Oeuvres hantées de figures fantomatiques, de personnages sans visage, les tableaux de Marc Desgrandchamps s'ancrent dans une réalité paradoxale, à la fois familière et étranges. Les scènes fragmentées impriment des espaces indéfinis, champs incertains semés d'objets au graphisme marqué. Par des effets de transparence, de surimpression, de décalage subtil, Marc Desgranchamps entretient les sensations de flottement, d'incertitude. Il établit des jeux aux règles précises mais dont l'issu demeure imprévisible. Rien n'est fixé ou jamais acquis. L'artiste cite volontiers Althusser, "un processus sans sujet ni fin". Flux du souvenir matérialisé, les bribes picturales de mémoire alimentent des compositions sophistiquées, situations indéterminées au sein de non-lieux. L'omniprésence de l'eau affirme un tropisme particulier pour l'élément liquide. La matière même d'une grande fluidité donne l'impression que le sujet se délite dans des coulures volontaires, traces du pinceau, évanescence.
Le Musée des Beaux-Arts de Dijon consacre une exposition monographique à l'oeuvre de Marc Desgrandchamps, regard affûté l'évolution de sa pratique au cours de la dernière décennie. Les commissaires Frédérique Goerig-Hergott, conservatrice en chef et directrice des Musées de Dijon et Pauline Nobécourt, historienne de l'art, ont réuni un ensemble significatif, de quarante-sept grands formats, toiles et polyptiques, auquel s'ajoutent un certain nombre de dessins. La scénographie déployée en sept sections thématiques rend compte des cycles et multiples facettes d'un art vivant en dialogue avec l'ancien et la modernité, ainsi que des changements survenus, sujets, formes, motifs. En regard des collections permanentes du Musée des Beaux-Arts de Dijon, l'évènement se tient dans les nouveaux espaces d'exposition temporaires au troisième étage. Il emprunte son titre à un diptyque "Silhouettes", acquis en 2022 par le Musée des Beaux-Arts de Dijon dont la simplicité trompeuse dissimule une composition reconstituée d'après "La Flagellation du Christ" (circa 1460) de Piero della Francesca. L'achat a été complétée par un don de l'artiste au musée, "The young Mod's forgotten story" (2012).
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