Ailleurs : Musée des Ursulines de Mâcon, une institution culturelle ancrée dans sa région et dans l'histoire de l'art

 


Le Musée des Ursulines de Mâcon, héritier du musée municipal originel, déploie ses foisonnantes collections au cœur d’un ancien couvent de la fin du XVIIème siècle. Le cadre porteur d’histoire s’est mué en un lieu de vie et de rencontre, institution culturelle célébrant la mémoire collective. Créé en 1968, le Musée des Ursulines a été distingué par le label « Musée de France » grâce à la qualité des collections présentées. Les plus récents aménagements valorisent le riche fonds composé de vingt-cinq-mille pièces parmi lesquelles neuf-cent peintures. Les réserves ont été externalisées dans un bâtiment affecté à la conservation. Température et hygrométrie stables, conditions propices à la préservation des œuvres y sont assurées toute l’année. L’éclectisme des collections, panorama de l’Antiquité à nos jours, éclaire la richesse du patrimoine local ainsi que l’histoire des arts européens du XVIème au XXème siècle. Les nombreux cartels, textes pédagogiques denses mais accessibles, clés de la compréhension, ponctuent les parcours des trois départements, répartis sur trois étages distincts. Au rez-de-chaussée, la section archéologie replace Mâcon à travers les âges, préhistoire, antiquité et époque médiévale. Le premier étage est consacré aux collections ethnographiques complétées par deux nouveaux espaces permanents. L’un célèbre le poète romantique Alphonse de Larmartine (1790-1869), enfant du pays, son oeuvre littéraire, son engagement d’homme politique. Le second s’attache au travail des paysagistes régionaux du XIXème siècle, précurseurs en leur temps. Le dernier niveau de la visite, explore les beaux-arts occidentaux de la Renaissance au XXème siècle. Chaque année, le Musée des Ursulines montent deux expositions temporaires d’envergure, ambitieux événements tel que celui dédié à l’artiste vietnamien Mai-Thu dont les détails sont à retrouver ici.











Le Musée des Ursulines de Mâcon s’est niché au cœur d’un ancien couvent. En 1615, la requête de l’évêque Gaspard Dinet (1569-1619), confesseur du roi Henri IV, évêque de Mâcon depuis 1599, formule une requête auprès des religieuses de l’ordre de Sainte Ursule afin qu’elles s’installent dans la région. Les Ursulines se dévouent à l’éducation des filles. A Mâcon, elles accueillent les enfants des familles aisées de la région, aristocrates et grands bourgeois. Le plateau de la Baille est choisi pour accueillir le couvent. Le corps de bâtiments actuel voit le jour de 1675 à 1680.

A la Révolution, le monastère réquisitionné devient bien national. A partir de 1792, le couvent des Ursulines est utilisé comme maison d’arrêt. Le père d’Alphonse de Lamartine y est incarcéré en 1793 auquel une plaque commémorative rend hommage. En 1796, l’armée investit l’édifice qui devient la caserne Puthod. Son activité se prolonge jusqu’en 1929. A cette date, désaffectée, elle est rétrocédée à la ville de Mâcon. Un temps, « Maison du peuple » à la disposition des associations de la région, l’ensemble est peu entretenu. Pourtant les bâtiments font l’objet de multiples inscriptions à l’inventaire des Monuments historiques : en 1929 le cloître, le grand escalier, ainsi que les trois portes sur la rue des Ursulines puis en 1962 la chapelle, les façades et les toitures. Au début des années 1960, les édiles décident de valoriser ce bel exemple de l’architecte bourguignonne en lui donnant une nouvelle vocation.

En 1825, l’Académie de Mâcon, société d’agriculture, sciences et belles lettres, fait don à la ville d’un ensemble conséquent de peintures, dessins, antiquités, médailles, monnaies, curiosités. Le musée municipal originel s’amorce et le premier inventaire de ces collections est publié en 1830. Le musée de la ville de Mâcon prend place au cœur de l’hôtel de ville. Du XIXème au XXème siècle, le fonds s’étend, se diversifie au gré des legs, donations Testot-Ferry et Havard, et acquisitions variés. Dans le même temps les services administratifs de la ville se développent et requièrent plus d’espace. La Mairie entreprend de créer une nouvelle institution culturelle autonome. L’ancien couvent des Ursulines fait l’objet de 1963 à 1967 d’importants travaux de réhabilitation de devenir musée. Il est inauguré en 1968, présentant au public deux salles l’une consacrée à la Préhistoire et l’autre aux Beaux-Arts. 











Se développant, le Musée des Ursulines entreprend une grande rénovation en 1992. De nombreux aménagements mis en place en 2019 et 2020 le font entrer dans une nouvelle ère. Le rez-de-chaussée resserre son propos autour du fonds archéologique, qui provient en grande partie de la donation Testo-Ferry. Histoire de l’urbanisme, préhistoire et antiquité, période médiévale, les pièces présentées proviennent des fouilles menées dans la région, objets exhumés sur le site préhistorique de Solutré, éléments prélevés dans l’ancienne cité gallo-romaine et ses riches villas. Le musée possède notamment une copie du Trésor de Mâcon, un ensemble de huit statuettes sur un plat en argent. Découvert en 1764, il a été acquis par un collectionneur anglais. Désormais, le trésor original est visible à Londres au British Museum. 

Le parcours du Musée des Ursulines s’attache à évoquer le quotidien, le commerce du vin précoce, les relations avec le monde méditerranéen, les influences culturelles. Les artefacts variés illustrent les croyances, les rites religieux, funéraires. Parmi ceux-ci les remarquables découvertes de la nécropole des Cordiers. La scénographie évoque également les sites médiévaux. Les vestiges de la motte castrale de Loisy témoignent de l’évolution de la ville de Mâcon vers l’an mille vers une société dominée par les chefs de guerre, une fastueuse noblesse qui avait mis en place une importante garnison autour du site afin de protéger le commerce du vin et du sel.

Le premier étage ethnographique convoque la mémoire collective sous la forme des arts et traditions populaires du sud de la Bourgogne. Les vignerons, les activités liées à la Saône, travail des bateliers, le commerce, la pêche y sont largement représentés. Une section ouverte en 2019 remet au goût du jour, les paysagistes régionaux du XIXème siècle, artistes du Mâconnais précurseurs et pourtant méconnus. L’espace Alphonse de Lamartine consacré à l’oeuvre du poète et de l’homme politique complète le parcours. 











Au second étage, les collections Beaux-Arts européens du XVIème au XXème siècle puisent leur foisonnement thématique dans l’importante donation d’Henry Havard (1838-1921), historien d’art, spécialiste de l’art hollandais du XVIème et XVIIème, et des arts décoratifs, grand ami de Claude Monet

Scènes de genre, portraits, paysages, épisodes mythologiques et bibliques, le XVIème s’engage avec un portrait d’un doge attribué au Titien et des toiles de l’Ecole de Fontainebleau. Le « XVIIème est représenté notamment par une oeuvre de l’atelier de Philippe de Champaigne « Le Bon Pasteur », ou encore « Mucius Scaevola devant Porsenna » de Charles le Brun puis le XVIIIème par un remarquable « Portrait de Monseigneur de Valras, Évêque de Mâcon » par Jean-Baptiste Greuze.












Un nouvel espace permanent de trois-cent mètres carrés explore la période 1850/1950 soulignant rupture et continuité, à travers le néoclassicisme, l’orientalisme, le cubisme, le surréalisme, l’abstraction géométrique, l’op art. Au XIXème siècle Camille Corot, Henri Fantin-Latour et Pierre Puvis de Chavannes dialoguent avec l’Ecole de Barbizon et l’orientaliste Félix Zeim. Le XXème siècle, tout d’abord figuratif s’engage sur la voie de la déconstruction, de Jules Adler à Carlos Cruz-Diez, Le Corbusier, François Morellet, Pierre Székely, Jacques Villon. 

Ateliers pour tous les âges, visites guidées, évènements ponctuels interviennent tout au long de l’année pour parachever ce programme prometteur.

Musée des Ursulines 
5 rue de la Préfecture / 20 rue des Ursulines - 71000 Mâcon
Tél : 03 85 39 90 38
Horaires : Du mardi au samedi de 10h à 12h et de 14h à 18, le dimanche de 14h à 18h - Fermé le lundi




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.