Le Regard Saint Martin marque le débouché de la rue de Savies sur la rue des Cascades. Situé au 42 de cette dernière, l’édicule de pierre appartient au réseau d’alimentation en eau potable mis en place par le Prieuré de Saint Martin des Champs au cours des XIIème et XIIIème siècles. L’ouvrage se situait alors à l’intersection du parcours de décantation et de distribution d’une galerie souterraine longue de cent-trente mètres qui courrait depuis le captage principal place du Guignier, jusqu’à ce carrefour. Aujourd’hui, à peine une quinzaine de mètres demeure. Le Regard Saint Martin permettait d’accéder aux canalisations afin d’en assurer la maintenance et de contrôler la qualité de l’eau. L’inscription gravée au fronton de l’édifice indique deux restaurations. La première, véritable réhabilitation en 1633, lui a rendu sa fonction originale après trente années d’abandon. La seconde est signalée en 1722. Une marque à gauche de la porte suggère une troisième intervention en 1804 alors que l’exploitation semble avoir été délaissée dès la fin du XVIIIème siècle. Le souvenir de deux écussons sculptés hante encore la façade. Le relief à gauche illisible d’usure représenterait selon les sources anciennes Saint Martin. L’autre à droite entièrement martelé, les armes de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem, ordre des Hospitaliers du Temple. Témoin remarquable des systèmes urbains d’approvisionnement en eau au Moyen-Âge, le Regard de Saint Martin a fait l’objet d’un classement aux Monuments historiques le 4 novembre 1899. Arrêté annulé et remplacé par le classement des Eaux de Belleville comme un ensemble le 6 février 2006.
Dès le IIème siècle, les Romains organisent dans les collines de Savies, futur Belleville, un réseau d’eau potable susceptible d’alimenter Lutèce. Les drains en pierre, rigoles à ciel ouvert disposées le long des pentes convergent vers des bassins. Ces ouvrages sont peu à peu délaissés au profit d’un système de pierrées, conduites de pierre sèche, couvertes de dalles et de glaise. A la fin du XIIème siècle, les congrégations religieuses propriétaires des terrains, s’intéressent aux systèmes de captation des sources et ruissellement des eaux de pluie. Les abbayes de Saint-Maur et de Saint-Magloire, d’abord, puis l'église Saint-Merri, et enfin le prieuré Saint Martin des Champs, les Hospitaliers de Saint Lazare, de Saint Jean de Jérusalem installés dans la Maison du Temple, mettent en place des solutions nouvelles. Sous Philippe Auguste (1165-1223), les grands travaux édification de l’aqueduc de Belleville rendent la captation des sources plus systématique.
A la fin du XIIème, début du XIIIème siècle, le Prieuré Saint Martin des Champs redécouvre les anciens drains romains lors de prospection. Les religieux entament une rénovation complète et créent un nouvel aqueduc dit de « Savies ». La date exacte de construction du regard Saint Martin demeure inconnue. Ce réseau inédit alimente notamment par dérogation l’hôtel Saint Pol du dauphin, futur Charles V (1338-1380). Au XVIIème, une dérivation pourvoit l’hôpital Saint Louis. De nos jours, l’ensemble fonctionne encore partiellement.
A la fin du XIIème, début du XIIIème siècle, le Prieuré Saint Martin des Champs redécouvre les anciens drains romains lors de prospection. Les religieux entament une rénovation complète et créent un nouvel aqueduc dit de « Savies ». La date exacte de construction du regard Saint Martin demeure inconnue. Ce réseau inédit alimente notamment par dérogation l’hôtel Saint Pol du dauphin, futur Charles V (1338-1380). Au XVIIème, une dérivation pourvoit l’hôpital Saint Louis. De nos jours, l’ensemble fonctionne encore partiellement.
Le Regard Saint Martin est l’un des éléments clé de ce réseau mis en place au cours du XIIème, XIIIème et XIVème par les communautés religieuses. Les systèmes développés par les congrégations de Saint Martin des Champs, de Saint Antoine des Champs, de la Roquette et de Saint Louis sont raccordés à l’aqueduc de Belleville au XVIIIème siècle, réunis sous la dénomination « Eaux de la Ville ». La population parisienne s’accroissant sans cesse, la Ville développe des besoins en eau inédits. Les aménagements complémentaires se multiplient au fil des ans.
Les sources de Belleville, composante avec les eaux de Saint Gervais, via les aqueducs Saint Lazare et du Pré Saint Gervais, de ce que l’ingénieur Eugène Belgrand (1810-1878) désignera sous le nom des « eaux du Nord » devient alors le plus important réseau d’eau potable. De nos jours, les dénominations des rues de Ménilmontant, rue de la Mare, des Cascades, de la Duée, des Rigoles, évoquent la mémoire des précieuses sources désormais enfouies, souvent taries.
Regard Saint Martin
42 rue des Cascades - Paris 20
Métro Jourdain ligne 11
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Bibliographie
Paris secret et insolite - Rodolphe Trouilleux - Parigramme
Le guide du promeneur 20è arrondissement - Anne-Marie Dubois - Parigramme
Sites référents
Enregistrer un commentaire