoire en face" selon le mot de Stendhal, extrait de "Promenade dans Rome" (1829).

Les artistes manifestent leur engouement pour les strates historiques italiennes, les vestiges du passé, les ruines antiques, les oeuvres de la Haute Époque et de la Renaissance, l'architecture somptuaire des cités princières. Ils développent un intérêt pour l'Antiquité notamment dans le cadre de Pompéi et Herculanum, villes ensevelies redécouvertes au XVIIème siècle, mais dont les fouilles entreprises à partir de 1748, ne mènent à leur exhumation que tardivement. 


Félix Duban - Reconstitution de monument antique (1831)
Anonyme - Moïse de Michel-Ange (Seconde moitié du XIXème siècle)
Louis Bernier - Relevé du plafond à caisson de l'église Santa Maria in Aracoeli (1875)

Série de Bartolomeo Pinelli (1820)

Série de Bartolomeo Pinelli (1820)

Bartolomeo Pinelli - Zeus et Sémélé (1825)


Les artistes manifestent leur engouement pour les strates historiques italiennes, les vestiges du passé, les ruines antiques, les oeuvres de la Haute Époque et de la Renaissance, l'architecture somptuaire des cités princières. Ils développent un intérêt pour l'Antiquité notamment dans le cadre de Pompéi et Herculanum, villes ensevelies redécouvertes au XVIIème siècle, mais dont les fouilles entreprises à partir de 1748, ne mènent à leur exhumation que tardivement. 

L'exposition "Regarder l'histoire en face. L'Italie du XIXème siècle au Musée Condé" rassemble une suite de dessins grand format réalisés par les lauréats du Prix de Rome, dans le cadre de leur séjour dans la Ville éternelle. Organisé sous la tutelle de l'Académie des Beaux-Arts, cette pension royale permet aux jeunes artistes de se former dans le cadre une résidence de quatre années à la Villa Médicis. Afin d 'évaluer les progrès des pensionnaires ceux-ci doivent produire des relevés architecturaux ou des copies d'oeuvres, envoyés par la suite à Paris. 

En peinture, les sujets historiques, mythologiques et religieux sont longtemps considérés comme la plus haute forme d'art. Les artistes réalisent portraits, paysages, scènes de genre, en parallèle dans le but de vendre rapidement ces petites oeuvres afin de financer leur train de vie. Ces sujets ne sont reconnus qu'à partir des années 1830. Sous la Monarchie de Juillet, le goût pour le pittoresque prend de l'importance. Les scènes populaires en costumes traditionnels, les tableaux qui vantent les mérites d'une vie simple sont à la mode.


Louis Léopold Robert - Femme napolitaine pleurant sur les débris
de sa maison détruite par un tremblement de terre (1828-31)


Ernest Hébert - Réduction de "La Mal'aria" (avant 1850)

Simon Joseph Alexandre Clément Denis
Éruption du Vésuve le 1er janvier 1812 (1812)

Denis Auguste Marie Raffet - Batterie - Siège de Rome de 1849 (1849)
Denis Auguste Marie Raffet - Chargez ! - Siège de Rome de 1849 (1849)

Auguste Paul Charles Anastasi - Le Tibre, Saint-Pierre et le Vatican (circa 1862)
Ernest Hébert - Esquisse pour "La Mal'aria" (1848)


Bientôt, la curiosité pour le patrimoine fait place à l'intérêt pour l'actualité politique et militaire. Henri d'Orléans, duc d'Aumale (1822-1897), fondateur du Musée de Condé et de ses riches collections, porte une attention particulière aux évènements du Risorgimento. L'unification de l'Italie survient en 1870, sous la forme d'un état unitaire dirigé par une monarchie constitutionnelle, la maison de Savoie, anciens rois du Piémont. Le duc d'Aumale fait l'acquisition d'oeuvres manifestes dont les sujets métaphoriques se politisent. Les artistes contournent la censure en peignant des scènes symboliques. Ils empruntent à la mythologie, à l'histoire ancienne pour mieux parler de leur temps, exalter les sentiments patriotiques, dénoncer les oppressions, les souffrances du peuple.

Regarder l'histoire en face. L'Italie du XIXème siècle au Musée Condé
Jusqu'au 1er octobre 2023

Cabinet des arts graphiques du Musée Condé
Domaine de Chantilly
7 rue Connétable Château - 60500 Chantilly
Tél. : 03 44 27 31 80



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Charles Octave Blanchard - Portrait d'une Italienne (1837)
Louis Léopold Robert - La confidence (1830)