Cinéma : Le chêne, un documentaire de Laurent Charbonnier et Michel Seydoux

 

A dix kilomètres du château de Chambord, un vénérable chêne bicentenaire s’épanouit aux abords d’un étang. Les habitants de l’arbre solognot et ses environs, créatures de toute sorte, cohabitent en synergie. Le chêne nourricier qui accueille une faune variée dépend d’elle pour se régénérer. La survie de ce microcosme s’inscrit dans les interactions bénéfiques entre une centaine d’espèces d’insectes, deux-cents sortes de champignons au niveau des racines, des oiseaux, des rongeurs, des proies et des prédateurs. Aux multiples étages de l’arbre, les destinées sont interdépendantes les unes des autres. Sous l’œil d’une caméra discrète, les animaux deviennent les héros d’une grande aventure, celle de la vie. A la cime du chêne, les écureuils jouent dans les branches tandis que le sanglier fouine la terre à au pied. Le geai, fragile oiseau fait le guet par crainte des prédateurs, rapaces et serpents. Une famille de mulots sylvestres redoute les averses et la possible inondation de leur terrier. Plus surprenant encore, le balanin des glands, un coléoptère de moins d’un centimètre mène une existence trépidante.









Le cinéaste Laurent Charbonnier naturaliste inspiré, et le producteur Michel Seydoux se penchent sur la faune des campagnes françaises, dans un documentaire animalier inspiré. Ce conte poétique, immersion dans la forêt, prend pour héros le grand chêne, symbole de pérennité, espoir d’un futur plus écologique.  

Le réalisateur capture la vie invisible qui dépend de cet hôte majestueux, arbre familier de l’hémisphère nord, spectacle fascinant d’une nature discrète. Des spécialistes des écosystèmes associés au projet ont apporté une rigueur dans la dimension scientifique du film. Durant un an et demi, à l’affût, au plus près des animaux, Laurent Charbonnier a filmé sa communion avec la nature avec patience et sensibilité. La proximité du chêne de son domicile lui a permis durant le premier confinement de tourner tous les jours. A l’écran, la beauté des images, l’harmonie qui s’en dégage est un véritable enchantement. 




Le documentaire captivant doit beaucoup à la force de son écriture sur laquelle Michel Fessler, collaborateur précieux sur « La Marche de l’Empereur » de Luc Jacquet, a travaillé. Film sans voix-off, ni dialogue, « Le chêne » est porté par la force de sa narration, intimité d’un arbre. Quarante-deux semaines de montage ont été nécessaire pour construire ce récit, destin des créatures qui peuplent l’arbre. Leurs aventures au gré des saisons, les orages d’été, les ors de l’automne, les neiges hivernales, la renaissance au printemps, suit des péripéties qui sont autant de questions de survie. Le microcosme de l’arbre illustre les équilibres de la forêt et devient puissant outil pédagogique. En explorant cet écosystème familier et pourtant méconnu, Laurent Charbonnier oeuvre à la sensibilisation des publics vis à vis de la préservation de la biodiversité, de l’environnement.  Magnifique à tout âge !


Le chêne, un documentaire de Laurent Charbonnier et Michel Seydoux
Sortie le 23 février 2022



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.