1609. Pays Basque. Alors que les hommes de la région, partis pêcher en mer durant de longs mois jusqu’à Terre-Neuve, afin de subvenir aux besoins de leurs familles, les vieillards, les enfants et les femmes demeurent seuls. La rumeur prétend que ces dernières, bien trop libres, trop indépendantes, entretiendraient des rituels suspects et se livreraient à la sorcellerie. Ana, dix-sept ans, et ses amies se réunissent dans les bois. Heureuses, elles dansent et chantent, manifestation de joie le temps d’une nuit loin de la société des hommes et de leur regard scrutateur. A leur retour, elles sont arrêtées et enfermées, accusées de sorcellerie. Le juge Pierre de Rosteguy de Lancre mène mission d’inquisition au Pays Basque à la requête du roi. Il est convaincu de leur culpabilité et les soumet à la question. Pour obtenir des aveux, il recourt à la torture. Mais la résistance des prévenues ralentit la condamnation hâtive. Esprit rebelle, Ana décide alors de prendre leurs bourreaux à leur propre jeu. Elle leur raconte ce qu’ils ont envie d’entendre et invente des cérémonies fictives, des Sabbats durant lesquels les sorcières prêteraient allégeance au démon et s’accoupleraient avec lui. Elle compte prolonger le récit afin de retarder l’exécution jusqu’au retour providentiel des pêcheurs. Rosteguy, fasciné, troublé, se laisse envoûté par la conteuse.
Les persécutions entreprises par les religieux aboutissent à des arrestations arbitraires suivis de procès en hérésie absurde. Le piège se referme sur ces femmes. Elles n’ont aucune chance de s’en sortir. Le réalisateur souligne également dans la condamnation des sorcières un rejet des particularités de la culture locale, du régionalisme. Le dialecte, les chansons traditionnelles, les reliquats d’un ancien culte de la nature sont autant de preuves à charge contre les victimes.
Le parti pris de la théâtralisation permet d’illustrer le pouvoir de la parole, le renversement des forces. La fascination des mots, manipulation désespérée, laisse les imaginaires à l’oeuvre. Ils convoquent l’idée même de la magie noire pour dire les visions comme autant de projections des fantasmes masculins. « Les Sorcières d'Akelarre » trace une parabole puissante de notre époque et nous enjoint à ne pas oublier.
Les Sorcières d'Akelarre, de Pablo AgueroAvec Amaia Aberasturi, Garazi Urkola, Yune Nogeiras, Jone Laspiur, Irati Saez de Urabain, Lora Ibarra, Alex Brendemühl, Daniel Fanego
Sortie le 25 août 2021
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