Ailleurs : Parc du Louvre-Lens, espace naturel résilient indissociable de l'identité du musée


Le parc du Louvre-Lens aménagé par la paysagiste Catherine Mosbach en étroite collaboration avec l’agence SANAA qui a conçu le musée, marque un trait d’union vibrant entre la ville et l’établissement culturel. Ce site remarquable a pris vie sur la friche industrielle de vingt hectares où se trouvait l’ancien carreau de fosse des puits 9 et 9 bis des mines de Lens. Lors de la conception du parc, la paysagiste a souhaité rendre hommage au passé, regard tourné vers l’avenir. Sensible à la dimension artistique du projet, Catherine Mosbach a mis en pratique son goût pour le design, le landart. La démarche éclairée d’adéquation avec l’ancien site minier inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco manifeste un souci de valorisation des écosystèmes autochtones. Destination en soi, indissociable de l’identité du musée, le parc du Louvre-Lens est ouvert au public tous les jours. 








Le musée du Louvre-Lens a été inauguré le 4 décembre 2012, jour de la Sainte Barbe patronne des mineurs. L’agence SANAA a développé un projet d’architecture accessible, dont l’épure se révèle aussi esthétique et que pratique. L’horizontalité de la structure souligne la filiation directe avec l’héritage formel des bâtiments du carreau de mine. Recherche de transparence, ouverture sur l’extérieur, la continuité entre architecture et environnement intègre le musée au paysage. Les jeux de matière, l’emploi du verre et du métal, font disparaître les modules architecturaux. Les plaques d’aluminium anodisé sans joints apparents reflètent le ciel, la végétation, estompent les contours et abolissent les frontières du site. Le Louvre-Lens se caractérise par sa qualité de musée-parc. Dans cette relation unique entre l’édifice et l’espace vert, le bâti et la nature sont intimement liés. Le dialogue entre l’architecture et l’écrin paysager illustre la symbiose créative mise en oeuvre par le biais du travail conjoint de l’agence SANAA et de Catherine Mosbach. Dans une transition douce du parc vers le musée, le bâtiment s’intègre à l’environnement jusqu’à se fondre dans le paysage. 

Le parc pluriel puise son inspiration dans des références historiques porteuses de sens et d’esthétique. « Cet ensemble cohérent revisite à sa manière les traditions de l’âge classique des grands parcs de Le Nôtre ou les périodes baroques des jardins italiens », confiait Catherine Mosbach. La structure du parc entre en synergie avec le musée conçu par le tandem d’architectes Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa. L’art classique des jardins à l’européenne croise l’inspiration japonaise. Sa disposition embrasse les singularités du site. La paysagiste s’est attachée à perpétuer la mémoire de la mine. L’aménagement des anciens éléments préservés comme l’entrée historique du site et le puits de mine qui descendait jusqu’à 630 mètres sous terre ont permis de les replacer au centre du projet, de leur conférer le statut d’éléments référentiels. 











L’histoire du site, l’exploitation industrielle des mines de charbon, a donné naissance à une biodiversité locale très particulière. A la suite de la fermeture définitives des fosses, la nature a repris ses droits sur cet environnement malmené par l’homme. La faune et la flore se sont adaptées. L’ancien carreau de fosse, le terril plat vaste de vingt hectares, forme l’assise du parc. Surélevé jusqu’à quatre mètres au-dessus des cités jardins environnantes, ce terrain est le résultat des remblais de la mine. La nature du sol, dépôts de schiste et de grès, s'est révélée propice au renouveau d’une nature résiliente et a permis le retour d’une végétation adaptée, transformée. La flore de terrils et de rocailles a colonisé les terrains de l’ancien site industriel récréant des corridors de biodiversité. Catherine Mosbach s’est interrogée au sujet des méthodes d’entretien des espaces afin de limiter l’intervention du jardinier et de laisser la place aux espèces indigènes. La paysagiste a imaginé une alternance d’espaces variés, bois plantés de bouleaux, prairies fleuries, miroir d’eau, verger, pelouses, esplanades. Le parc compte près de 6 600 arbres, 26 000 arbustes, 7 000 plantes vivaces, quatre hectares de prés et prairies fleures, un hectare de pelouse rase.

Le parc du Louvre-Lens s’articule autour des quatre points cardinaux. Trois grands axes au nord et au sud permettent une traversée rapide du parc d’est en ouest, le long des lignes des anciens cavaliers, les voies ferrées par lesquelles étaient transportés vers la gare charbon et matériaux. Au nord, les déblais de la construction du musée ont permis de végétaliser un ancien mur d’enceinte. « Autrefois, les limites du site étaient destinées à faire que ceux qui ne travaillaient pas à la mine n’entrent pas. Mon travail, c’est de parvenir à créer l’effet inverse, le parc doit ouvrir ses bras à l’extérieur. » expliquait Catherine Mosbach.










 

A l’ouest, se trouve une forêt pionnière de robiniers faux acacias qui compte notamment un spécimen remarquable. Au fil de la promenade, les visiteurs découvrent merisiers, tilleuls argentés, sorbiers des oiseleurs, oliviers de Bohême, érables sycomores ainsi que de nombreux arbres fruitiers spontanés. Parmi les essences de lisière, les variétés à feuillages légers comme les argousiers prolifèrent avec entrain. A l’ouest les collines herbeuses de la plaine ludique attirent particulièrement familles et enfants. Les sentiers de promenade propices à la flânerie se déploient en faisceaux ponctués de bancs aux formes organiques. L’éclairage est dispensé par des luminaires suspendus à des filins, fixés entre les poteaux sous les arbres. Des blocs monolithes de béton creusés ouvrent des aires de pique-niques, de jeux. Les plaques rondes de béton ont été conçues en matériau filtrant. Des lames de béton placées en étoile rythment les larges plates-bandes. Les sols ont été travaillés sous la forme de mosaïques minérales ou végétales selon le cas.

Dès le retour des beaux jours, le parc du Louvre-Lens, maillon de la Chaîne des Parcs, accueille de nombreuses animations : visites guidées en compagnie des jardiniers, activités sportives, animations créatives, spectacles. Lieu de vie, de rencontre, il rassemble l’espace d’une promenade, d’un instant de détente, les visiteurs de la région et les touristes du monde entier, les équipes du musée et les voisins des cités jardins, les cyclistes acharnés et les promeneurs flâneurs.

Parc du Louvre-Lens 

Musée du Louvre-Lens
99 rue Paul-Bert - 62300 Lens
Tél : 03 21 18 66 62
Horaires : Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h
www.louvrelens.fr
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Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.