Paris : 30 rue Eugène Flachat, un hôtel particulier néo-Louis XIII du XIXème siècle - XVIIème

 

Le numéro 30 rue Eugène Flachat emprunte au style néo-Louis XIII des allures de petit manoir. Hôtel particulier et atelier ont été achevés en 1887 en plein essor du quartier de la Plaine Monceau. L’édifice a été imaginé par l’architecte Gaston Aubry (1853-1901), élève de Jules André aux Beaux-Arts de Paris, promotion 1873. Les restaurations du château de Villegongis et de l’église de Lésigny marquent les débuts de sa carrière. Maturité et réputation acquises, il réalise des immeubles de rapports et des hôtels particuliers à Paris, notamment 9 rue Ampère, 24 et 30 rue Eugène Flachat, 8 rue de Penthièvre ainsi que des villas et des maisons pour le quartier Saint-James de Neuilly-sur-Seine ainsi qu’au Val de la Haye. A partir de 1888, architecte diocésain à Aire puis Autun, il se consacre aux édifices religieux. Le cachet particulier du 30 rue Eugène Flachat s’exprime dans la bichromie de sa façade, briques rouges et pierres de parement blondes, décorée de deux tirants métalliques chantournés. La large baie à meneaux de l’étage carré sur rez-de-chaussée évoque le style troubadour ainsi que la porte d’entrée flanquée de pinacles et surmontée d’un gâble en accolade achevé en fleuron. Les combles importants sont percés de lucarnes à panneaux de bois apparents. Le revers de la façade à pans de bois décline cette esthétique. L’arrière du bâtiment est visible au 49 boulevard Berthier.








La Plaine Monceau, quartier hérité de l’ancienne commune Batignolles-Monceaux rattachée à Paris en 1860, s’urbanise tardivement à partir de 1870. Les nombreux terrains à bâtir attirent la nouvelle bourgeoisie en quête de reconnaissance sociale. La rue Eugène Flachat, baptisée en l’honneur de l’ingénieur en chef de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest, Eugène Flachat (1802-1873), est ouverte par décret le 30 avril 1879, puis raccordée en 1883 avec le boulevard Berthier. Entre 1880 et 1895, les fortunes les plus récentes, les artistes à la mode, peintres, musiciens ou comédiennes s’y font construire des hôtels particuliers de prestige, reflet de leur position récemment acquise. Les architectes les plus en vue, recrutés à grands frais, rivalisent d’audace. La rue Eugène Flachat devient le terrain d’expression des modes de la fin du XIXème siècle, éclectique, néo-gothique, néo-Louis XIII, prémices de l’Art Nouveau, échantillon éclectique des tendances architecturales contrastées. Le côté pair de la rue Eugène Flachat remarquablement préservé nous est parvenu quasiment intact.

En 1882 et 1884, deux premiers décrets, bientôt suivis d’un troisième décisif en 1902, assouplissent le règlement d’urbanisme à Paris. Les architectes s’émancipent des contraintes normatives haussmanniennes. Ils expérimentent le potentiel formel des nouvelles techniques, des nouveaux matériaux, le fer, le béton, le gré flammé. Ère de grande inventivité, la période de 1884 à 1902 marque une rupture avec l’uniformité, une quête d’originalité. Les structures apparentes, les revêtements colorés, l’emploi des courbes et de l’asymétrie ou bien d’une géométrie alternative marquent le paysage urbain d’un tout nouveau répertoire architectural. 







Intermédiaire entre le néo-gothique romantique, le pittoresque troubadour et le répertoire classique, le style néo-Louis XIII se diffuse tout d’abord auprès des élites du Second Empire et de la nouvelle bourgeoisie industrielle. En province, les châteaux, les maisons secondaires et autres folies accordent brique et pierre. Après 1882, le goût pour la couleur se manifeste à nouveau sur les façades parisiennes. L’association pierre et brique moins coûteuse que la pierre de taille est alors jugée plus cossue que les compositions de pierre et de métal. Elle rappelle l’esthétique de deux places royales prestigieuses la place Dauphine et la place des Vosges.

30 rue Eugène Flachat - Paris 17



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Grammaire des immeubles parisiens - Claude Mignot - Parigramme

Sites référents