Expo : Anne de Henning - Témoigner de l'histoire en devenir - Musée Guimet - Jusqu'au 23 janvier 2023

Anne de Henning - Photo de Michel Laurent avril 1971, courtesy of the artist 

L’exposition de photographies « Témoigner de l’histoire » éclaire la brutale réalité de la guerre de Libération au Bangladesh en 1971, et rend compte de la naissance d’une nation, l’émergence d’un pays souverain. Les images bouleversantes d’humanité, puisées dans les archives personnelles de la photographe Anne de Henning, reporter de guerre, ont été montrées pour la première fois lors d’une exposition organisée en 2021 à Dhaka à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance du Bangladesh. Présentés à Paris au Musée national des arts asiatiques Guimet dans le cadre d’une collaboration avec la foire Asia Now, ces clichés inédits en France relatent un pan d’histoire avec une modernité troublante, une force expressive remarquable. 









Née en 1945, Annette de Henning est l’une des premières femmes reporters de guerre. Pionnière, à vingt-trois ans, en 1969, elle photographie la guerre du Vietnam auprès de l’armée américaine puis en 1971 la guerre de Libération du Bangladesh. Le 26 mars 1971, à la suite du mouvement de désobéissance civile auquel a appelé la Ligue Awami dirigée par Sheikh Mujibur Rahman (1920-1975), les Bengalis du Pakistan Oriental proclament l’indépendance du Bangladesh. L'armée du Pakistan occidental réplique par une répression sanglante. L’ampleur des exactions et des massacres marque un conflit d’une grande violence. Il dure près de neuf mois. Amnesty International comptabilise trois millions de morts, de huit à dix millions de réfugiés. Le nombre de viols avérés, arme de guerre pratiquée à très grande échelle par l’armée pakistanaise contre les populations civiles, s’élève à deux-cent-mille. 

En avril 1971, Anne de Henning et deux collègues rejoignent clandestinement le territoire du Pakistan oriental alors fermé aux journalistes étrangers. Ils font partie des tout premiers reporters à documenter le conflit, à couvrir la zone où se déroulent les combats. Entre le 7 et le 10 avril 1971, Annette de Henning photographie les débuts de la guerre d’indépendance, les manifestations, le quotidien des populations civiles, celui des réfugiés, les familles, femmes et enfants fuyant les exactions de l’armée pakistanaise, les trains bondés. Sous son objectif, la ville de Kushtia apparaît dévastée par les bombardements pakistanais, les maisons rasées, le bétail tué, les granges éventrées. A l’occasion de ce périlleux voyage, Anne de Henning rencontre les combattants de la Liberté, les Mukti Bakini. Elle capture l’image poignante de leur dénuement, leur manque d’équipement, leur détermination dans la guérilla qu’ils mènent. Les troupes bengalis soutenues par l'URSS et aidées par les Forces armées indiennes remportent une victoire décisive le 16 décembre 1971. 










En 1972, Anne de Henning retourne à Dhaka pour photographier la première réunion du Conseil de la Ligue Awami. Elle réalise alors des portraits en couleurs de Sheikh Mujibur Rahman, père fondateur du Bangladesh assassiné le 15 août 1975 avec sa famille lors d’un coup d’état militaire qui renverse le gouvernement socialiste.

Par la suite basée à Hong-Kong, Anne de Henning couvre de nombreux reportages en Asie du Sud-Est, Laos, Thaïlande, Malaisie, Philippines pour National Geographic, Paris Match, Le Monde, Vogue, Elle, New York Times, The Observer. La redécouverte de son travail de reporter de guerre s’inscrit dans un mouvement qui tend à revaloriser le travail des femmes photographes, injustement éclipsé.

Anne de Henning - Témoigner de l'histoire en devenir
Jusqu’au 23 janvier 2023

6 place d’Iéna - Paris 16
Tél : 01 56 52 54 33
Horaires : Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.