Ailleurs : La Piscine de Roubaix, Musée d'Art et d'Industrie André Diligent, lieu de dialogue entre les beaux-arts et les arts appliqués



La Piscine - Musée d’art et d’industrie André Diligent de Roubaix est une institution muséale unique créée dans les murs réhabilités de deux bâtiments emblématiques de la ville. L’ancienne usine de textiles Hannart, silhouette conique en briques, patrimoine industriel régional, prête désormais ses volumes réformés au hall d’accueil et aux salles d’exposition temporaire. L’ancienne Piscine municipale inaugurée en 1932, fermée définitivement en 1985, a été sauvée de la démolition grâce à ce projet et à l’attachement des Roubaisiens. Oeuvre de l’architecte lillois Albert Baert (1863-1951), cette splendeur Art Déco reconvertie est rapidement devenue, avec ses espaces d’exposition inattendus, l’élément phare du musée qui a inspiré son nom. La Ville de Roubaix, désireuse de se doter d’un établissement culturel prestigieux a fait le pari audacieux d’une transformation radicale. L’ensemble entièrement repensé entre 1998 et 2001 par l’architecte Jean-Paul Philippon a donné naissance à un musée riche de collections dont la vocation est de bouleverser la hiérarchie des expressions artistiques et esthétiques. A La Piscine de Roubaix, les fonds d’arts appliqués dialoguent avec le riche parcours des beaux-arts tandis qu’une part importante des pièces présentées célèbre la mémoire industrielle et le savoir-faire des filatures de la région.












Le musée inauguré le 20 octobre 2001 est l’un des symboles du renouveau de l’ancienne capitale textile. Pôle d’attraction touristique, La Piscine mène depuis une politique d’expositions temporaires ambitieuse. Le franc succès remporté auprès du public a justifié un nouveau chantier d’extension. Le réaménagement a permis de repenser le parcours muséal, de valoriser les collections et de présenter de nouvelles œuvres. Après 18 mois de travaux, dont 6 mois menés musée fermé au public, la Piscine a rouvert en octobre 2018. 

« La plus belle piscine de France », selon son créateur l’architecte Albert Baert, a été édifiée entre 1927 et 1932 à l’initiative du maire de Roubaix Jean-Baptiste Lebas, féru de théories hygiénistes et ardent défenseur de la mixité sociale. Désormais au cœur du dispositif muséal, la grande nef de l’ancien bassin olympique se déploie dans toute l’opulence de ses matériaux, bois précieux, mosaïque de pâte de verre, superbes vitraux lever et coucher du soleil. La piscine reconvertie en salle d’exposition met en valeur le plan d’eau redessiné à la façon d’un jardin de sculptures. A l’une des extrémités, Le Portique, chef-d’oeuvre en grès cérame de la Manufacture de Sèvres signé Alexandre Sandier date de 1913. 

Autour du bassin, les cabines de douche transformée en vitrines et espaces de présentation offrent un écran singulier au fonds d’arts décoratifs du musée. Parmi ce vaste panorama d’objets, de techniques et de formes, vitraux de Grüber, verreries de Gallé, mobilier et bijoux, l’ensemble des céramiques modernes, Sèvres, Picasso, Dufy, Dalou, Jourdain, Grant, Guéden, Carbonell, Pignon, Chagall, essentiellement enrichi grâce au soutien fidèle et à l’engagement des Amis du musée, s’affirme comme l’un des joyaux de la Piscine. Un mur monumental dessiné par le scénographe Cédric Guerlus, complète le dispositif. Au premier étage, la collection de textiles comprend des milliers d'échantillons illustrant le savoir-faire de la production française de 1835 à 1940 et des pièces variées de l'Egypte antique au XXIème siècle. La Piscine a hérité d’un fonds ethnographique sur l'industrie textile et développé une tissuthèque destinée aux professionnels. 










Les collections de La Piscine ont été réunies grâce à des legs, des dons et d’importants dépôts des grands musées nationaux. Les fonds originaux proviennent d’un ensemble constitué au fil de la création et de la disparition de divers musées, notamment musée municipal consacré au peintre d’origine roubaisienne Jean-Joseph Weerts (1846-1927), lui-même créé autour d’une donation datant de 1924, le musée industriel de Roubaix développé au sein de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et de l’Industrie Textile. Henri Selosse, riche négociant roubaisien, lègue à l’ENSAIT, en 1924 également, ses collections de peintures, dessins, sculptures, objets d’art ainsi que le riche mobilier de son hôtel particulier. Cet ensemble forme une part importante des collections de l’actuel établissement. 

En 1835, les manufacturiers de la région mettent en commun un ensemble d’échantillons de leur production textile afin de créer le musée industriel textile de Roubaix. En 1862, Théodore Leuridan, archiviste à la bibliothèque de la ville convainc la municipalité d’ajouter une section dédiée aux beaux-arts. Il regroupe des objets provenant des anciennes communautés religieuses de la ville, de dons de particuliers. Bientôt, des acquisitions snt envisagées grâce à un petit budget dispensé par la Marie. Le musée municipal, validé par des dotations de l’Etat, ouvre officiellement en 1865. 

L’Ecole Nationale supérieure des arts et industries textiles (ENSAIT) est créée en 1882. Les collections textiles du musée sont lui sont confiées. Placé sous la tutelle de l’Etat en 1889, le musée devient musée national de Roubaix. Victor Champier ancien directeur de la Revue des arts décoratifs est nommé directeur de l’ENSAIT en 1902. Il prend très à cœur le développement du musée et de ses collections dirigeant les dotations de l’Etat, les dons de particuliers et les achats vers les oeuvres contemporaines.










En 1940, au début du conflit mondial, le musée national de Roubaix ferme. Il n’ouvrira plus. Déclassé par l’Etat en 1959, les collections en partie dispersées. A l’ENSAIT demeurent des dépôts sans inventaire. Il faut attendre 1965 pour que la création de l’association des Amis du musée de Roubaix marque des projets de renouveau. Relancés régulièrement entre les années 1970 et 1980, ils ne sont néanmoins pas concrétisés.

En 1985, victime d’un délabrement qui devient dangereux pour les baigneurs, la piscine municipale de la rue des Champs, précieuse au cœur des Roubaisiens, est condamnée. Naît alors une nouvelle idée d’établissement culturel. En 1990, l’ENSAIT fait don de ses collections à la municipalité. Une salle de préfiguration du futur musée d’art et d’industrie de Roubaix est imaginée dans une aile de l’Hôtel de Ville. Dès 1992, une étude est menée afin d’établir la faisabilité d’une reconversion drastique de l’ancienne piscine en musée. Un concours d’architecte remporté par Jean-Paul Philippon préside à la destinée du nouvel établissement. Le chantier dure de 1998 à l’automne 2001. 

La Piscine, musée d’art et d’industrie André Diligent est inaugurée le 20 octobre 2001. Soutenue par un succès public immédiat et une programmation ambitieuse, l’institution devient rapidement l’un des plus importants musées de France. 











Les collections s’agrandissant, les visiteurs se multipliant, il a fallu envisager récemment un nouveau chantier. Rouverte en octobre 2018 après 18 mois de travaux dont 6 seulement en fermeture totale du musée, La Piscine compte désormais une aile supplémentaire répartie en quatre nouveaux espaces dont un entièrement dédié à l’Histoire de Roubaix. La galerie sous verrière consacrée à la sculpture du XIXème et XXème siècle accueille des oeuvres importantes de Rodin, Carpeaux, Claudel, Bourdelle, Picasso, Lachaise, Maillol, Bartholomé, Meunier, Csaky, Lipchitz, Orloff, Despiau, Marini, Laurens, Giacometti, Rodin, Picasso...

Un pan entier de la nouvelle aile a été réservée à l’oeuvre du sculpteur Henri Bouchard (1875-1960) récréant à l’identique l’atmosphère de son atelier parisien. A la fin des années 1990, la famille du sculpteur avait émis le souhait de confier à la ville de Paris ce fonds particulier. La proposition déclinée, le musée Bouchard du XVIème arrondissement a fermé au début des années 2000. En 2006, la collection qui comporte près de 1 300 pièces est confiée à la Ville de Roubaix. La création d’un espace dédié à Bouchard a suscité un début de controverse concernant l’attitude de l’artiste durant la Seconde Guerre Mondiale. 











Le nouvel agencement de La Piscine consacre d’importants volumes au Groupe de Roubaix, groupe d’artistes de la région, actifs de 1946 à 1975, soutenus dans leur démarche artistique par l’importance du nombre d’industriels collectionneurs et de galeries dynamiques à Roubaix. La Piscine leur a consacré plusieurs expositions validant l’acquisition d’œuvres d’Eugène Leroy, Paul Hémery, Arthur Van Hecke, Michel Delporte, Pierre Hennebelle puis souvent aidé par la Société des Amis du Musée, complétant l’ensemble par des pièces signées Eugène Dodeigne, Jean Roulland, Jacky Dodin, Marc Ronet, Pierre Leclercq, Jean-Robert Debock ou des signatures de réputation nationale comme André Lanskoy, icône de la collection Masurel, ou Alfred Manessier, pilier de la collection Leclercq.

La Piscine - Musée d'art et d'industrie André Diligent de Roubaix
23 rue de l’Espérance - 59100 Roubaix
Tél : 03 20 69 23 60
Horaires : du mardi au jeudi de 11h à 18h, le vendredi de 11h à 20h, le samedi et le dimanche de 13h à 18h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.