La nature enserre le Musée Paul Valéry dans un écrin. Ce cadre idyllique, écrasé de soleil, dévoile un édifice imaginé par l’architecte Guy Guillaume (1924-1980) à la fin des années 1960. Le bâtiment de béton et de verre dans la veine du Mouvement Moderne initié par Le Corbusier, s’est vu attribué en 2018 le label Architecture contemporaine remarquable, label qui a succédé au Patrimoine du XXème siècle créé en 1999.
La singularité et le caractère innovant de sa conception lui confère une beauté fascinante. Agrandi en 1989, le Musée Paul Valéry a fait l’objet d’un grand chantier de transformation à la fin des années 2000. Sa réouverture en 18 juin 2010 a initié un parcours renouvelé, une redistribution des espaces et une extension des salles ouvertes au public. Le Musée Paul Valéry promeut la parole fondamentale du poète, inscrite dans son temps, expression libre de la réalité du monde.
Sept-cents peintures, un millier de dessins, la collection beaux-arts du Musée Paul Valéry célèbre les artistes qui ont puisé leur inspiration dans les paysages du Midi, sa lumière, son littoral. Les œuvres classiques, académiques et orientalistes du XIXème siècle, signées Abraham Storck, Alexandre Cabanel, Albert-Ernest Carrier-Belleuse, Jules Lefebvre, Joseph Noël Sylvestre composent un pan contrasté de la visite où le tableau réaliste de Gustave Courbet, « Mer calme à Palavas » (1857) marque l’esprit.
Les collections permanentes relève l’intérêt porté à l’Ile Singulière par de nombreux artistes, Johan Barthold Jongkind, Robert Mols, Julius Hintz, Jules Troncy, Albert Marquet dont le très beau « Voilier à Sète » de 1924 - ou bien encore les Sétois Aristide Chapuzot et Toussaint Roussy. Le vaste fonds graphique du Musée Paul Valéry réunit un important ensemble du XIXème et XXème siècles, dans lequel se trouvent de nombreuses œuvres majeures de Gustave Doré, Edgar Degas, Paul Cézanne, Henri Matisse, Maurice Marinot, Jacques Villon, Marcel Gromaire, Albert Dubout.
Le département d’Arts et Traditions Populaires du Musée Paul Valéry est consacré aux éléments faisant référence aux événements historiques locaux et à la grande coutume des tournois de joutes nautiques dont de nombreux artistes, EGO, François Desnoyer, Gabriel Couderc, Pierre François se sont fait l’écho. Cette pratique ancestrale, profondément ancrée dans l’identité de la ville, remonte à la création du port en 1666 et perdure de nos jours. Tous les étés, les canaux s’animent dans une parade traditionnelle des jouteurs. Le fonds spécifique dénombre costumes, lances, pavois, instruments de musique, gravures, maquettes et un ensemble de maquettes de bateaux datant du XVIIIe au XXème siècle, de Méditerranée ou de l’Atlantique.
La création du XXème siècle est personnifiée par des artistes tels que Maurice Marinot, Raoul Dufy, Jean Messagier, A-Sun Wu, Ladislas Kijno, Yan Pei-Ming. Les deux écoles sétoises qui ont offert une renommée internationale à la ville dans le domaine des arts plastiques y trouvent une place particulière. Le Groupe Montpellier-Sète - François Desnoyer Jean-Raymond Bessil, Gérard Calvet, Gabriel Couderc, Camille Descossy, Georges Dezeuze et Pierre Fournel, André Blondel, Colette Richarme et Jean Hugo - capte l’âme et les couleurs de l’Ile Singulière.
L’abondante correspondance professionnelle et personnelle propose un éclairage alternatif sur la personnalité de Paul Valéry. Au fil de ces lettres manuscrites, derrière la figure de l’intellectuel austère, l’intimidante stature du penseur, se découpe en filigrane celle du poète sensible, du père aimant, de l’amant passionné. La correspondance entretenue avec Stéphane Mallarmé, ensemble de lettres acquises par le musée en 2015, celles adressées à sa fille Agathe, obtenues en 2017 ou encore les missives échangées avec Jeanne Loviton, révèlent un Valéry intime, charmeur, au sens de l’humour piquant, plein de tendresse envers ses proches, torturé par le doute au sujet de l’écriture.
En 2017, Salah Stétié (1928-2020), poète et diplomate libanais, écrivain également critique d’art a offert une partie de sa collection personnelle au musée, soixante-dix œuvres, peintures, dessins, sculptures et cent-quatre-vingt-sept livres réalisés en collaboration avec des artistes. Une salle est ouverte à son nom afin d’exposer en rotation cet ensemble unique. Il éclaire cinquante de passion, la vocation d’un collectionneur. Cette sélection liée à l’intime, à la personnalité de Salah Stétié offre un témoignage émouvant et précieux de son rapport aux arts, leur rôle essentiel tout au long de son existence ainsi que l’évolution de ses inclinaisons. La même année, Daniel Leuwers (1944-), poète, universitaire, critique littéraire fait don de ses collections valéryennes du livre pauvre. Ce type de créations poétiques sur papier, manuscrites et illustrées a été conceptualisé par Leuwers en 2002 en s’inspirant des manuscrits enluminés de René Char. Les cinq cent quinze livres d’artistes qui empruntent un titre ou un fragment de l’œuvre de Paul Valéry illustrent le dialogue sans cesse renouvelé, nourri, entre les créateurs contemporains et l’oeuvre du poète.






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