Paris : 8 rue Eugène Flachat, un hôtel particulier de style néogothique - XVIIème

 

Au 8 rue Eugène Flachat, se dresse un délicieux hôtel particulier de style troubadour, édifié en 1881 sous la direction, selon le plan local d’urbanisme, de Gaston Aubry, architecte du service des édifices diocésains à partir de 1888 et adhérent de la société des amis des monuments parisiens de 1885 à 1900. L’année suivante, en 1882, Georges-Louis Bayard serait intervenu pour des travaux complémentaires, auteur également du 24 rue Eugène Flachat. La porte d’entrée est surmontée de deux cartouches, dans l’un desquels une signature gravée indique « Tréhot archte ». Cette mention soulève des doutes sur l’identité du cabinet en charge de l’édification. La bâtisse en pierre blanche, établie sur quatre niveaux, débute par un soubassement percé de soupiraux, et s’achève sur une rangée supplémentaire de lucarnes sous combles. La façade est distribuée sur deux travées asymétriques. A gauche, des colonnettes à chapiteau corinthien subdivisent les trois larges baies rectangulaires superposées dont les linteaux s’appuient sur des chimères variées. A droite la portion plus étroite comprenant la porte d’entrée, s’élève jusqu’à un amusant toit en pointe dans lequel s’ouvre une curieuse meurtrière. Ordonnancement équilibré, le programme décoratif se caractérise par le foisonnement des motifs végétaux. Les lignes déliées et les reliefs des balcons évoquent des fleurs de lys. Cette nature idéalisée se complète d’un bestiaire fantastique, chimères, dragons, et petits personnages cocasses, Adam et Eve, putti joufflus, cohorte qui anime des chapiteaux ouvragés.









La dénomination de la rue Eugène Flachat, à l’ouest du XVIIème arrondissement, célèbre l’ingénieur en chef de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest, Eugène Flachat (1802-1873). Ouverte par décret 30 avril 1879, elle est raccordée en 1883 avec le boulevard Berthier. Entre 1880 et 1895, de nombreux hôtels particuliers voient le jour le long de ses rives. Le côté pair de la rue a été remarquablement préservé et présente un échantillon éclectique des tendances architecturales contrastées de la fin du XIXème siècle. Le quartier de la Plaine Monceau, urbanisé dès 1870 à la suite du rattachement de la commune de Batignolles-Monceaux en 1860, est alors très prisée de la nouvelle bourgeoisie, les édiles du Second Empire, les récentes fortunes des grands industriels, les artistes à la mode, peintres, musiciens, comédiens. 

La période de réinvention de la ville voulue par Napoléon III et menée par Haussmann est dans un premier temps propice aux expérimentations, aux audaces. Au 8 rue Flachat, l’inspiration troubadour se distingue par le remplage des garde-corps et les figures des culs-de-lampe. L’architecture référence à un Moyen-Âge fantasmé rend un hommage paradoxal, détaché de la réalité historique. La prise de liberté formelle rendue possible notamment grâce aux nouveaux matériaux tels que le béton ou les structures de fonte, accroit la diffusion des théories développées par l’architecte Viollet-le-Duc, célèbre restaurateur de la cathédrale de Notre-Dame.









Ce mouvement esthétique, néogothique ou troubadour, prend son essor en France durant la première moitié du XIXème siècle et les architectes de l’Art Nouveau vont en reprendre les préceptes jusqu’au début du XXème siècle. Le style troubadour marque de son empreinte ce bref mais intense courant par l’expressivité des courbes, la prolifération des motifs végétaux et animaux. 

A partir de 1898, le concours de façades de la Ville de Paris, évènement annuel jusqu’en 1913 puis plus sporadique avant de connaître une dernière édition en 1930, sollicite l’imagination des architectes. Créer un habillage médiéval sur une façade préexistante devient une pratique courante. 

8 rue Eugène Flachat - Paris 17

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Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.