Expo : Big John, un Tricératops aux enchères, les spectaculaires fossiles de la vente Naturalia, orchestrée par la maison Binoche et Giquello - Jusqu'au 15 octobre 2021

 

Big John, le Tricératops, fascinant fossile âgé de 66 millions, expose sa spectaculaire silhouette derrière la vitrine d’un espace d’exposition temporaire rue des Archives. Le quartier du Marais accueille jusqu’au 15 octobre cet intrigant invité, spécimen dans un état de conservation remarquable, aux mensurations exceptionnelles. Découvert en 2014, dans le Dakota du Sud aux Etats-Unis, une région particulièrement riche en fossiles, restauré à Trieste en Italie au sein de l’atelier Zoic, Big John s’est installé à Paris à l’occasion cinquième édition de Naturalia, une vente aux enchères animée par la maison Binoche et Giquello qui se tiendra le 21 octobre 2021 à l’Hôtel Drouot. Cette vacation annuelle se consacre aux curiosités naturelles, parmi lesquelles des dinosaures fossilisés spectaculaires. Big John, estimé entre 1,2 millions et 1,5 millions d’euros, sera l’une des stars de l’évènement orchestré par maître Alexandre Giquello, commissaire-priseur, et Iacopo Briano, expert en histoire naturelle et en paléontologie. Le Tricératops, l’un des derniers dinosaures ayant vécu sur Terre avant la grande extinction du Crétacé Paléogène, est une espèce bien représentée dans les collections paléontologiques des musées internationaux. De ce fait, Big John semble destiné au privé. Une dizaine de collectionneurs internationaux ont manifesté leur intérêt.











Collerette osseuse défensive, trois cornes offensives, le Tricératops est l’un des dinosaures plus appréciés du grand public, dont il est devenu la coqueluche grâce à ses apparitions au cinéma, notamment dans « Jurassic Park ». Big John se caractérise par un squelette complet à 60%, et un crâne particulièrement bien préservé complet à 75 %. L’os squameux droit marqué par une ancienne blessure, probablement infligée par un congénère selon les chercheurs de l'Université de Chieti, ajoute au fossile une dimension terriblement tangible presque intime. Big John a eu une histoire de grand mâle dominant, il y a soixante-six millions d’années. Ce traumatisme éclaire la violence des combats entre les individus de l’espèce. Des luttes territoriales et des parades nuptiales similaires se déroulent encore chez nos herbivores contemporains, tels que les cerfs ou les rhinocéros. Big John se distingue de ses semblables par des dimensions exceptionnelles. Le fossile de dinosaure long au total de 7,15 mètres, s’élève à 2,70 mètres à hauteur des hanches. La taille du crâne, haut de 2,62 mètres, large de 2 mètres, et les cornes longues d’1,1 mètres pour 30 cm de large à la base illustrent puissamment à quel point cette espèce, pourtant non prédatrice, était redoutable.

Big John a vécu au Crétacé supérieur sur l’île continent de Laramidia qui s’étendait de l’Alaska jusqu’au Mexique. Sa vie a pris fin dans une ancienne plaine inondable de la formation géologique de Hell Creek, réputée pour la richesse en fossiles et son âge stratigraphique au sommet du Crétacé supérieur. La vase favorise la minéralisation ou fossilisation. Les sédiments neutres, un environnement dépourvu d’activité biologique susceptible de dégrader les fossiles, ont permis la conservation remarquable de nombreux spécimens de dinosaures. Les restes de Big John sont mis au jour en 2014 par le géologue Walter W Stein Bill, sur un terrain privé du ranch de Mud Butte, au sud-ouest du comté de Perkins, dans le Dakota du Sud. Les éléments sont découverts dans une carrière de taille réduite, au gré d’une seule couche fossilifère ce qui explique que le squelette du tricératops soit complet à 60%. L’excavation se poursuit jusqu'en 2015. 

Entre novembre et décembre 2020, Big John entreprend un grand voyage vers l’Europe. Les os, encore contenus dans leur gangue de roche, sont acheminés vers Trieste, en Italie où ils sont confiés à l’atelier Zoic, fondé par Flavio Bacchia. Ce laboratoire spécialiste de la restauration des spécimens préhistoriques a travaillé par le passé sur deux des quatre plus importants spécimens connus de tricératops. L’un prénommé Cliff, est désormais exposé au Boston Museum of Science et le second au National Gwacheon Science Museum en Corée du Sud. L’atelier Zoic a également reconstitué le célèbre « Stan le T-Rex », fossile adjugé 31,8 millions de dollars le 6 octobre 2020 chez Christie’s à New York.

La préparation de Big John dure six mois. Entre décembre 2020 et juin 2021, les ossements fossiles sont extraits de la roche, nettoyés, répertoriés. L’atelier Zoic reconstitue les parties manquantes du squelette. Les éléments absents sont reproduits en résine afin de compléter la présentation. Cette mise en beauté se finalise par le choix d’une posture qui donne l’illusion du mouvement. Elle s’inspire d’une oeuvre d’Arturo Di Modica, « Charging Bull » ou « Wall Street Bull », bronze installé en face de Wall Street à New York à la suite du Krach boursier de 1987. 

Les recherches scientifiques sur le spécimen ont été menées par l’Université de Bologne dans le cadre d'un programme de recherche en paléontologie des vertébrés. Elles ont révélé une lésion traumatique au niveau de l'os squameux droit du crâne, un impact entre la corne et le jabot. L'Université de Chieti a entrepris des analyses macroscopiques, histologiques et microanalytiques. Les données suggèrent un traumatisme infligé par un autre Tricératops, de taille plus modeste, un coup porté par l’arrière avec une corne supra-orbitaire. 











A la suite de sa restauration, Big John a été présenté du 30 juillet au 1er août à Trieste sur la Piazza Unità d’Italia. Exposé à Paris jusqu’au 15 octobre rue des Archives, il rejoindra l’Hôtel Drouot où il sera visible à partir du 18 octobre. En France, il est assuré de devenir la vedette de la vente Naturalia. Cet événement annuel organisé par la maison Binoche et Giquello a, par le passé, fait parler de lui pour ses adjudications remarquées de fossiles préhistoriques. Un diplodocus a été vendu 1,4 millions en 2018. Deux allosaures ont beaucoup fait parler d’eux, le premier vendu 1,4 millions en 2018 et le second « Big Sara » adjugé 3 millions en 2020, un record pour une vente hors des Etats-Unis.

Au cours de cet opus qui se tiendra le 21 octobre, divers éléments rejoindront Big John au firmament des enchères : une patte de diplodocus âgé de 150 000 millions d’années, un crâne de mammouth des steppes, une défense de mammouth laineux, un ichtyosaure vieux de 195 millions d’années ainsi qu’un panel intéressant de fossiles végétaux, de coquillages, et une collection de minéraux exceptionnels.

Espace d’exposition temporaire - Jusqu’au 15 octobre 2021 
13 rue des Archives - Paris 3
Visites le jeudi de 18h à 22h - le vendredi de 12h à 19h

Vente Naturalia de la maison Binoche et Giquello
Le 21 octobre 2021 à 15h
Salle 5/6
Hôtel Drouot
9 rue Drouot - Paris 9

Binoche et Giquello
5 rue La Boétie - Paris 8
Tél : 01 47 42 78 01

Big John Tricératops
Triceratops horridus
Formation de Hell Creek, section supérieure
Maastrichtien, Crétacé supérieur (66 Ma)
Ranch de Mud Butte, sud-ouest du comté de Perkins, Dakota du Sud
Longueur totale du squelette monté 715 cm
Hauteur des hanches 270 cm
Crâne H. 262 cm - L. 200 cm
Estimation entre 1 200 000 et 1 500 000 euros



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.