Ailleurs : L'imaginaire de Hayao Miyazaki en tapisserie d'Aubusson, la tenture événement - Cité Internationale de la Tapisserie - Aubusson



Une sélection de dessins empruntés aux plus grands films du réalisateur Hayao Miyazaki, l’un des maîtres de l’animation japonaise, va être interprétée en tapisserie grâce au savoir-faire unique des lissiers d’Aubusson. La Cité Internationale de la Tapisserie et le Studio Ghibli se sont accordés pour formuler un projet d’envergure, véritable dialogue entre deux pratiques artistiques, le cinéma d’animation et la tapisserie. La convention signée en juillet 2019 par les deux parties prévoit la réalisation d’une série de cinq tapisseries monumentales parmi lesquelles une optionnelle, tissées d’après les images extraites des films. Sélectionnées par un comité de tissage composé d’un cartonnier, d’un lissier et de l’équipe de la Cité Internationale de la Tapisserie, les séquences ont été soumises au test de la faisabilité technique mais également de la pertinence. Les scènes illustrent l’univers esthétique si particulier de Miyazaki et traduisent des préoccupations politiques, philosophiques ainsi que son engagement qu’il soit féministe ou écologique. Le tissage de la première oeuvre débutera en janvier prochain. Depuis le 17 octobre, la Cité Internationale de la Tapisserie a ouvert au cœur du parcours d’exposition un espace évolutif dédié à « L’imaginaire de Hayao Miyazaki en tapisserie d’Aubusson », lequel s’enrichira de nouveaux éléments au fur et à mesure de la progression du programme.  








Véritable événement, la tenture - ensemble de tapisseries sur un même thème - consacrée au travail d’Hayao Miyazaki perpétue la tradition tout en impulsant un renouveau de la discipline. Le savoir-faire des lissiers d’Aubusson classé depuis 2009 au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco se réinvente en s’emparant des icônes contemporaines de la culture populaire. Cette initiative s’inscrit dans la suite du projet « Aubusson tisse Tolkien » lancé en 2017. A l’occasion d’une association susceptible de toucher un public différent et de séduire les nouvelles générations, treize tapisseries et un tapis ont été créés d’après les illustrations originales des romans de JRR Tolkien.  

Le succès de cette entreprise a permis d’entériner la crédibilité des futurs projets et notamment de convaincre le Studio Ghibli. Hayao Miyazaki, particulièrement attaché à son oeuvre, sourcilleux à l’extrême, a lui-même donné son accord pour le tissage. L’opération séduction s’est trouvée facilitée par l’intervention d’une jeune lissière japonaise, Aïko Konomi, arrivée en France en 2011 pour suivre un cursus à Aubusson. Formée à dans le cadre de la Cité Internationale, elle travaille depuis 2015 au sein de l’atelier A2. Son père proche du président du Studio Ghibli a permis d’ouvrir le dialogue. 

La collaboration inédite entre la Cité Internationale de la Tapisserie et le Studio Ghibli, véritable défi technique et artistique pour les ateliers de tissage, emprunte désormais les voies oniriques d’un univers baigné de poésie. Co-fondateur du Studio Ghibli avec Isao Takahata, Hayao Miyazaki a impulsé un nouveau souffle aux films d’animation, artiste chevronné, avant-gardiste engagé. Traduire l’univers des œuvres cinématographiques en tapisserie signifie pour les artisans de délivrer un point de vue artistique unique sur ces images leur scénographie, la narration, l’esthétique, le graphisme.








Un an a été nécessaire pour finaliser le dossier technique de l’aventure, la conception du projet étant subordonné à un grand nombre de paramètres. Certains parfois très subjectifs. Les scènes sélectionnées pour être transposées, reflets de l’imaginaire, illustrations éloquentes des thématiques abordées par les films, sont des plans iconiques chargés de sens. Avant de réaliser les premiers cartons, le comité technique de la Cité de la Tapisserie a déterminé les formats, les matières, les textures. Puis à travers les agrandissements travaillés à mesure, il leur a fallu retrouver l’esprit du dessin original. Au fil d’un processus particulier, traduire une image animée en tapisserie, 

A la Cité Internationale de la Tapisserie, l’espace de présentation dédié se complètera au gré des avancées du projet. Les éléments exposés apportent un éclairage sur les étapes de réalisation de la tenture. Les différentes maquettes des tapisseries sont agrémentées de cartels explicatifs au sujet du choix des images.  La projection des dessins à l’échelle des futures tapisseries, de 15 à 25 mètres carrés, donne à penser ce que seront les futures oeuvres. Le premier tissage, d’après une séquence du film « Princesse Mononoké », sorti en 1997, débutera en janvier 2021 et se prolongera selon les projections jusqu’en 2022. La deuxième tapisserie inspirée par « Le Voyage de Chihiro », (2001) sera entamée courant 2022 suivie en 2023 par les deux tapisseries sur le thème « Le Château ambulant », qui date de 2004. La dernière d’après une scène de « Nausicaä de la Vallée du Vent » (1984) n’a pas encore été validée.

A l’occasion de chaque tombée de métier, phase finale de l’exécution d’une tapisserie, la Cité Internationale retransmettra en direct sur ses réseaux sociaux l’émouvante cérémonie durant laquelle sont coupés les fils de chaîne pour libérer la tapisserie du métier à tisser, découvrant pour première fois l’oeuvre dans son ensemble et sur son endroit.

L’imaginaire de Hayao Miyazaki en tapisserie d’Aubusson 
Jusqu’en 2023

Cité Internationale de la Tapisserie Aubusson
Rue des Arts - 23200 Aubusson
Tél : 05 55 66 66 66
Horaires d’ouverture
- Juillet et août : Ouvert du mercredi au lundi de 10h00 à 18h00 sauf le mardi de 14h00 à 18h00 - Visites guidées gratuites sans réservation à 11h00, 14h00, 15h00 et 16h00
- De septembre à juin : Ouvert du mercredi au lundi de 9h30 à 12h00 et de 14h00 à 18h00  
Fermé le mardi
Fermeture annuelle : tout le mois de janvier



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.