« A toi appartient le regard et (…) la liaison infinie entre les choses », exposition ambitieuse au titre énigmatique propose un panorama inspiré de la jeune création internationale. Le Musée du Quai Branly Jacques Chirac détient l’un des plus importants fonds d’images contemporaines au monde. Les collections comptent plus de 710 000 œuvres, réunies depuis une quinzaine d’années sous la direction de Christine Barthe, responsable de l'unité patrimoniale des collections photographiques du musée du quai Branly - Jacques Chirac, et commissaire de l’exposition. Consacré à l’image contemporaine, l’évènement s’inscrit dans le prolongement du programme de résidence et de prospection mené depuis sa création. Il place au cœur de la réflexion le rapport que l’artiste entretient à celle-ci et la perception de la personne extérieure qui tourne le regard vers cette image, trouvant ainsi le moyen de concevoir à travers les yeux de l’autre. Vingt-six artistes extra-européens, originaires de dix-huit pays différents, proposent une vision alternative du monde, univers sensibles déclinés sous forme de photographies, d’installations, de vidéos. Fil rouge de l’exposition, les résonances des œuvres entre elles suggèrent des dialogues entamés, les échos des propos et des préoccupations essentielles. Le parcours met en relation des pratiques artistiques, effet de reflet entre les œuvres et les artistes. Une centaine de créations exposées, pièces monumentales spectaculaires, éléments plus intimistes tout aussi intenses, questionnent le rapport à l’image, au monde, à soi-même, la représentation des territoires, la réappropriation du récit historique et politique.
L’exposition souligne le lien entre chaque création et suggère de poser un œil neuf sur le monde. Sensible au pouvoir des images, l’artiste franco-algérienne Katia Kasseli présente trois œuvres vidéos « The Story Teller », « Le Roman algérien » chapitres 1 et 2 qui racontent l’Algérie par les initiatives quotidiennes de ses habitants. Les mises en scène de la jeune photographe congolaise Gosette Lubondo qu’elle appelle ses « voyages imaginaires » investissent les espaces abandonnés pour inventer des reconstitutions. Histoire coloniale, mémoire vive des conflits récents, elle convoque les disparus, les âmes de ceux qui ont été.
Le Mexicain, Yoshua Okon questionne l’absurdité de la réappropriation de la culture amérindienne par les habitants de la petite ville de Showhegan aux Etats-Unis alors que l’histoire même de cette région s’inscrit dans la spoliation, le massacre et finalement la disparition des populations américaines autochtones. Témoins de leur quotidien, de leur histoire mais aussi des changements radicaux de nos sociétés, les artistes remettent en question notre rapport au monde et à notre environnement. Ils embrassent les combats contemporains contre les discriminations, pour un rétablissement de la mémoire mais également lanceurs d’alerte dans la crise écologique.
Le colloque « Re-garder », du 1er au 2 octobre programme des conférences, des dialogues et rencontres, en présentiel ou en distanciel, en compagnie des différents intervenants de l’exposition afin de renouer le lien entre les œuvres, les artistes et le public.
A toi appartient le regard et (...) la liaison infinie entre les choses - Jusqu'au 1er novembre 2020
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