Expo Ailleurs : Marc Camille Chaimowicz – Zig Zag and many Ribbons… - MAMC Saint Etienne Métropole - Jusqu'au 10 avril 2023

 


L’exposition « Marc Camille Chaimowicz - Zig Zag and many Ribbons… » au MAMC Saint Etienne Métropole, éclaire le lien entre l’espace privé du quotidien et le politique. Du fait des aléas d’organisation liés à la pandémie et aux restrictions de mobilité, l’invitation lancée en 2018 par l’institution à l’artiste a connu quelques retards. Différé, cet événement d’envergure dédié à Marc Camille Chaimowicz, le premier du genre en France, a enfin pu être inauguré cet hiver. Aurélie Voltz, directrice du MAMC+, et commissaire a orchestré cette carte blanche. L’exposition se déploie sur 1000m2, ampleur propice aux installations dont il a le secret. Aux quatre-vingt œuvres produites par Chaimowicz entre les années 1960 et 2020 s’ajoute une trentaine d’objets issus du fonds design du musée, riche de plus de mille-six-cents pièces. Le catalogue virtuel des collections a permis à Marc Camille Chaimowicz de sélectionner des éléments en résonance avec son travail ou sa sensibilité. Association d’idées, rencontres inattendues d’objets, la scénographie se divise en sept étapes, sept séquences d’un scénario qui investit le quotidien et fait de l’intimité un espace politique.










Marc Camille Chaimowicz associe sculpture, performance, architecture, design, peinture, vidéo, photographie. Pratiques décloisonnées, il lance des ponts entre arts plastiques et arts décoratifs dans un processus créatif. Ce rapport à l’oeuvre renvoie directement à son histoire personnelle. Inspiré par le principe fondateur de transversalité, il considère sur un même plan, à un même niveau, public et privé, art et design, culture savante et culture populaire. Sous son regard, les objets usuels deviennent œuvres, les sculptures se font utilitaires. Maître du design, les arts appliqués à l’espace domestique, il rapproche l’art et la vie.

Né à Paris en 1947, père polonais et d'une mère française, Marc Camille Chamowicz et ses parents quittent la France pour l’Angleterre en 1955. Le jeune homme suit des études à Ealing, Camberwell et à Slade School of Art de Londres. Au début des années 1960, il expérimente la peinture puis tend vers une approche performative de la pratique artistique. Peu à peu, il se détache des préceptes imposés par le monde de l’art et cherche à s’émanciper du cadre institutionnel. 









Au cours des années 1970, Chaimowicz entame un cycle d’exploration de l’intime. Dans un mouvement de repli, il investit le quotidien de l’espace domestique, qu’il envisage comme le lieu de la construction de soi en opposition à l’aliénation de l’espace public. Entre 1975 et 1979, il transforme intégralement son appartement londonien d’Approach Road qu’il réinterprète à l’aune de son imaginaire. Espace de vie et atelier, oeuvre in situ, par cette intervention radicale, Chaimowicz explore l’idée de l’art total qui transcende les hiérarchies. Il imagine papier peint, mobilier, console, paravent, canapé, textile, rideaux, vêtements, les pièces les plus usuelles comme le service à thé. Il réinvente les rituels associés du quotidien dans une intrication ultime entre l’art et la vie. Par la suite exposé dans les musées, il conçoit entièrement des espaces théâtralisés, sous la forme d’intérieurs recréés.

Point de départ de l’exposition au MAMC Saint Etienne Métropole, Marc Camille Chaimowicz a souhaité rendre hommage à l’histoire industrielle de Saint Etienne ainsi qu’aux collections art et design du musée. Dans le cadre des préparatifs, l’artiste a noué des liens privilégiés avec les entrepreneurs, les artisans de la région stéphanoise. Les collaborations mises en place à cette occasion valorisent les savoir-faire locaux, la mode, le textile, la décoration. Chaimowicz a notamment dessiné six motifs destinés à des rubans produits par la maison Neyret, fondée en 1823, spécialiste des rubans, étiquettes, accessoires textiles de luxe. Mille mètres de ruban ont été produits pour l’exposition. 









Le titre de l’exposition « Zig Zag and many Ribbons… » fait référence à cette initiative et à la vision créative non linéaire de l’artiste. Les zigzags symbolisent une façon de penser le monde. Il s’agit de la forme architecturale de la cimaise qui rythme le premier espace d’exposition mais aussi du nom de la célèbre machine à coudre zig-zag 120 produite en 1970 par la société stéphanoise Manufrance. Ils évoquent encore les lignes brisées des exercices de couture, ceux que sa mère Marie Tailhard alors apprentie dans la maison Paquin à Paris réalisait lorsqu’elle a connu son père.

Au sein du MAMC Saint Etienne, Marc Camille Chaimowicz a imaginé des environnements autonomes, des mises en scène qui brouillent les pistes, les frontières entre beaux-arts et design. Ce panorama des cinquante dernières années illustre la vaste palette d’intervention de l’artiste. Partis pris formels forts et relecture des fonds du musée, des objets courants aux lignes inusités, consoles, coiffeuses, sofas, bibliothèques, ventilateurs, vases, ponctuent des espaces de vie reconstitués. A la manière des artistes Art Nouveau, Chaimowicz détourne des motifs anatomiques, bouscule le tabou social du corps, s’inspire de la végétation, des fleurs, des courbes organiques. 








Sous une boule à facettes, un quotidien théâtralisé s’inscrit dans une esthétique délicieusement surannée, évocation des années 1970. Ces espaces intérieurs colorés se caractérisent par des éléments décoratifs qui suggèrent l’imaginaire à l’oeuvre. Constitué dans des matériaux caractéristiques de cette époque, contreplaqué, formica, le mobilier de facture soignée revendique la modestie de moyens.

La scénographie se détache du modèle rectiligne, carré, trop net pour initier un rapport intime à l’espace et aux objets, démarche pas exempte d’une certaine improvisation. Chaimowicz réserve une place de choix à la fantaisie. 

Marc Camille Chaimowicz - Zig Zag and many Ribbons…
Jusqu’au 10 avril 2023

Commissaire Aurélie Voltz, directrice du MAMC+

Musée d'art moderne et contemporain Saint-Etienne Métropole
Rue Fernand Léger - 42270 Saint-Priest-en-Jarez
Tél : 04 77 79 52 52
Horaires : Lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 10 h à 18 h - Samedi et dimanche de 10 h à 18 h 30 - Fermé le mardi



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.