Ailleurs : Co-cathédrale Notre-Dame de l'Annonciation de Bourg-en-Bresse, culte marial, chapelle miraculeuse et fureur révolutionnaire, un destin mouvementé

 


La Co-cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation de Bourg-en-Bresse a été édifiée sur pilotis entre le XVIème et le XVIIème siècle, par étapes successives de 1505 à 1696, sur l’emplacement d’une ancienne chapelle dédiée à la Vierge noire, sainte patronne de la ville. Propriété de la commune, rattachée au diocèse de Belley-Ars, elle est classée aux Monuments historiques par arrêté du 21 décembre 1914. 

L’édifice se caractérise par une recherche de verticalité, un élan ascensionnel jusque dans le décor. L’architecture traduit une recherche d’équilibre dans une composition parfois asymétrique. Trois portails en plein cintre scandent la façade de style Renaissance développée sur cinq niveaux. Au premier, se niche une statue de la Vierge copie d’une œuvre d’Antoine Coysevox (1640-1720). Abattu à la Révolution sur l’ordre d’Antoine Louis Albitte (1761-1812), « le tigre de l’Ain », conventionnel et tombeur de nombreux édifices religieux de la région, le clocher a été reconstruit entre 1911 et 1914 sous la houlette de l’architecte Tony Ferret (1851-1923). 

A la suite du décret de la congrégation pour les évêques à Rome en date du 20 août 1990, la collégiale Notre-Dame de l’Annonciation est élevée au rang de co-cathédrale le 3 mai 1992.  Un édifice religieux devient co-cathédrale lorsqu’il existe déjà une cathédrale dans le diocèse dans ce cas, la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Belley. Notre-Dame de l’Annonciation se voit attribuer ce titre lorsqu’elle devient le siège secondaire du diocèse de Belley-Ars, dont le siège est déplacé à Bourg-en-Bresse dans les années 1970.








Au XVIème siècle, l’importance du culte marial à Bourg ainsi que la notoriété d’une chapelle miraculeuse objet de pèlerinage motive l’édification de l’église Notre-Dame de l’Annonciation. La dévotion à Marie des habitants de la région est liée à une apparition miraculeuse. Au XIème siècle un berger aurait découvert une icône de la Vierge dans un saule à proximité de la porte d’Espagne de Bourg. L’image déposée afin d’être préservée au sein de la paroisse de Saint Pierre de Brou retourne alors par miracle au lieu de sa découverte. Un oratoire roman dédié à la Vierge est construit à l’emplacement du saule. Dans le bois de cet arbre, une statue de la Vierge noire est taillée. La présence de la chapelle Sainte Marie de Bourg est attestée en 1258 par les archives mentionnant un legs.  

En 1343, le comte Aymon de Savoie, malade, est guéri par l’intercession de la Vierge de Bourg. Tandis que le seigneur fait une importante donation au sanctuaire, la réputation s’accroit. La dévotion des fidèles locaux s’en trouve renforcée et le pèlerinage acquiert une réputation qui dépasse les frontières de la région. La notoriété de la chapelle miraculeuse est telle qu’elle éclipse bientôt la paroisse de Brou.










Au début du XVIème siècle, Monseigneur Jean de Loriol, originaire de Bresse, chanoine de Genève, de Lyon et de Vienne et prieur commendataire de Neuville et de Brou en 1505, évêque de Nice entre 1501 et 1506, mène campagne pour l’édification d’une cathédrale. Il s’enquiert de la création de la nouvelle église de Bourg auprès de Marguerite d’Autriche (1480-1530), veuve de Philibert de Savoie. Cette dernière a formulé, en 1504, le désir de fonder un monastère à Brou afin d’accomplir le vœu de sa belle-mère, Marguerite de Bourbon (1438-1483). Marguerite d’Autriche intervient auprès du pape Jules II (1443-1513) pour la construction de la nouvelle église de Bourg, qui est officiellement entérinée par une bulle émise par souverain pontife en 1505. 

Piété et mécénat permettent d’initier le chantier de Notre-Dame de l’Annonciation de Bourg-en-Bresse. Le soutien financier de la famille de Gorrevod proche de la Maison de Savoie complète les donations de Marguerite d’Autriche. Louis II de Gorrevod, évêque de Saint Jean de Maurienne, neveu de Jean Loriol et frère de Laurent de Gorrevod, gouverneur de Bresse, chevalier d’honneur de Marguerite d’Autriche, est nommé évêque du nouveau diocèse de Bourg en 1515. Notre-Dame de l’Annonciation devient à cette occasion collégiale de Bourg. Marguerite d’Autriche décède en 1530, le cardinal de Gorrevod en 1541. Le chantier perd ses principaux bienfaiteurs, il s’en trouve ralenti. Les portails occidentaux sont finalisés en 1545 dans le style Renaissance. L’achèvement des voûtes et plus largement l’aboutissement du monument prendront encore un siècle. 








L’église Notre-Dame de l’Annonciation se développe selon un plan basilical dépourvu de transept et de déambulatoire. Les trois grandes baies de l’abside comportent un ensemble remarquable de dix-sept verrières, représentant les épisodes de la vie de la Vierge et du Christ. Les panneaux sont montés à l’achèvement du chœur en 1507. Endommagés lors de la démolition du clocher à la Révolution en 1791, arcatures et grisailles décoratives sont montées en 1850 dans un souci de préservation. En 1870, les verrières sont déposées pour être remplacées. Eugène Oudinot (1827-1889) livre les nouveaux vitraux en 1873. Des vitraux de la Renaissance ne demeurent que ceux installés en 1526, dédiés à saint Crépin et saint Crépinien patrons de la confrérie des tanneurs et des cordonniers. 

Le clocher actuel, haut de soixante-dix mètres, témoigne des mésaventures de l’église Notre-Dame de l’Annonciation. La tour originelle est édifiée sur un plan de Philippe Caillé dit « Maucras » de 1656 à 1665. Les deuxième et troisième étages développés au cours du XVIIème siècle, le quatrième est établi sur un plan carré. Son horloge date de la restauration dans les années 1910. Le clocher est couronné vers 1690 par un dernier niveau dessiné par Philippe Convers sur un plan octogonal. Surmonté d’un dôme à lanternon, il dispose d’un carillon à vingt-quatre cloches.








A la Révolution, le chapitre est dispersé. Antoine-Louis Albitte (1761-1812) conventionnel, représentant du peuple à Bourg-en-Bresse surnommé « le tigre de l’Ain » ou « le Robespierre savoyard » revendique une réputation de tombeur de clochers et de tours castrales. L’homme manifeste un zèle dévastateur au sujet du patrimoine religieux et prend des décisions expéditives. Entre 1791 et 1794, il fait abattre plus de huit-cents clochers dans le département de l’Ain. Sur ses ordres, mille-cinq-cents à mille-six-cents cloches sont envoyées à la fonderie de canons de Pont-de-Vaux. Par son « serment d’Albitte », il oblige trois-cents prêtres à abjurer leur foi. Seule l’intervention de Thomas Riboud permet de sauver le monastère de Brou. Le clocher de l’église Notre-Dame de l’Annonciation de Bourg-en-Bresse considéré comme un symbole féodal est décapité.  

Lorsque le culte est restauré sous le Premier Empire, la collégiale obtient le statut de paroisse. Au début des années 1910, l’évêché fait appel à Tony Ferret (1851-1923), architecte départemental de l'Ain de 1884 jusqu’à sa retraite en 1916, architecte diocésain de Belley-Ars à partir de 1896, pour reconstruire le clocher. Le chantier débute en 1911 et s’achève en 1914.

Parmi les trésors de la co-cathédrale, se trouvent le retable de la Vierge noire, la tribune de l’orgue du XVIIème siècle, le grand orgue aux trois-mille-cinq-cents tuyaux installé en 1683, les vitraux du XVIème siècle, les grandes verrières signées Oudinot du XIXème siècle, les vitraux modernes du XXème siècle d'Auclair et Le Chevallier. Les cinquante-deux stalles en bois finement ouvragées, exécutées entre 1511 et 1519, proviennent de l’ancien collège des chanoines.  Jean-Marie Fiot ou Fyot (circa 1720-1782) sculpte la chaire et le maître-autel vers 1760. En 1769-72, il exécute les dessins au lavis du médaillon sculpté de la porte d’entrée. Le sculpteur Bontemps signe en 1845 le "Saint Michel terrassant le dragon" ajouté sur l'abat-son. L’impératrice Eugénie offre un calice précieux à Notre-Dame de l’Annonciation dans les années 1860. 

Co-cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation de Bourg-en-Bresse
10 place Georges Clemenceau – 01000 Bourg-en-Bresse
Horaires : Ouvert tous les jours de 7h à 20h

Office de tourisme de Bourg-en-Bresse
6 avenue Alsace Lorraine - 01000 Bourg-en-Bresse
Tél : 04 74 22 49 40




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.