La 66ème édition du Salon d’art contemporain de Montrouge - entrée libre tous les jours de midi à 19h - se tient jusqu’au 1er novembre. Florilège de la jeune création française et francophone, l’évènement rend compte des facettes contrastées de notre monde et interroge la place de l’artiste, son engagement. Sélectionnés parmi plus de deux-mille candidats, trente-sept artistes dont le geste plastique et le discours ont convaincu le comité curatorial, investissent le Beffroi de Montrouge. Ces nouveaux talents s’associent dans une exposition collective où les scénographies les plus imaginatives rendent compte de leur travail : installations, vidéos, peintures, sculptures, vidéos, photographies, dessins, œuvres numériques. Cette année, le textile prend une importance toute particulière, pratique hybride, entre savoir-faire traditionnel et champ d’expérimentation des innovations techniques. De l’artisanat aux technologies industrielles, ce médium fait valoir ses spécificités et ses identités. Le salon s’ouvre à de nouvelles disciplines au caractère plastique indiscutable l’architecture, le cinéma, le design, le graphisme, l’édition, le paysagisme.
Alison Flora |
Laurie Charles |
Le Salon de Montrouge encourage les rencontres entre les jeunes artistes et les acteurs de la curation. Il leur offre des opportunités uniques grâce aux nombreux partenaires qui soutiennent son activité, notamment le ministère de la Culture, la région Ile de France, le département des Hauts de Seine. En présentant une nouvelle génération de créateurs à un vaste public, le Salon de Montrouge se soucie d’éduquer le regard, de renforcer les actions de médiation pour accueillir professionnels, amateurs éclairés et béotiens.
Coline Davenne, commissaire d’exposition et critique d’art, et Guillaume Désanges, curateur et nouveau directeur du Palais de Tokyo, qui collaborent depuis 2017 sous le label Work Method, orchestrent la direction artistique de la manifestation. Cette année, sous leur impulsion, les prix ont été remplacés par une multiplication des « perspectives » et la rémunération des artistes révisées. Les organisateurs ont souhaité étendre les actions menées auprès des jeunes artistes. Le Salon de Montrouge a pour vocation la promotion et le soutien dans la professionnalisation de ces créateurs émergents. Les exposants sont accompagnés dans leur démarche de monstration par les membres du comité curatorial, collège composé de figures du monde de l’art, critiques, galeristes, commissaires d’exposition.
Juliette Vanwaterloo |
Corentin Darré |
Art militant, pluridisciplinaire, ces plasticiens font oeuvre de diversité et de transmission. Ils repensent l’histoire collective afin de dénoncer les inégalités dont sont victimes les minorités, abordent les problématiques postcoloniales, le multiculturalisme fruit des migrations successives. Leur critique esthétique et philosophique du système néo-libéral dominant, synonyme d’avidité, d’individualisme, d’indifférence au sort de l’autre, renouvelle les perspectives pour mieux questionner les identités. La représentation alternative des folklores, expressions des minorités, ouvre des réflexions sur la domination culturelle. Au cœur des évolutions sociales, ces artistes émergents confrontent leurs productions aux thématiques du corps et des sexualités, du genre, de la non-binarité, des luttes féministes, du pouvoir patriarcal.
L’édition 2022 du Salon de Montrouge marque une nouvelle fois l’élargissement des champs de réflexion ancrés dans l’actualité, l’expression des revendications en prise avec les réalités de l’époque. Par leur travail, les jeunes plasticiens rendent compte des bouleversements sociétaux. Ils embrassent les grands enjeux de notre monde, environnement, crise climatique, urgence écologique. L’esthétique académique détournée, imprégnée de culture populaire traduit la transversalité des pratiques.
Jot Fau |
Laurie Charles, née en 1987, diplômée des Beaux-Arts de Bordeaux, s’exprime par le dessin, la peinture, la sculpture, la vidéo. Elle associe les pratiques dans des scénographies complexes où l’autofiction croise le récit ancré dans l’histoire commune. Sa relecture féministe de la société emprunte la voie d’une narration où l’expérience personnelle rejoint le propos universel. Les grandes fresques colorées présentées au Salon de Montrouge, convoquent sous des abords pimpants, les thématiques douloureuses, le corps en souffrance, le soin, les violences médicales.
Alison Flora, née en 1992, diplômée de l’Ecole supérieure d’art et de design des Pyrénées, dessine depuis 2019 avec son propre sang, qu’elle prélève par des prises de sang contrôlée. Rituel magique, démarche fétichiste, elle produit des images surréalistes dont l’iconographie médiévale emprunte à l’heroic fantasy. Son processus automatique cathartique convoque un monde psychique où s’expriment angoisses, traumas et obsessions intimes.
Camille Sart, né en 1994, diplômé de l’Ecole supérieure d’art et de design de Toulon, s’exprime par le biais de maquettes minutieuse, lieux de projection au minimalisme revendiqué. Il aborde l’expérience de la temporalité dans un rapport physique et psychique. Son propos puise sa matière à la fois dans un parcours personnel traumatique et une lecture sociologique d’archives relatives à l’histoire des femmes, émancipation, poids de la société, des maltraitances. Au Salon de Montrouge, il expose une représentation de la chambre d’enfant où il a subi des violences sexuelles. Camille Sart s’engage pour libérer la parole et dénoncer les silences de la société.
Silvana Mc Nulty - Pascale Rodarie |
Brandon Gercara |
Hanna Kokolo - Pascale Rodarie |
Jot Fau, née en 1987, diplômée des Beaux-Arts de Marseille, lance des ponts entre les histoires intimes et collectives par le biais d’installations textile. Les matériaux ont un sens. Elle recouvre des objets du quotidien de cuir noir dans un rituel protecteur geste poétique. Il s’agit souvent de jouets, nostalgie de l’enfance, force et vulnérabilité. Les épreuves, sa prime jeunesse précaire, l’expérience de l’isolement, lui font porter un regard différent sur les univers domestiques, objets, gestes, images qu’elle transforme, récupère. Elle ne jette jamais, elle recycle, répare, les choses et les âmes.
Le style graphique de Juliette Green, née en 1995, diplômée des Beaux-Arts de Paris, explore plastiquement le langage dans un mouvement poétique qui mêle méthodologie et fantaisie. Ces diagrammes rendent compte des interactions humaines dans l’accumulation des données sociologiques et imaginaires. Ses schémas dont la narration est ponctuée de pictogrammes, de dessins tracent des labyrinthes ludiques. A travers ses récits à choix multiples, Juliette Green répond avec humour aux grandes interrogations existentielles. Le décalage philosophique, le pas de côté politique rend accessible un art militant tout en finesse.
Les jeunes artistes du 66ème Salon de Montrouge envisagent des perspectives inédites pour le futur et esquissent des pistes humanistes sur la meilleure façon de faire communauté. L’exposition sera complétée par des tables rondes, des ateliers, des performances et des conférences.
Les artistes : Aurilian, Carla Adra, Morgane Baffier, Jimmy Beauquesne, Kévin Blinderman, Elsa Brès, Brodette, Aëla Maï Cabel, Léonore Camus-Govoroff, Laurie Charles, Claude Cherel, Dach&Zephir, Corentin Darré, Antoine Dochniak, Abdessamad El Montassir, Jot Fau, Alison Flora, Signe Frederiksen, Brandon Gercara, Tania Gheerbrant, Juliette Green, Vir Andres Hera, Théo Jollet, Roy Köhnke, Hanna Kokolo, Jules Lagrange, Inès Malfaisan, Silvana McNulty, Moilesautresart, Valentin Noujaïm, Jean-Baptiste Perret, Prune Phi, Leila Pile, Pascale Rodarie, Emma Rssx, Camille Sart, Fanny Souade Sow
Direction artistique : les commissaires Coline Davenne et Guillaume Désanges, Work Method
Les dix membres du Comité de sélection : Eva Barois de Caevel, curatrice indépendante, critique d'art et éditrice, Stéphanie Christello, curatrice, critique d’art et auteure, Thomas Conchou, curateur, Marie Cozette, directrice du Centre régional d'art contemporain de Sète, Julie Crenn, curatrice indépendante, Gallien Déjean, critique d'art et commissaire indépendant, Antoine Donzeaud et Elisa Rigoulet, galeristes, Béatrice Josse, curatrice, mountaincutters, artistes
66ème Salon de Montrouge
Jusqu’au 1er novembre 2022
Le Beffroi de Montrouge
2 place Emile Cresp - 92120 Montrouge
Entrée libre tous les jours de 12h à 19h
Programmation
Mercredi 12 octobre
16h – 18h Performance de Carla Adra
18h – 18h20 Performance de Morgane Baffier
Jeudi 13 octobre
12h-17h : La rue s’étonne, conversations philosophiques et artistiques pour tous les âges
14h-16h Session de formation avec TADA : Les bases du régime d'artiste-auteur.ice
Vendredi 14 octobre
Ouverture de l'exposition jusque 21h
19h-21h : La Nuit dans mon Salon
19h-20h30 : Projection de vidéos documentaires d’artistes du Salon
20h30-21h : Performance de Morgane Baffier
21h-23h45 : Concert électro "Queer is not a label", programmé par Kevin Blinderman, artiste du Salon
Samedi 15 octobre
15h : Visite guidée
15h-17h : Diadate, organisé par l’association Diamètre
17h-19h : Enregistrement en direct de l’émission spéciale Salon de Montrouge par Radio Nova
16h-18h : Performance de Carla Adra
17h30 et 18h30 : Performances de Morgane Baffier
Dimanche 16 octobre
Tout l’après-midi : Visites chorégraphiques dans le Beffroi
15h : Visite guidée
15h-17h : atelier enfants animé par Inès Malfaisan, artiste du Salon. Inscriptions
Jeudi 20 octobre
Table ronde sur la rémunération des artistes en partenariat avec le ministère de la Culture
Samedi 22 octobre
14h-18h30 : La rue s’étonne, conversations philosophiques et artistiques pour tous les âges
15h : Visite guidée
16h – 18h : Performance de Carla Adra
Dimanche 23 octobre
15h : Visite guidée
15h -17h : 2 ateliers enfants animés par Corentin Darré et Aëla Maï Cabel, artistes du Salon. Inscriptions
16h - 18h : Conférence : La dimension politique de la pratique des arts mineurs et des pratiques vernaculaires dans l’art contemporain, par Évelyne TOUSSAINT, professeure d’histoire de l’art contemporain en collaboration avec plusieurs artistes du Salon
Mardi 25 octobre
18h-20h Session de formation avec TADA : La boîte à outils administratifs de l'artiste-auteur.ice
Mercredi 26 octobre
14h-18h30 : La rue s’étonne, conversations philosophiques et artistiques pour tous les âges
Vendredi 28 octobre
18h30 – 20h30 : soirée sur les mouvements queer
Samedi 29 octobre
15h : Visite guidée
16h-18h Performance de Carla Adra
Dimanche 30 octobre
15h : Visite guidée
15h-17h : atelier enfants animé par Emma Rssx, artiste du Salon. Inscriptions
Mardi 1er novembre
12h-19h grande journée performances des artistes du Salon
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Enregistrer un commentaire