Ailleurs : Collections permanentes du Monastère royal de Brou, le Musée municipal de Bourg-en-Bresse

 

Musée-monument administré concomitamment par la ville de Bourg-en-Bresse et le Centre des Monuments nationaux, le Monastère royal de Brou accueille en son cœur le musée municipal. Depuis 1922, l’institution muséale fondée en 1854 occupe l’un des trois cloîtres du monastère et couvre une superficie de 2198m2. Sa vocation, sensibiliser le public à l’art, l’archéologie et l’architecture, s’incarne dans la monstration de collections permanentes. Fonds enrichis au gré des acquisitions, elles touchent aux domaines des beaux-arts et des arts décoratifs, sur des périodes s'étendant du XVème siècle à nos jours. Visites guidées, ateliers, stages animent le monument tout au long de l’année. Les expositions temporaires d’envergure, le développement de spectacles vivants dans le cadre du festival « A la folie… pas du tout » complètent la riche programmation événementielle. Le rez-de-chaussée accueille les expositions temporaires. A l’étage, le parcours pérenne, peintures et arts décoratifs, débute par un hommage à la fondatrice du monastère, Marguerite d’Autriche, dans ses appartements. La grande salle déploie peintures, sculptures, mobilier et objets d’art de la Renaissance. Dans les anciennes cellules monastiques, sont exposés un important ensemble du XVIème siècle, ainsi que des peintures des Pays-Bas bourguignons du XVème au XVIIIème siècle. Le circuit aboutit à des espaces réservés au XXème et au XXIème siècle. Les appartements du Prieur reprennent le principe de la Period room, sur le thème d’un intérieur privé du XVIIIème siècle. 












La construction du Monastère royal de Brou débutée en 1503 s’achève par sa consécration en 1532. L’église Saint-Nicolas-de-Tolentin, mausolée princier et chef-d’oeuvre du gothique flamboyant, accueille les tombeaux de Marguerite d’Autriche (1480-1530), sa commanditaire, Philibert II de Savoie son époux, et Marguerite de Bourbon, la mère de ce dernier.

Monument préféré des Français en 2014, le Monastère royal de Brou a connu pourtant des déconvenues, risquant jusqu'à la destruction. Sous la Révolution, son intégrité est menacée. Il est question d’abattre le clocher et de détruire les précieuses sépultures, considérés comme des symboles féodaux monarchiques. Thomas Riboud, né en 1755 à Bourg-en-Bresse, mort en 1835 à Jasseron, magistrat, homme politique, député de l’Ain en discontinu de 1791 à 1815, membre du conseil des Cinq-Cents, contribue à sauver le monastère. Il obtient qu’il soit classé « Monument national » par la Convention (21 septembre 1792 - 26 octobre 1795). Ce statut le préserve du démantèlement. 

Membre de nombreuses sociétés savantes, telles que l’Institut de France, Thomas Riboud s’inscrit dans l’histoire comme un pionnier de la défense du patrimoine. Il lègue à la ville de Bourg-en-Bresse, une collection de cent-vingt tableaux, témoignage précieux de la peinture régionale mais aussi flamande, hollandaise et française. Ce fonds détermine la création du musée municipal en 1854.

Le Monastère de Brou géré par le Centre des Monuments nationaux, abrite le musée municipal de la ville de Bourg-en-Bresse depuis 1922. Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, l’un des trois cloîtres monastiques est aménagé afin d’accueillir le musée. L’institution et le monument ne font entrée commune que depuis les années 1990. La présentation des collections dans un écrin historique questionne l’idée de conservation d’un fonds artistique et de valorisation de l’architecture. La cohérence entre monument et collections apparaît comme une préoccupation très contemporaine. 











A la Révolution, une vague républicaine donne naissance à des musées qui investissent les monuments nationaux. L’héritage d’une dichotomie administrative perdure encore de nos jours. Au Monastère de Brou, la vaste campagne de restauration achevée en 2019 a permis de repenser le parcours muséographique dédié aux collections permanentes du musée municipal. Elles ont été redéployées à travers le monument dans une recherche d’unification du récit. La nouvelle circulation à travers les espaces d’exposition tient compte des découvertes archéologiques et historiques récentes. Désormais, les conservateurs veillent au rééquilibrage permanent entre les fonds et l’histoire des lieux, entre art et architecture. La dynamique subtile s’inscrit dans l’identité du musée-monument.

La collection de Thomas Riboud, fonds originel du musée municipal, témoigne de la production artistique locale et du goût personnel du collectionneur. Les ensembles tendent à s’inscrire dans l’histoire du monument notamment grâce aux œuvres de primitifs flamands liés à l’entourage de Marguerite d’Autriche fondatrice du monastère. Le musée présente quatre œuvres du peintre officiel de l'empereur Charles Quint, Bernard Van Orley, parmi lesquels deux portraits de Charles Quint jeune et Marguerite d’Autriche, la fondatrice du Monastère de Brou.  Des œuvres de Jan de Beer, Adrien Ysenbrandt, Jan Brueghel l'Ancien, Frans Snyders, Frans Franken, Pieter Codde, Adam Frans van der Meulen, Adriaen van der Kabel, Gerard Seghers, Bartholomeus Breenbergh, Pieter Neefs le Jeune ou encore Melchior d'Hondecoeter côtoient les productions des peintres de la Renaissance italienne Defendente Ferrari, Pietro della Vecchia, Francesco Fontebasso.










La portion consacrée à la peinture française du XVIème au XVIIIème siècle comprend des œuvres de Benoît Alhoste, Jacques Bizet, Jean Jouvenet, Nicolas Pierre Loir, René-Antoine Houasse, François de Troy ou Nicolas de Largillierre. Les toiles troubadours du XIXème siècle revisitent l’histoire des Pays-Bas bourguignons par le biais du prisme romantique, ancré dans l’imaginaire collectif par l’idée de roman national. L’ensemble de style troubadour comprend des œuvres de Fleury François Richard, Pierre Révoil, Gustave Moreau, Gustave Doré, Jean-François Millet, Elisa Blondel ou le lyonnais Louis Janmot.

L’art contemporain court jusqu’à nos jours avec des toiles de Jacques-Émile Blanche, Ahmed Shahabuddin, Pierre Soulages ou Olivier Debré. L’ensemble consacré à la sculpture religieuse du XIIème au XVIIème siècles sera exposé prochainement dans le réfectoire restauré. Le nouvel accrochage des collections s’accompagne d’un audioguide inédit qui donne la parole donnée à l’architecte du monastère, Louis van Bodeghem. La bibliothèque d’art du musée, constituée à partir de 1950 réunit la documentation nécessaire au travail scientifique des conservateurs.

Cette présentation souligne l’intérêt pour de conserver et de montrer des collections dans un bâtiment historique. Elle contribue à rendre accessible à un large public les fonds du musée-monument dans une conception qui vise éducation et rayonnement.

Collections permanentes du musée municipal de Bourg-en-Bresse

63 boulevard de Brou - 01000 Bourg-en-Bresse
Tél : 04 74 22 83 83
Horaires : Du 1er octobre au 31 mars de 9h à 12h et 14h à 17h - Du 1er avril au 30 juin de 9h à 12h30 et de 14h à 18h - Du 1er juin au 30 septembre de 9h à 18h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.