Ailleurs : Sainte Tunique, vêtement de la Passion, relique christique au coeur de la basilique Saint Denys d'Argenteuil

 


La Sainte Tunique conservée depuis près de mille-deux-cents ans à Argenteuil serait selon la tradition l’habit porté par le Christ lors de la Passion. Elle fait l’objet d’un pèlerinage depuis le Moyen-Âge. Confiée vers 803/804 par Charlemagne à sa fille Théodrade, prieure du monastère Sainte-Marie d’Argenteuil, la relique est aujourd’hui, après bien des péripéties, conservée dans une chapelle dédiée au cœur de la basilique Saint Denys d’Argenteuil. Cette église du XIXème siècle, édifiée entre 1862 et 1865 sur les plans de l’architecte Théodore Ballu (1817-1885), architecte en chef des travaux de la ville de Paris pour les édifices consacrés au culte, est dédiée au premier évêque de Paris, saint et martyr au IIIème siècle. Consacrée le 22 avril 1866, elle est érigée en basilique mineure par le pape Léon XIII en 1898. 





Vêtement tissé par la Vierge pour son Fils, habit de la Passion selon la tradition, la Sainte Tunique, est offerte par Irène impératrice de Byzance (752-803) à Charlemagne (741-814) roi des Francs et empereur d’Occident. La relique rejoint, vers 803/804, les trésors du monastère d’Argenteuil, dont Théodrade, sa fille, est l’abbesse. Entre 845 et 862, les raids normands sur la ville depuis le fleuve se multiplient. Les religieuses emmurent la tunique afin de la préserver. En 846, un assaut contre Houilles dévaste la ville. Les lieux de culte sont incendiés. Le monastère sombre dans l’abandon. 

La reconstruction de l’abbaye Notre-Dame d’Argenteuil attend la fin du Xème siècle à l’initiative d’Adélaïde d’Aquitaine (952-1004), reine des Francs, épouse d’Hugues Capet. La coutume de l’ostension, génératrice de revenus, reprend à partir de 1156, alors que le monastère est devenu un prieuré d’hommes dépendant de l’abbaye de Saint Denis et du puissant abbé Suger.

A la Révolution, les biens du clergé sont confisqués. L’abbaye d’Argenteuil sur le déclin depuis la fin du XVIIème siècle, est vendue comme bien national. Les bâtiments démantelés servent de carrière de pierre. L’un des derniers moines de la congrégation tente de sauver la Sainte Tunique. Il la découpe et l’enterre causant des dégâts importants. Remise à jour, la relique est déposée dans la nouvelle église élevée basilique durant la deuxième moitié du XIXème siècle. Volée puis, la Tunique est restituée dans les années 1980. Depuis, restaurée, elle ne quitte plus la chapelle qui lui est dédiée à la basilique Saint Denys.









La chapelle de la Sainte Tunique, oratoire polychrome richement orné doté d’un autel en lave de 1866, se trouve sur l’aile droite du transept. Un tableau monumental de Friedrich Bouterwek, classé aux monuments historiques en 1996, évoque la réception de la tunique au prieuré Notre-Dame en 803. La relique est présentée dans Une châsse néogothique dorée et émaillée, oeuvre datant de 1827 signée Placide Poussielgue-Rusand (1824-1889), orfèvre et bronzier parisien connu surtout pour ses objets liturgiques et bronzes d'église. La Tunique est préservée, roulée sur elle-même, dans un petit reliquaire néoroman de 1807 qui provient de l’église originelle, inséré à l'intérieur de la châsse. L’installation permet d’entrapercevoir la relique. Une niche à l’arrière de l’autel invite les fidèles au recueillement.

Le grand reliquaire d’ostension destiné à présenter la Tunique au public en pied, deux fois par siècle date de 1897, se trouve dans la petite chapelle Ouest à l'entrée de la Basilique. La dernière ostension établie selon le programme remonte à 1984. En 2016, la Sainte Tunique a été exceptionnellement exposée à l’occasion des cinquante ans du diocèse de Pontoise, les cent-cinquante ans de la basilique et l’année sainte du Jubilée de la Miséricorde. 

L’authenticité de la Sainte Tunique a été remise en question par la science. Selon une datation carbone 14 entreprise en 2004, l'habit aurait été tissé entre 530 et 640 après JC. Néanmoins, la vénération ne relève pas du dogme. Les analyses ont également conclu que le sang retrouvé sur la tunique appartient groupe AB, le même que celui présent sur le linceul de Turin et le Suaire d'Oviedo. Des traces de sept types de pollens communs ont été retrouvés sur les trois reliques. Parmi les essences de végétaux, deux d'entre elles croissent uniquement en Palestine, un pistachier, Pistacia palestina, et un tamarin, Tamarix hampeana. 

Sainte Tunique d’Argenteuil
Basilique Saint Denys d’Argenteuil
17 Rue des Ouches - 95100 Argenteuil



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.