L’église Saint-Leu-Saint-Gilles dresse sa silhouette composite sur la rive d’une ancienne voie royale devenue une artère populaire chaude, la rue Saint-Denis. L’actuel bâtiment cultuel est le fruit de nombreuses transformations, reconstructions, restaurations d’une chapelle originelle dont la présence est attestée au Xème siècle. La façade du XIVème siècle remaniée drastiquement sous Louis XV et au XIXème siècle, affiche un style gothique mâtinée d’ajouts néo-Renaissance. L’église Saint-Leu-Saint-Gilles est surmontée de deux tours à base rectangulaire, dominées par des clochers à flèche. Une large baie brisée coiffe le portail où se trouve une horloge sous un fronton triangulaire. Les bas-côtés couverts en terrasse avec balustrade lui donnent un aspect singulier. Le plan allongé sans transept s’arrête sur un chevet semi-circulaire à déambulatoire. L’église emprunte le tracé d’une nef distribuée sur six travées, ouvertes sur des bas-côtés, couvertes par une voûte d’ogives. Le chœur est plus élevé que la nef. L’édifice se déploie sur deux niveaux, grandes arcades et hautes fenêtres. Classée au titre des Monuments historiques depuis le 20 mai 1915 comporte une série de beaux vitraux et des orgues remarquables.
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Paris : Eglise Saint-Leu-Saint-Gilles, édifice médiéval remanié à travers les siècles - Ier
By La Rédaction At février 11, 2022 0
En 1118, sur l’ancien domaine féodal qui se trouve le long de la rue Saint Denis, propriété du monastère Saint Magloire alors située sur l’île de la Cité, une ancienne chapelle est restaurée. La congrégation s’installe sur ces terrains en 1138. La petite chapelle devient alors le centre de la vie paroissiale. Rapidement trop modeste, elle est remplacée par une église édifiée en 1235 à l’extérieur de l’enclos monastique de l’abbaye qui se trouvait entre les numéros 82 et 88 actuels de la rue Saint Denis. Elle rend hommage à saint Leu, Loup évêque de Sens, et saint Gilles, ermite provençal. Cette bâtisse, à l’origine de l’édifice actuel sera plusieurs fois reconstruite et remaniée en 1320, 1611, 1727 et 1780.
Jusqu’en 1319, date à laquelle débute la construction de la nef actuelle, l’église se déploie sous la forme d’un grand vaisseau couvert d’une charpente apparente sur les quatre premières travées et de voûtes d’ogives sur les deux suivantes qui devaient éventuellement constituer le chœur primitif. Les piliers sont épaulés par des contreforts qui se trouvaient probablement à l’extérieur du bâtiment précédent. De l’église du XIVème siècle demeurent aujourd’hui la nef, les ogives des voûtes et les contreforts intérieurs de certains piliers.
En 1727, une série de travaux cherche à homogénéiser l’ensemble des travées par le rehaussement des murs, l’agrandissement des fenêtres, la construction de fausses voûtes d’ogives en plâtre et remploi des chapiteaux sous les nervures. Les interventions sur la façade marquent une certaine radicalité dans l’évolution esthétique. A côté de la tour jusque-là unique et dans un état de dégradation inquiétant, est édifiée une seconde à sa droite. Le beffroi et la flèche sont reportés sur cette nouvelle construction grâce à un système de levage sans même un désassemblage.
En 1780, une crypte destinée aux dépouilles des Chevaliers du Saint Sépulcre de Jérusalem est conçue par Charles de Wailly (1730-1798) l’un des principaux artisans de l’architecture néo-classique à l’Antique qui dote l’entrée d’un curieux portail dorique. Les reliques de sainte Hélène sont transférées depuis l’abbaye d’Hautvillers vers l’église Saint-Leu-Saint-Gilles par l’ordre des chevaliers du Saint Sépulcre en 1819. Le reliquaire est placé dans la crypte en 2000
A l’occasion du percement du boulevard Sébastopol, à partir de 1857, l’alignement de la rue fait disparaître le chevet d’origine et le beffroi ainsi que les trois chapelles de l’abside. A leur place sur trois côtés, Victor Baltard imagine de nouveaux bâtiments aux façades néo-Renaissance qui abritent désormais les services de la Ville de Paris. Les travaux de réaménagement intérieurs, menés tout d’abord par Etienne-Hippolyte Godde sont ensuite confié à l’architecte des Halles. Ils épargnent la seconde chapelle de la nef. Baltard réaménage le déambulatoire, le chœur, le chevet et édifie la grande chapelle dédiée à la Vierge, adjacente à l’église.
Aujourd’hui, quelques œuvres intéressantes ornent l’église Saint-Leu-Saint-Gilles. Adroite dans la première chapelle, se trouve « Sainte Anne et la Vierge », un groupe en marbre de Jean Bullant (1515-1578) architecte de la résidence parisienne de Catherine de Médicis, voisine de la Bourse de Commerce, provenant probablement du château d’Ecouen. Dans le passage vers la sacristie, un albâtre anglais du XVème siècle se laisse admirer.
Jean-Louis-Désiré Schrœder (1828-1898) a signé deux statues, « Ange de la méditation » et « Ange de l'intercession ». Le tableau « Les Pèlerins d’Emmaüs » par le peintre rococo Jean Restout (1692-1768), côtoie « Le Mariage mystique de sainte Catherine », de l’école toscane du XVIème siècle, de Pérouge peut-être de l’atelier du peintre Perugino. Le maître autel date des travaux de Victor Baltard serait de lui.
Les orgues remarquables sont l’oeuvre des travaux successifs du facteur Guy Jolly au XVIIème siècle, François-Henri Clicquot intervenu en 1786-88, Louis Suret en 1855 et finalement Mutin en 1911-12.
Eglise Saint Leu Saint Gilles
92 bis rue Saint-Denis - Paris 1
Horaires : du lundi au samedi de 11h à 19h le dimanche de 9h à 13h
Téléphone : 01 42 33 50 22
Bibliographie
Le guide du promeneur 1er arrondissement - Philippe Godoÿ - Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Sites référents
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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