Ailleurs : Eglise Saint Pierre de Mâcon, plus vaste église de la ville, remarquable édifice cultuel du XIXème siècle

 

L’église Saint Pierre de Mâcon, aujourd’hui plus vaste édifice religieux de la ville, se déploie sur soixante-quinze mètres de long, trente mètres de large, et s’élève à dix-huit mètres de hauteur à la clé de voûte. La bâtisse de style néo-roman, construite au XIXème siècle dans le quartier de l’Hôtel de Ville, est empreinte d’une esthétique propre à l’historicisme ou l’éclectisme, caractéristique de son époque. L’architecte André Berthier (1811-1873), élève d’Henri Labrouste aux Beaux-Arts de Paris et de Viollet-le-Duc, architecte diocésain d’Autun de 1855 à 1857, en conçoit les plans. L’église Saint Pierre de Mâcon aurait pu ne jamais voir le jour. Le contexte économique difficile perturbe la campagne de construction menée entre 1859 et 1865 au point que les travaux cessent à peine entamés. En 1860, les fonds viennent à manquer pour achever le chantier. Jean-Claude Naulin, curé de la paroisse Saint Pierre depuis 1854 après avoir occupé cette position à Lugny, profite de la cérémonie durant laquelle il doit être décoré de la croix de la Légion d’Honneur, pour agir. Il est introduit auprès de l’empereur Napoléon III par le baron Ponsard, préfet de Saône et Loire. Il s'entretient avec le souverain au sujet des délicatesses budgétaires auxquelles le diocèse fait face. Il manque deux-cent-mille francs pour finaliser le projet. Napoléon III l’assure de son soutien et charge ses secrétaires de trouver une solution. L’édifice cultuel peut être achevé. 











De nos jours, la silhouette de l’église Saint Pierre de Mâcon marque le paysage urbain de sa silhouette  élégante. Deux tours hautes de 53 mètres, deux clochers octogonaux coiffés de flèches en pierre et dont l’un est pourvu d’une horloge, encadrent le corps du bâtiment.  La façade, ponctuée par la rosace centrale, se déploie sur trois niveaux d’arcatures ouvragés. Les trois portails à plein cintre rehaussé imposent leurs caractéristiques architecturales, reprises en motif récurrent pour les arcades, les baies et les différentes ouvertures. Les tympans ornés de bas-reliefs en pierre illustre en partie centrale Le Jugement Dernier, puis de part et d’autre L’Assomption de la Vierge et le Supplice de saint Pierre sur la croix. 

A l’intérieur de l’église Saint Pierre de Mâcon, trois éléments remarqués par les Monuments historiques méritent une attention particulière. Côté nord, le grand orgue du chœur, caractérisé par son buffet néogothique, oeuvre du facteur parisien Aristide Cavaillé-Coll, a été installé en 1866. Il est classé à l’inventaire des Monuments historiques depuis 1987. Il a été entièrement restauré par Nicolas Martel, facteur d’orgues réputé implanté dans le Jura, en 2013. La seconde pièce exceptionnelle, le bas-relief d’un autel en marbre blanc, signé Antoine Perrache (1726-1779) sculpteur et ingénieur lyonnais, se trouve dans la chapelle Notre-Dame-de-Lorette. D’époque Renaissance, la troisième pièce de prestige, le marbre funéraire du tombeau de la famille Bauderon de Sénecé a été placé sur le transept droit.

L’église Saint-Pierre de Mâcon est distribuée en trois nefs. La nef centrale à six travées nanties de croisées d’ogives, de style néo-gothique, emprunte aux préceptes esthétiques développés par Viollet-le-Duc. Dans le chœur, le mobilier cultuel de 1987 a été créée pour le lieu par le plasticien Philippe Kaeppelin (1918-2011), qui a exploré les domaines de l’art liturgique et de l’art profane. L’autel est animé par une croix grecque dont les quatre bras sont égaux. L’orgue de la tribune déplacé depuis l’église des Cordeliers de Mâcon en 1865 vers la nouvelle construction comporte trente-deux jeux, deux-mille-trois-cent-sept tuyaux. Il a été minutieusement révisé par le facteur d’orgue Jean Dunand de 1973 à 1986. Dans la nef à gauche, la chaire, ambon de saint Pierre tablette imposante, rend compte de la vie de l’apôtre. Le chevet se veut la réplique de celui de l’abbaye de Cluny, révèle dans l’une des chapelles une Vierge en marbre de Carrare remarquable. 










Les chapelles sont décorées de fresques pieuses intéressantes, scènes bibliques et représentations mystiques, exécutées par des artistes ayant développé un lien fort avec la région du Mâconnais. Gaston Bussière (1862-1928) peintre symboliste, élève de l'atelier d'Alexandre Cabanel puis de Pierre Puvis de Chavannes, proche de Gustave Moreau, est intervenu dans l’église Saint Pierre de Mâcon. Le Musée des Ursulines conserve un ensemble significatif de ses œuvres. Edouard Krug (1829-1901), dont les peintures d’histoire et scènes religieuses ont forgé la réputation signe l’un des décors muraux. Le Musée des Ursulines expose également quelques-unes de ses toiles. 

En haut du chœur, Jean-Baptiste Beuchot (1821-1885) a composé deux fresques imposantes. Adeptes des sujets mythologiques ou religieux aussi bien que des scènes de genre, ce peintre-décorateur a bâti sa renommée grâce aux décors intérieurs de chapelle, ainsi qu’aux murs et plafonds de lieux officiels de l’Etat. La dernière fresque marquante, plus proche de notre époque, se situe dans la chapelle Sainte Thérèse, la première chapelle à droite en entrant dans l’église. Il s’agit d’une peinture murale de Mai Thu (1906-1980), hommage aux soldats de la Grande Guerre, réalisée en 1941 lors du séjour du peintre vietnamien à Mâcon. Le Musée des Ursulines consacre à l’artiste une exposition monographique jusqu’au 24 octobre 2021.









Dans le déambulatoire, quatre peintures intéressantes ont été restaurées en 2007 et 2008, un tableau de Pierre Paul Prudh’on (1758-1823), né à Cluny, une peinture non-signée du XIXème siècle dans le style de Pierre Mignard, la copie inversée d’une oeuvre de Jean Jouvenet (1644-1717), ainsi qu’une dernière huile sur toile de Charles Valfort (1808-1867) artiste local né à Mâcon. Deux tableaux de Jean François de Troy (1679-1752) peintre d’histoire, reconnu pour ses portraits et scènes de genre ainsi que ces talents en peinture décorative sont exposées dans le transept gauche.

Eglise Saint-Pierre de Mâcon
Place Saint-Pierre - 71000 Mâcon
Tél : 08 99 23 76 47



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.