Paris : Place du Guignier, à Ménilmontant l'esprit de quartier préservé, douce nostalgie - XXème

 

La place du Guignier reflète l’atmosphère de joli village d’un certain Ménilmontant préservé. Ce lieu hors du temps déploie les charmes d’un décor idéal, coquettes bâtisses aux couleurs pastel, glycines foisonnantes, arbres soignés. Anciens réverbères et bancs propices à la rêverie complètent la mise en scène. La rue du Guignier existait déjà en 1812 bien avant la place. Elle hérité son nom d’un ancien verger de cerisiers sauvages, les guigniers. Ouverte en 1843 sous l’appellation de passage du Guignier, la future place est classée par décret dans la voirie parisienne le 23 mai 1863. A l’occasion d'une jonction de la rue des Pyrénées sur le tronçon de l'ancienne rue de Puebla, les immeubles du côté impair du passage sont démolis. Le triangle formé par ses percées devient une place par arrêté du 1er février 1877, dont la dénomination actuelle est entérinée également par décret le 7 décembre 1883. La place du Guignier se distingue grâce à la présence d’un édicule en pierre du service des égouts de Paris, réseau parallèle aux Eaux de Belleville. Deux fois par semaine, un marché y prend ses quartiers.







Vestiges du vieux quartier de Ménilmontant, ancien village des faubourgs de la commune de Belleville, la place du Guignier évoque la poésie d’un monde disparu sous les bulldozers et désormais fantasmé. Au fil des rues, le mythe résonne encore : les guinguettes à l’ombre des fortifs, les rivalités entre les bandes d’Apaches, Casque d’or, les cabarets et les café-concert tels que l’Elysée Ménilmontant. 

Quelques-unes des vieilles maisons aux arrière-cours autrefois industrieuses, les ateliers d’artisans, les anciennes fabriques désormais silencieuses, perdurent malgré la pression des promoteurs. Ces investisseurs immobiliers ont bouleversé le haut Belleville au cours des années 1970, la place des Fêtes ou encore les abords du nouveau parc engendrant une destruction du tissu urbain original et du lien humain, repoussant une partie de la population vers la banlieue. 

A Ménilmontant, les résultats de cette évolution sont contrastés : la ZAC des Amandiers sinistre ne peut se comparer à la ZAC Mare-Cascades joliment réinventée sous la houlette de l’architecte urbaniste Antoine Grumbach. 






La cité Leroyla villa de l’Ermitagela cité de l’Ermitage font de la résistance. Les ruelles charmantes, bordées de maisons ouvrières aux précieux jardinets, et de pavillons des contremaitres, entretiennent la mémoire d’un Paris populaire vivant où les petits commerçants pouvaient survivre. Rues des Mûriers, des Amandiers et du Guignier, les voies ont conservé des noms évocateurs, souvenir de l’activité agricole, Belleville maraîchère, aux coteaux soulignés de champs, de vignes, de vergers. 

Place du Guignier - Paris 20
Métro Jourdain ligne 11



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Le guide du promeneur 20è arrondissement - Anne-Marie Dubois - Parigramme
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Editions Rivages