Ailleurs : Musée d'art et d'histoire Paul Eluard, musée municipal de la Ville de Saint-Denis, dépositaire du fonds Paul Eluard et d'une importante collection autour du Siège et de la Commune de Paris 1871




Le Musée d’art et d’histoire Paul Eluard, héritier du musée municipal fondé en 1899, inauguré en 1901 dans l’Hôtel Dieu, rasé en 1907, est installé depuis 1981 dans les anciens bâtiments du Carmel de Saint-Denis. Le monastère des Carmélites, fondé en 1625, développé sous l’impulsion de Louise de France, fille de Louis XV, entrée au couvent en 1770, a été racheté par la municipalité dionysienne en 1972. Objet d’une restauration de grande ampleur, l’édifice devenu institution muséale a été distingué par le Prix des musées du Conseil de l’Europe en 1983. Ces aménagements associent une présentation pédagogique des collections à la valorisation du patrimoine architectural et de l’histoire des bâtiments. Au fil du parcours, se dévoile tout un pan de la vie des moniales à travers le cloître, les pierres tombales des religieuses, les cellules restaurées, les citations bibliques peintes sur les murs, cent-soixante-quatorze formules de sagesse à vocation spirituelle. Le Musée d’art et d’histoire Paul Eluard conserve une collection littéraire importante, donation du poète dionysien qui lui a transmis son nom, associant manuscrits, éditions originales, documents personnels, et éléments de la vie publique. L’institution est également dépositaire de l’un des plus importants fonds constitués autour du Siège de Paris de 1870 et de la Commune de Paris de 1871. 










Une congrégation de huit religieuses originaires d’Amiens fonde le monastère des Carmélites de Saint-Denis en 1625. La reine Marie de Médicis (1575-1642) pose la première pierre de l’église primitive en 1628. Au milieu du XVIIIème siècle, la communauté, ordre cloîtré, austère, connaît des difficultés financières. Une nouvelle pensionnaire de prestige va bouleverser le destin du couvent. La septième fille du roi Louis XV, Madame Louise de France (1737-1787) entre au Carmel en 1770, sous le nom de Thérèse de Saint-Augustin afin de s’éloigner des turpitudes de la cour. Elle prend la charge de maîtresse des novices puis d'économe. Elue prieure à trois reprises, elle entreprend des travaux d’agrandissement et de prestige. 

En 1779, elle confie la construction de la chapelle des Carmélites à Richard Mique (1728-1794), proche de la reine Marie-Antoinette, qui a succédé à Ange-Jacques Gabriel comme premier architecte du roi Louis XVI. Auteur du Hameau de la Reine à Versailles, des fabriques du Petit Trianon, il s’illustre dans un registre néo-classique. La chapelle, plan en croix grecque surmontée d’un dôme, est inaugurée en 1784. Le sculpteur Joseph Deschamps signe le décor intérieur. Désaffectée, nationalisée à la Révolution, l’édifice est occupé de 1895 à 1983, par le tribunal d’instance, vocation dont il garde la trace à son fronton par l’inscription Justice de Paix. Classée aux Monuments historiques, restaurée, elle revient au musée et accueille désormais des expositions et des événements culturels.









Les Sœurs de la Sainte-Famille du Sacré-Cœur occupent les bâtiments conventuels jusqu'en 1959. La Ville de Saint-Denis acquiert l’ensemble en 1972 afin d’y constituer un musée, le sauvant in extremis de l’appétit des promoteurs immobiliers. L’édifice aménagé rend hommage au passé des lieux tout en valorisant les collections éclectiques.

L’ancien réfectoire restauré accueille la portion dédiée à l’histoire de la ville de Saint Denis, intimement liée à celle de l’abbaye. Y sont exposé le résultat des fouilles archéologiques mené à travers la ville sur différents sites depuis l’époque gallo-romaine jusqu'au Moyen-Âge. 

Six-cents artefacts rendent compte de l’importance de l’artisanat dionysien, cité des arts où s’exprimaient céramistes, verriers, tailleurs de pierre. Ferronneries, poteries, vêtements complètent un panorama intrigant de la vie quotidienne. Le XIXème siècle et l’industrialisation de la ville est puissamment évoqué avec des paysages de Camille Corot, Giuseppe Canella, Charles-François Daubigny. 









Au rez-de-chaussée, un pan des collections est consacré à l’ancien Hôtel Dieu, centre hospitalier de Saint-Denis, fondé au Moyen-Âge, probablement à l’époque mérovingienne. Cette institution majeure édifiée près de l’abbaye dépendait des œuvres de charité des religieux. L’Hôtel Dieu reconstruit en 1713, devenu centre de bienfaisance, accueille l’hospice de la ville jusqu’en 1901. 

Désaffecté, il devient à partir de 1902 musée municipal. Dans un état de délabrement inquiétant, le bâtiment est rasé en 1907. Le Musée Paul Eluard conserve un ensemble d'objets divers liés aux soins, décors, documents, vaisselle, ainsi qu’une restitution de la remarquable apothicairerie du XVIIIème siècle, composée de pots de faïence de Saint Cloud, Nevers, Rouen. 











Au premier étage, les anciennes cellules des religieuses restaurées évoquent la vie du Carmel, le quotidien du monastère, de la communauté et de sa pensionnaire la plus célèbre Louise de France, à travers des tableaux, des objets du quotidien et du culte. Les appartements de Mesdames, les sœurs de Louise de France, accueillent les espaces dédiés à l’évocation de la guerre franco-prussienne de 1870, notamment l’importante collection au sujet du Siège de Paris et de la Commune de Paris en 1871, constituée à partir de 1936. L’ensemble iconographique est constitué de documents variés, estampes, photographies, tableaux, journaux. 

Le Musée d’art et d’histoire Paul Eluard consacre une partie de ses espaces au fonds du XIXème siècle, une collection majeure de caricatures, parmi lesquelles 3800 lithographies d’Honoré Daumier. Il présente les fonds d’atelier d’artistes et de graveurs, tels que Frapier et Delâtre, des œuvres graphiques de Théophile Alexandre Steinlen, Francisque Poulbot, Maximilien Luce, les peintres Edouard Manet, Eugène Girardet, des dessins de Jean Effel ainsi que des estampes contemporaines.  










En 1990, a été inaugurée une salle dédiée au peintre postimpressionniste Albert André (1869-1954), et au designer Francis Jourdain (1876-1958). Le musée conserve un ensemble mobilier significatif qui éclaire l’approche artistique et politique de ce pionnier du Mouvement Moderne et des arts décoratifs. 

Le fonds littéraire Paul Eluard, dont le Musée de Saint Denis est dépositaire depuis 1951, témoigne de l’engagement du poète, des points de vue artistique avec le surréalisme et politique avec le communisme. La collection illustre les multiples facettes de l’homme de lettres. L’espace d’exposition au sein du pavillon Louis XV a été inauguré en 1995 à l’occasion du centenaire de la naissance du poète dionysien. 

Trois jardins patrimoniaux complètent l’expérience, le jardin du cloître, le jardin du Mur de la montée des Anges et le jardin des Cinq Sens créé en 2009. 

Musée d’Art et d’Histoire Paul Eluard
22 bis rue Gabriel Péri - Saint-Denis
Horaires : Lundi, mercredi, vendredi de 10h à 17h30, jeudi de 10h à 20h, samedi et dimanche de 14h à 18h30 - Fermé le mardi et les jours fériés



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.