Le Shack, maison de quartier conviviale, lieu hybride d’un genre nouveau, célèbre un certain art de vivre. Au numéro 4 de l’impasse Sandrié accessible depuis le 3 rue Auber, l’établissement s’est lové au cœur d’un spectaculaire bâtiment patrimonial, l’ancien siège des éditions Calmann-Lévy, l’une des rares maisons établie rive droite, éditeur de Mérimée, Baudelaire, Dumas, Stendhal, Sand, Loti, Vigny, Michelet, Renan. A l’heure du virtuel hégémonique, le Shack choisit de replacer l’humain au cœur de son dispositif, de favoriser les rencontres. Il emprunte son nom aux cabanes des surfeurs sur la côte Ouest des Etats-Unis où se réunissent des communautés unies. Il y est question de partage, de convivialité, d’échanges, autant de valeurs que prônent les fondateurs du Shack. Les espaces de travail, de réunion, quinze salles modulables, sont complétés par une offre sportive intrigante. Au sous-sol, coaches et experts bien-être animent des séances de yoga suspendu, de méditation flottante et de boxe. Toutes ces propositions sont à réserver en ligne. Dans le vaste patio sous verrière, le restaurant ouvre à partir de 8h pour le petit-déjeuner et propose une offre café tout au long de la journée. Pour le déjeuner, sur place ou à emporter, la carte à l’ardoise se renouvèle chaque semaine. Trois entrées, trois plats, trois desserts composent un menu d’inspiration vietnamienne, imaginé autour des produits de saison, sourcés, tendance locavore. Le soir, le Shack se recentre sur l’apéro dînatoire. Les cocktails signature imaginés par Claire et Roxane se sirotent en grignotant planches et assiettes à partager. Au premier étage un speakeasy, Les dieux ont soif, devrait ouvrir courant octobre.
Au Shack, la splendeur des lieux doit beaucoup à leur histoire et à un patrimoine jalousement préservé. En 1869, Michel Lévy (1821-1875), associé de la maison d’édition Calmann depuis 1859, achète une parcelle de terrain vierge entre les rues Auber et Scribe, dans le quartier de l’Opéra en pleine transformation sous l’impulsion du baron Haussmann. L’éditeur confie la construction d’un vaste bâtiment impasse Sandrié à l’architecte Henri Fèvre (1828-1901), beau-frère du peintre Edgar Degas. Le jeune Gustave Eiffel en imagine la structure métallique. Du fait de sa situation à l’écart de la rue, le bâtiment n’est pas soumis aux strictes exigences esthétiques haussmanniennes. Le luxueux immeuble de rapport doté d’écuries est finalisé en 1871. La façade d’hôtel urbain classique dissimule un intérieur au caractère industriel fruit d’une recherche de fonctionnalité. Au rez-de-chaussée, l’espace de vente dispose de comptoirs, de rayonnages en bois déployés en grands casiers. Au sol, des rails facilitent le transport des livres. Au sous-sol, le dépôt de papier côtoie rapidement une presse. Les galeries étagées autour d’un atrium sous verrière sont accessibles par un escalier central. Aux étages, le long des coursives se trouvent la réception et les différents services. Les bureaux et la librairie qui se trouvaient jusque-là rue Vivienne sont transférés passage Sandrié.
Le Shack dont l’ouverture a été retardé par la crise sanitaire a enfin pris son envol à la fin de l’été. Il est le fruit d’une étroite collaboration en famille. Les co-fondateurs, un père et sa fille ont mis au service des lieux leur art de recevoir et leur connaissance de l’univers des start-ups. Philippe Bourguignon, passé par le groupe Accor, tour à tour directeur d’EuroDisney, du Club Med et de Davos, puis partenaire dans Revolution, aux Etats-Unis, et sa fille Emilie Vazquez, ancienne responsable des activités e-commerce et digital du groupe Accor au niveau mondial ont développé une vision très personnelle de leur métier. Pour le Shack, ils ont imaginé un projet en phase avec les nouveaux codes du travail et de la consommation incluant dans leur réflexion la digitalisation, l’hyper-connexion, les attentes inédites et l’expansion de modes de vie alternatifs.
En 2018, la découverte de l’ancien siège de Calmann-Lévy est un véritable coup de cœur pour Emilie Vazquez. Elle en confie l’aménagement à l'une de ses amies, l’architecte d’intérieur Sandrine Cresswell-Coblence. Tout en insufflant à l’ensemble un vent de modernité, cette dernière prend le parti d’un respect rigoureux du patrimoine historique, héritage précieux. Les casiers en bois, les bibliothèques, les rails, les poutres en fonte qui parcourent tout l’édifice sont valorisés pour leur esthétique.
1500m2, un restaurant, deux bars, quarante-cinq espace modulables et polyvalents, le Shack a fière allure. Dans l’attique, sous la verrière qui culmine à onze mètres de hauteur, la lumière zénithale confère une atmosphère particulière à la jolie cantine, au café cosy. Une boutique éphémère, pop-up store mise en oeuvre avec des marques différentes chaque semestre complète l’offre. A travers ses différents espaces, le Shack expose le travail d’artistes issus de la scène urbaine, grâce à partenariat avec une galerie spécialiste du street art. Accessible par un système d’abonnement, salles de travail collectif, de réunion invitent au co-working dans des espaces typiquement haussmanniens repensés. Hauteur sous plafond, moulures, parquets et cheminées trouvent une nouvelle contemporanéité dans des couleurs pop et des univers harmonieux.
Le soir, le Shack propose des cocktails joliment troussés pour accompagner une carte resserrée autour des planches, fromage, charcuterie ou végétarienne. Le premier sera à l’honneur du futur speakeasy à l’étage. Intitulé Fleurs du mal en hommage à Baudelaire, ce filtre délicat se déploie autour du gin assorti avec liqueur Saint Germain, aloe vera, jus de pomme, citron vert, blanc d’œuf. L’élégant Cosmopolitan revisité - vodka, citron, triple sec, thé glacé, liqueur de fleurs et fruits maison, hibiscus - ne manque pas de caractère. La planche gourmande, sélection de charcuterie artisanale et de fromages du terroir, particulièrement savoureuse, a l’idée brillante de composer avec des fruits frais, tranche de pomme, de poire et framboises. L’assiette de banh mi en toast de poulet, pickles, mayo spicy, s’affirme comme l’une des spécialités du chef. Les pommes de terre fumée, œufs de truite, crème verde, apportent une touche plus scandinave.
Grâce à ses nombreuses activités, Le Shack assume une vocation de catalyseur, d’incubateur de projets. Qualifié par ses fondateurs de « troisième adresse entre le bureau et la maison », l’oasis urbaine suggère de prendre enfin le temps et de tenter le lâcher-prise. Havre de paix, refuge pour les citadins en quête de sens, le Shack célèbre la créativité et le bien-être. Dans ce lieu d’échanges des idées, aimant les talents variés, la riche programmation culturelle et évènementielle entre conférences et rendez-vous inédits, promet de lui offrir une nouvelle dimension de précurseur de tendances.
Le Shack
4 impasse Sandrié (accessible depuis le 3 rue Auber) - Paris 9
Horaires : Ouvert du lundi au vendredi de 8h à 23h
Tél : 01 83 75 95 40
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Enregistrer un commentaire