John Lennon et des Beatles ont marqué la bande originale de son adolescence. Leur séparation a suscité un terrible désenchantement peut-être plus encore que le divorce de ses propres parents. Et depuis le 8 décembre 1980, il porte le deuil de John. Epris d’une fleuriste japonaise du nom de Mitsuko, l’auteur-narrateur entreprend un voyage au pays du Soleil Levant sur les traces de John Lennon et Yoko Ono. A partir de 1977, le temps de trois étés, neuf mois peu documentés par les biographes, le couple mythique se réfugie dans les montagnes retirées du Japon, à Karuizawa. Instants suspendus coupés du monde, loin de la folie, de la beatlemania, de la vindicte teintée de racisme et de sexisme qui poursuit Yoko Ono, le couple goûte à nouveau à l’anonymat. John Lennon accablé par son statut d’icône, est épuisé physiquement et moralement. Il se détache des addictions, des mauvaises influences, se redécouvre lui-même. Ascète après avoir vécu tous les abus, pacifistes après avoir été violent avec les femmes, il retrouve le chemin de la création, apaisé. Le narrateur se lance sur la piste de John et Yoko dans un pèlerinage musical et sentimental. Il traverse le pays en train pour se rendre dans la région de Nagano. Il évoque ses rencontres avec les passagers, les moments partagés, rêve devant les paysages qui défilent, se confie.
Dans ce texte introspectif, confession d’un esthète en pèlerinage, l’auteur évoque son rapport au Japon, à l’amour. Il s’amuse à souligner similitudes, les jeux de miroir entre les retraites spirituelles du couple et sa propre vie. François Simon raconte la solitude du gaijin, la poésie des haïkus, l’apprentissage du japonais, l’art du "kintsugi", « la menuiserie dorée », les réparations devenant la beauté, l’esprit du wabi-sabi la perfection imparfaite, l’ikebana l’art floral de l’asymétrie, la philosophie du « gaman », prendre sur soi avec grâce face aux adversités. Fin connaisseur de la culture nippone, sa fréquentation lui a donné le goût du dépouillement, de l’épure, un attrait particulier pour les mondes flottants, la déconstruction. La mélancolie et la douceur se teinte d’un certain humour, citation aigue de la fantaisie, enveloppement poétique.
A l’écoute des sensations, il donne à voir le raffinement, la singularité du Japon et le déphasage qui saisit les étrangers. Le texte dont la fluidité évoque celle du voyage, met en lumière les aspirations de l’auteur, la tentation de la fuite, du pas de côté, le mouvement perpétuel pour ne pas chuter. François Simon se confie sur la façon de survivre aux ruptures, séparations et résilience, une leçon d’apaisement et de plénitude portée par John et Yoko.
Le silence de l’amour - François Simon - Editions Équateurs
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