Ailleurs : Donation Boisecq-Longuet, l'art moderne des sculpteurs Simone Boisecq et Karl-Jean Longuet - Musée des Beaux-Arts de Dijon

 

Couple d'artistes, Simone Boisecq (1922-2012) et Karl-Jean Longuet (1904-1981), arrière-petit-fils de Karl Marx, participent, chacun dans leur propre veine, du renouvellement de la sculpture française au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Les nombreuses donations aux musées français initiées par Frédérique et Anne Longuet-Marx, leurs filles, témoignent de l'engagement de leurs héritières dans le rayonnement de l'oeuvre de leurs parents. En 2021, à leur initiative, trente-huit oeuvres du couple rejoignent le Musée des Beaux-Arts de Dijon, où elles complètent les quatre acquisitions datées de 2007 et 2021. L'institution conserve un important fonds constitué autour de la Nouvelle École de Paris, groupe dont Simone Boisecq et Karl-jean Longuet étaient proches. Ils fréquentent Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992) et Àrpàd Szenes (1897-1985), Jean Bertholle (1909-1996), Oscar Dominguez (1906-1957), Etienne Hajdu (1907-1996) 

Au coeur des collections d'art moderne, le nouvel espace d'exposition dédié à la donation Boisecq-Longuet est inauguré en septembre 2022. Les quarante-deux sculptures, ensemble représentatif de la production des deux artistes, éclairent puissamment entre figuration et abstraction, archaïsme et néo-classicisme, une vision avant-gardiste commune. Longuet s'illustre par le biais de la taille et du modelage. Boisecq surtout par le modelage. La juxtaposition des sculptures souligne les thématiques communes, le corps, la nature, le paysage, l'architecture, les échos et les différences. Elle éclaire la dualité de sensibilités artistiques propres tout autant que les zones d'influence, les profonds échos. Formes, matières, couleurs, harmonie, la monstration appréhende l'évolution du vocabulaire plastique de chacun. Les deux sculpteurs travaillent côte à côte, s'inspirent mutuellement. Le dialogue de leurs oeuvres alimente deux approches complémentaires et distinctes, des cheminements esthétiques parallèles. Démarche synthétique, épure vers l'essentiel.










La donation Boisecq-Longuet conservée au Musée des Beaux-Arts de Dijon raconte l'histoire d'un couple, d'une rencontre amoureuse et artistique dans l'immédiat après-guerre. En 1946, Karl-Jean Longuet, quarante-deux ans, artiste établi fait la connaissance de Simone Boisecq, vingt-quatre ans, journaliste de l'Agence France Presse qui a passé son enfance à Alger. Il réalise deux bustes de la jeune femme. L'oeuvre la plus ancienne de la donation Boisecq-Longuet, sculpture de Karl-Jean Longuet, date de cette période. 

Simone Boisecq produit alors ses premières céramiques, vases et figures d'orants. Elle quitte l'AFP en 1947 et vit de traductions. Elle explore les qualités plastiques de la terre crue dans l'atelier de Karl-Jean Longuet, local original situé dans les écuries de l'ancien relais de poste de la Barrière d'Enfer, à proximité du Jardin de l'Observatoire de Paris. Longuet, plus aguerri, travaille pierre, granit, marbre, bois et fait fondre bronze, plomb, cuivre d'après ses modèles en plâtre.  

En 1948, Simone Boisecq et Karl-Jean Longuet font la connaissance de Constantin Brancusi (1876-1957). Ensemble, ils visitent l'atelier de l'impasse Ronsin. Véritable révélation pour Longuet, cette découverte marque une étape importance dans l'évolution de sa pratique. Il se détache de la pure figuration, pour expérimenter un dépouillement, une épure jusqu'au seuil de l'abstraction. La simplification des plans offre une sensualité nouvelle aux volumes.  

Le couple se marie en juin 1949. Les jeunes mariés s'installent dans l'atelier sans eau. Au cours de l'été, ils rejoignent Óscar Domínguez et Pablo Picasso à Golfe Juan. Simone Boisecq travaille la céramique dans les ateliers de Vallauris. 








À partir de 1949, Simone Boisecq et Karl-Jean Longuet se lient avec les artistes espagnols, notamment Francisco Bores et Baltasar Lobo, les peintres et sculpteurs de la nouvelle École de Paris, Maria Elena Vieira da Silva et Árpád Szenes, Roger Bissière, Jean Bertholle, Jean Le Moal et Juana Muller, Véra Pagava, Étienne Martin, François Stahly, Nicolas Wacker, Lucien Lautrec, Hans Reichel, Marie Raymond et son fils Yves Klein. Ils côtoient Paul Éluard dont Longuet réalise le buste en 1951. En 1950, ils font la connaissance d'Ossip Zadkine.

Simone Boisecq s'inspire du monde végétal et de la mythologie. Son travail fait l'objet d'une première exposition d'envergure en 1954 à la galerie Jeanne Bucher. A cette occasion, Germaine Richier et Etienne Martin remarquent "Soleil Césaire ou Soleil cou coupé". L'oeuvre originale en terre cuite se caractérise par sa puissance, son énergie. Le Musée des Beaux-Arts de Dijon en présente une version en résine. 









Longuet puise son inspiration dans l'architecture, les structures celles des bâtiments et du corps humains. La musique - il est également chanteur - joue un rôle important dans la rythmique de ses compositions. Il obtient de nombreuses commandes publiques à partir du milieu des années 1950. Fascinés par les environnements urbains, Karl-Jean Longuet considère la ville comme source d'inspiration et milieu d'intervention, propice à l'expression de la créativité.  Dans le cadre de ses collaborations avec des architectes, il exécute des sculptures monumentales destinées à des écoles, collèges, lycées, grands ensembles, centres commerciaux, et diverses places publiques. Le Musée des Beaux-Arts de Dijon présente notamment la maquette en plâtre datée de 1956 d'un projet architectural non-abouti. 

Donation Boisecq Longuet 
Salles 8 et 45 de la section Art Moderne 

Palais des ducs et des États de Bourgogne 
1 rue Rameau - 21033 Dijon Cedex
Tél : 03 80 74 52 09
Horaires : Ouvert tous les jours sauf le mardi - Du 1er octobre au 31 mai, de 9h30 à 18h -
Du 1er juin au 30 septembre, de 10h à 18h30 - Fermé les mardis, ainsi que les 1er janvier, 1er mai et 8 mai, 14 juillet, 1er et 11 novembre, 25 décembre



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.