Ailleurs : Pavillon Chinois du Parc de Cassan, vestige exotique d'un ancien parc à fabriques du XVIIIème siècle - L'Isle-Adam



Le Pavillon Chinois de L’Isle Adam, piquante curiosité architecturale, illumine depuis la fin du XVIIIème siècle de sa présence colorée un espace vert ancien parc à fabriques dont la dernière parcelle intacte est devenue joli jardin public. En bord de l’actuelle route de Beaumont, cette construction d’agrément a été édifiée entre 1781 et 1785, sous l’impulsion de Pierre Jacques Bergeret de Grandcourt dans le style des « chinoiseries » en vogue à cette époque. Elle appartient à un ambitieux projet d’aménagement du parc du château familial. Son architecture décorative s’inspire des motifs les plus frappants des pagodes traditionnelles, lieux de culte bouddhistes. De forme octogonale, le Pavillon Chinois se compose d’un péristyle en bois de huit piliers dont le double toit évasé de cuivre supporte un mât. Cette structure est portée un soubassement de pierre dont les murs sont parés de tessons de verre qui s’illuminent en fonction de la lumière du jour. Sous ce socle de pierre se trouve une salle néoclassique aux colonnes doriques et un bassin de débordement utile à la régulation des eaux de l’étang. Le Pavillon Chinois reprend la symbolique exacte des pagodes et reflète les préoccupations sacrées des agencements. Les couleurs par exemple illustrent la quête d’un accord avec les éléments naturels. Le jaune impérial, le rouge protecteur et le vert de la nature, le noir et le blanc du yin et du yang sont porteurs d’une aura mystique que les clochettes de bronze ornementales viennent souligner. Les lions fô originaux volés à la Révolution ont été remplacés par des reproductions en pierre. Un mâle, patte droite posée sur un globe terrestre, une femelle patte posée sur un petit, éloignent les mauvais esprits. Un peu d’histoire, si vous le voulez bien. 










La famille Bergeret, lignée de financiers, s’installe à L’Isle-Adam à la fin du XVIIème siècle. Pierre Jacques Onézyme Bergeret de Grandcourt (1715-1785) et son fils Pierre Jacques (1742-1807), chacun à leur tour porteur de la charge de Receveur des finances de Montauban, collectionneurs d’art et mécènes, ont poursuivi ensemble une mission de bienfaiteurs de la ville. Proches de Jean Honoré Fragonard (1732-1806) qu’ils hébergent auprès d’eux durant dix ans, ils organisent un voyage d’un an en Italie, de 1773 à 1774, aux sources de l’art classique. Le peintre les suit dans leur périple mais à leur retour les mécènes exigent de l’artiste plus d’œuvres qu’il n’était convenu. Fâcherie, procès, possible réconciliation non avérée.  

Pierre Jacques Bergeret, le fils, fait l’acquisition en 1778 du domaine de Chateaupré auprès de son cousin Aexandre Pierre Nicolas de Cassant. Il envisage un fastueux programme d’aménagement du parc selon le goût de son temps, un jardin à l’anglaise ponctué de fabriques d’agrément. Les constructions reflètent les fantasmes d’exotisme, les désirs d’évasion, de voyages. Les reliefs naturels et la présence de l’eau sur le domaine de Cassan facilite le projet mais l’ambitieux propriétaire envisage des captages supplémentaires afin que les buttes répondent à des étangs ponctués d’îles. Il planifie la construction de neuf fabriques, de belvédères sur le coteau ainsi qu’un pavillon d’habitation.









Seul élément encore sur pied de cet ensemble d’envergure, le Pavillon Chinois, construit durant la période située entre 1781 et 1785, fait partie des fabriques de l’étang inférieur. L’intimité de la famille Bergeret avec le peintre Fragonard a contribué à la légende selon laquelle le peintre serait le concepteur du Pavillon Chinois. Cette version est remise en question par la découverte récente d’une quarantaine de planches signées Pierre Jacques Bergeret concernant l’aménagement du parc. Le propriétaire qui possédait de solides notions d’architecture a notamment participé aux préparatifs du chantier et à la surveillance des travaux. Pas identifié, le créateur du pavillon demeure néanmoins inconnu.

En 1789, la Révolution éclate et met un terme au projet de parc aménagé qui demeure inabouti. Pierre Jacques Bergeret arrêté au cours de la Terreur, survit. Afin de dégager rapidement des liquidités, il vend de nombreux biens dans la précipitation parmi lesquels le domaine de Cassan. De ce dernier subsiste alors un bois entourant un château qui sera reconstruit à plusieurs reprises au fil des ans avant de disparaître. Les derniers vestiges du château de Cassan sont rasés en 1908. Au XIXème siècle, un plombier enrichi, l’un des principaux entrepreneurs à installer le gaz d’éclairage à Paris, fait construire en 1867 à proximité des ruines un deuxième édifice, le château Bonnin. Au début du XXème siècle, cette bâtisse est remplacée par le château dit Béjot, édifié dans le style Trianon. Fortement endommagé par les bombardements alliés en 1944, il est démoli en 1960. 











Le domaine loti en 1970 est vendu à un investisseur privé. Le promoteur cède le Pavillon Chinois à la municipalité de L’Isle-Adam en 1972 ainsi que l’aplomb du coteau, la succession d’étangs et la grande pelouse bordée d’arbres remarquables. Le Pavillon Chinois dont la plateforme en pierre a préservé la structure de bois est désormais la seule construction qui subsiste du projet des Bergeret. Il est classé aux Monuments historiques par arrêté du 9 septembre 1965. 

Fortement dégradé lorsqu’il revient à la ville, sa restauration drastique est confiée à l’architecte Olivier de Choppin de Janvry. La grille d’accès au domaine de Cassan, qui a été celle de l’hippodrome de la place Clichy à Paris, achetée en 1905, est déplacée pour être installée devant le pavillon en bordure de la route de Beaumont. Un jardin public est créé à cette occasion. Le Pavillon Chinois rénové est inauguré le 21 juin 1975 par le maire de L’Isle-Adam, Michel Poniatowski, en présence du Secrétaire d’Etat à la Culture, Michel Guy.










A la suite de nombreux actes de vandalisme, l’accès à la plateforme du pavillon est restreint au début des années 2000. En 2008, une seconde restauration est menée sous la direction de Pierre André Lablaude, architecte en chef des Monuments historiques. Le Pavillon Chinois est à nouveau inauguré le 13 septembre 2009 par Axel Poniatowski, député maire de L’Isle-Adam. Propriété de la ville, des visites guidées sont organisées par l’Office de tourisme de de L’Isle-Adam. 


Pavillon Chinois
Parc de Cassan
6 rue de Nogent - L’Isle-Adam 

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Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.