L’exposition « L’art aborigène, collection Pierre Montagne » déployée pour l’été au Musée Paul Valéry de Sète, apporte un éclairage vibrant sur la diversité d’une pratique artistique ancestrale au cœur du continent australien. Soixante-dix toiles peintes par soixante-trois artistes, parmi lesquels une majorité de femmes, illustrent avec force l’éclectisme du vocabulaire plastique en fonction des différentes régions, des communautés et d’une génération à l’autre. La notoriété internationale grandissante des peintres aborigènes semble annoncer un début de réconciliation entre les civilisations après le drame de la colonisation. Phénomène récent remontant aux années 1970, l’art aborigène sur toile est le fruit d’une prise de conscience sur fond de revendications identitaires. Le caractère politique des oeuvres, véritable affirmation d’une appartenance, embrasse la complexité d’une tradition ancestrale empreinte de spiritualité. Kathleen Petyarre, Michelle Possum Nungarrayi, Emily Kame Kngwarreye, Maringka Baker, Madeleine Purdie et bien d'autres marquent de leur signature esthétique et intellectuelle cet événement passionnant.
Entre tradition et modernité, les nouvelles pratiques posent la question de la place des artistes aborigènes dans le monde contemporain. Du sable à la toile, la spiritualité ancrée dans cet art a muté, dans les années 1970, en manifeste politique pour la reconnaissance des peuples aborigènes, l’une des dernières cultures nomades de chasseurs cueilleurs. Désormais, le succès que rencontre toute une génération de jeunes artistes donne une appréciation plus économique de l’art aborigène. Avec l’influence mondialisée, les œuvres tendent dans une dynamique de créativité et de rupture vers une codification, une abstraction amplifiée qui conserve la trace du nomadisme et des songes sacrés.
L’art aborigène, collection Pierre Montagne
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