Paris : Foire de Chatou, paradis des chineurs, histoire de la plus ancienne foire de France, héritière d'un marché aux salaisons médiéval


La Foire de Chatou, établie depuis 1970 sur l’Île des Impressionnistes, attire deux fois par an, dans les Yvelines, collectionneurs et chineurs de tout horizon. Organisé par le Syndicat national du commerce, de l’antiquité, de l’occasion et des galeries d’art, ce rendez-vous incontournable des amateurs de brocantes se tient chaque année en mars et en septembre. Durant dix jours à Chatou, la foire célèbre le savoir-faire des artisans et un certain art de vivre. Les exposants venus de la France entière mais également d’Allemagne, de Belgique, d’Espagne, d’Angleterre, d’Italie, de Hollande valorisent un patrimoine aussi varié qu’inattendu. Mobilier, luminaires, arts de la table, argenterie, faïence, céramique, bibelots, jouets, linge de maison, tissus, vêtements d’occasion côtoient tableaux, bijoux, horlogerie, sculptures, livres, trésors minuscules et trouvailles munificentes. La Foire de Chatou, particulièrement reconnue pour ses pièces d’art du XXème siècle, présente artisanat, décoration, mode et gastronomie régionale sous un angle convivial et festif. Son atmosphère unique est le fruit d’une longue tradition. Héritière d’un marché aux cochonnailles parisien du XIIIème siècle, elle revendique le titre de plus ancienne foire de France. Un peu d’histoire si vous le voulez bien.












La Foire de Chatou est la descendante directe de la « Foire aux lards, graisses et chairs de porc », ancien marché aux salaisons installé sur le parvis de Notre-Dame au cours du Moyen-Âge. A cette époque, l’événement annuel se tient quelques jours avant Pâques, durant la Semaine Sainte. Les Parisiens s’approvisionnent en jambons et autres produits carnés en prévision de la rupture du Carême. Les marchands bénéficient d’une grande liberté. Des incidents concernant la qualité des viandes vendues poussent les édiles à promulguer une première réglementation en 1491. Peu à peu, au négoce des viandes s’ajoute des espaces de brocante. Chiffonniers et marchands de peaux de lapin rejoignent les commerçants. Leur mauvaise réputation et leurs supposés mœurs dissolues émeuvent l’archidiocèse de Paris. Les ecclésiastiques exigent le transfert du marché qui entame alors une longue succession de déplacements.

La foire aux jambons trouve un temps refuge aux abords de Notre-Dame, place de la Cité, puis rue des Prouvaires à la Bastille. Elle est suspendue durant la Révolution mais reprend en 1804, dans différents lieux au gré du bon vouloir de la Préfecture. Elle peine à trouver un point d’ancrage pérenne. En 1813, elle s’établit quai de la Vallée, notre actuel quai des Grands Augustins, puis quai Saint Michel, ou encore place de Grève notre actuelle place de l’Hôtel de Ville. Elle fait même une incursion place de la Concorde avant de prendre un temps ses quartiers boulevard Bourdon. Stands de bric-à-brac et étals de fripes se multiplient pour répondre à la demande des clients.

En 1869, à la suite d’une décision préfectorale, la Foire aux Jambons et la Foire à la ferraille fusionnent lorsqu’elles s’installent ensemble boulevard Richard Lenoir. L’évènement prend le titre officiel de « Foire à la ferraille, à la brocante et au pain d’épices ». Ces derniers sont vendus sous la forme de petits cochons et deviennent la mascotte officielle de la foire. L’emblème perdure de nos jours. Les cochonnets gourmands abondent dans l'iconographie officielle. 












Avec le succès, les exposants se multiplient. La foire qui se tient une fois par an devient bisannuelle à partir de 1940. Mais au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, la Ville de Paris révise sa position vis à vis des marchés ponctuels intramuros. Avec le développement croissant du transport automobile, la foire perturbe la circulation. Le bruit et les problèmes de stationnement gênent les riverains. En 1969 la Préfecture déplace la foire vers le Plateau Beaubourg sans consultation préalable des exposants. L’année suivante le Conseil de Paris vote un transfert définitif hors de Paris. Depuis la disparition de la foire de la Bastille, il n’y a plus de manifestation d’envergure dans l’enceinte de Paris. Le Salon des antiquaires du parc Monceau annonce néanmoins une reprise en 2022.

Les organisateurs de la foire passent un accord avec la ville de Chatou. Le marché se réfugie en 1970 sur l’Île des Impressionnistes, à l’époque simple terrain vague. La première édition incarne un renouveau. L’accent se porte alors sur les antiquités, la brocante, l’art du XXème siècle et les pièces des galeries d'art. Néanmoins, la tradition de la charcuterie et des produits du terroir, jalousement préservée, perdure jusqu’à nos jours. Référence en matière d’excellence, l’évènement bisannuel prend officiellement le nom de Foire de Chatou en 2014. 

Foire de Chatou
Ile des Impressionnistes - Chatou
Edition Septembre 2021 du vendredi 24 septembre au dimanche 3 octobre 2021
Horaires : de 10h00 à 19h00
Prix : Entrée 7 euros, gratuit pour les moins de 15 ans
Tél : 01 47 70 88 78

Accès automobile : Coordonnées GPS : Pont de Chatou ou Latitude 48.888329/ Longitude 2.1623
Depuis Paris – Porte Maillot, prendre l’A14 puis l’A86 direction Saint-Germain. Sortie Chatou n°35a, Pont de Chatou.

Accès RER A
Direction Saint-Germain en Laye, 4 stations depuis Charles de Gaulle-Etoile
- Station Rueil-Malmaison, navette gratuite depuis la gare. Sortie 1 et 2 (dans la gare) « rue des 2 gares », sortie en tête de train. 1ère navette de 10 h 00 à 12 h 30 et de 14 h 00 à 18 h 00 toutes les 30 mn.
- Station Chatou Croissy, sortie en queue de train et accès par la passerelle




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.