Expo : Jean-Philippe Delhomme - Los Angeles Langage - Galerie Perrotin - Jusqu'au 14 août 2020



Chroniqueur de la contemporanéité, illustrateur de presse renommé, commentateur caustique de la société, Jean-Philippe Delhomme a longtemps gardé par-devers lui sa pratique de la peinture. Jusqu’en 2015, date de la première exposition à New York dédiée à celle-ci, il conservait pour lui-même et ses proches cette recherche plastique particulière. Après les séries exaltant les beautés de Paris et New York, Jean-Philippe Delhomme consacre la suite d’œuvres présentée à la Galerie Perrotin sous le titre « Los Angeles Langage » à la Cité des Anges. L’exposition réunit une cinquantaine d’œuvres de petits formats, exécutées la plupart d’après des photographies prises sur le vif lors de déplacements en voiture le long des routes californiennes. Par cette retranscription des paysages urbains de la côté Ouest, Jean-Philippe Delhomme s’attache à saisir la poésie du hasard, la fugacité des événements au cœur d’un quotidien en mouvement. 













Diplômé de l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs en 1985, Jean-Philippe Delhomme devient illustrateur pour la presse. Son trait colorée et son humour spirituel font mouche. Il est rapidement invité à s’exprimer dans les pages des magazines les plus prestigieux, Vogue anglais, AD, The New Yorker, Glamour français. Durant les années 1990, il vit aux Etats-Unis où son nom acquiert une réputation flatteuse comme commentateur inspiré des microcosmes de la tendance, les milieux de la mode, des médias, de la société du spectacle. Ses dessins poétiques ponctués de petites phrases caustiques séduisent. Il contribue à des campagnes de publicité, collabore avec les marques Chanel, Vuitton. Durant cinq ans, il signe la communication visuelle pour les grands magasins Barney’s. 

Au cours des années 2000, plusieurs recueils de ses dessins sont édités sous le format beau livre. Il multiplie les collaborations et se révèle également écrivain en publiant trois romans. Cette incursion remarquée dans le monde des lettres confirme le rôle fondamental des mots et du langage dans le travail de Jean-Philippe Delhomme. Homme de son temps, il remporte un franc succès avec le blog The Unknown Hipster puis avec sa galerie Instagram. Le journal Die Zeit lui confie une chronique sur le thème de la vie à Paris. Observateur aguerri, Jean-Philippe Delhomme croque inlassablement ses contemporains. La représentation tendre et cocasse de la société, verse volontiers dans la satire lorsqu’il évoque, porté par une acuité du regard féroce, la culture dominante. Désormais, il partage son temps entre Paris et New York se consacrant essentiellement à la peinture. Il travaille à des toiles exemptes de commentaire critique ou humoristique, pour se concentrer sur l’intention plastique.







La suite angelena présentée à la Galerie Perrotin, se compose de scènes urbaines dépourvues de sujets humains. Les artefacts, seules traces de cette humanité manquante, rendent l’absence encore plus vibrante. Si la filiation esthétique avec Ed Ruscha et David Hockney frappe, le style personnel de Jean-Philippe Delhomme s’exprime dans les fulgurances plastiques et l’intensité de la palette chromatique. Tandis qu’il réalise sur papier ses illustrations, à la gouache, à l’encre de Chine et aux crayons, la peinture à l’huile sur toile ouvre de nouveaux espaces d’expérimentation. Densité du trait, simplification de la ligne, les contours se définissent par la couleur, en grands aplats et petites touches.

L’exposition « Los Angeles langage » rend hommage à cette métropole horizontale qui étend à perte de vue ses tentacules le long de la côte californienne. Les piétons y sont rares. La voiture indispensable vecteur de liberté, est portée au statut d’icône angelena. L’omniprésence des véhicules confère une atmosphère singulière à ce carnet de voyage sur la route. Dans des visions fugaces, apparaissent voitures particulières, camionnettes d’artisan, semi-remorques dévolus au transport des marchandises, camping-cars. La voiture partout marque le tissu urbain de son empreinte, abondance de signes et de symboles, panneaux de signalisation et feux rouges, stations-service, garages, drive-in, parkings, concessionnaires automobiles.









Jean-Philippe Delhomme portraiture la ville du point de vue singulier du passager scrutant par la vitre d’une voiture le paysage qui défile. Sur les voies express enchevêtrées de la Cité des Anges, l’artiste passe le mythe californien au crible du quotidien pour mieux souligner la géographie sensible de la ville. Il y perçoit l’incarnation du monde contemporain, l’urgence de la modernité, instantanés de vie et rêveries citadines. La spontanéité de la pratique photographique comme élément fondateur de la représentation donne à voir l’éphémère et l’expérience quotidienne des habitants. Ainsi l’artiste propose de reconquérir la poésie de la réalité, le décor sans fards des existences. Jean-Philippe Delhomme a développer un attrait particulier pour les sites industriels abandonnés, les friches, les ruines modernes promises à la démolition et à la reconstruction. 

Fasciné par l’espace urbain en perpétuel réinvention, il déploie sur la toile des paysages familiers, écrasés de soleil, ciel bleu, palmiers, bitume, architecture brutaliste et puissants symboles de l’American way of life. Il met en lumière à la fois le quotidien le plus banal transcendé par l’exotisme californien et l’abondance des signes, entrés grâce à la mondialisation de la pop culture dans l’imaginaire collectif.  

Los Angeles Langage - Philippe Delhomme
Jusqu’au 14 août 2020

Galerie Perrotin
76 rue de Turenne - Paris 3
Horaires : Du mardi au samedi de 11h à 19h - Fermé lundi et dimanche
Entrée libre



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.