Expo : Frapper le fer, l'art des forgerons africains - Musée du Quai Branly - Jusqu'au 29 mars 2020



L’art de la forge, pratiqué sur le sol africain depuis plus de 2 500 ans, tient une place essentielle dans les sociétés traditionnelles. Les maîtres du feu, investis d’un pouvoir social et spirituel, entament par leur pratique, aussi dangereuse que prestigieuse, un dialogue avec les dieux. Experts en rituels, ils écartent les mauvais esprits, promettent chance et fortune. Les usages variés de leurs productions, à la fois monnaie d’échange, éléments usuels et créations artistiques apportent un éclairage particulier sur la société qui les engendre. Au Musée du Quai Branly Jacques Chirac, l’exposition "Frapper le fer, l’art des forgerons africains" rassemble 230 œuvres réalisées entre le XVIIème et le XXIème siècle, issues de 196 collections publiques et privées, panorama inédit et puissant.











Conçue en partenariat avec le Fowler Museum UCLA en Californie, l’exposition "Frapper le fer" entame un récit ancré dans l’histoire vivante de l’humanité. Elle témoigne du talent, de la virtuosité, des prouesses techniques des forgerons et de leur lien singulier à la matière. Tom Joyce, commissaire d’exposition, artiste américain et lui-même forgeron, est allé à la rencontre de dizaine d’artisans afin d’appréhender la multiplicité de cette pratique.

Originaires de quinze pays de l’Afrique subsaharienne, parmi lesquels Mali, Nigeria, Bénin, Gabon, République démocratique du Congo, Madagascar, objets prosaïques, armes, sculptures, parures, fétiches religieux, instruments de musique illustrent la grande richesse d’une tradition millénaire, celle du fer forgé. Cet art pluriel, en formes, styles et fonctions reflète les spécificités des nombreuses cultures nées à travers les régions du continent.











L’art de la forge incarne à lui seul l’étendue des évolutions civilisationnelles, culturelles et économiques. Chaque peuple a développé ses propres secrets techniques, entre maîtrise artisanale et ésotérisme complexe. Les pièces exposées au musée du Quai Branly dévoilent les différents visages d’une tradition plurielle qui a façonné les éléments fondateurs des communautés. Sous le marteau des forgerons africains, le fer, matériau essentiel, convoque les aspects pratiques et symboliques d’un savoir-faire unique empreint d’une grande sophistication.

Aux objets prosaïques du quotidien, outils professionnels, agricoles, s’ajoutent les pièces de prestige, les objets rituels, les parures ornementales, les armes de guerre ou d’apparat telles que lances, épées, haches, couteaux, les instruments de musique. Les emblèmes du pouvoir trouvent dans l’élégance des formes une affirmation du statut social. Les propriétés de la matière, ses pouvoirs supposés, confèrent une charge spirituelle aux produits de la forge. 











La scénographie au musée du Quai Branly présente de façon exhaustive les différentes facettes de l’art du fer forgé, les étapes d’une pratique millénaire, parmi les plus raffinées. En fil rouge, la pérennité des pratiques et la prégnance de la symbolique s’affirment avec force et nuances.

La maîtrise du feu révèle à la fois la virtuosité technique et la sensibilité artistique des forgerons africains. La transformation de la matière, métal en fusion dompté, forgé, martelé donne naissance à des œuvres hybrides. Au métal sont ajoutés des éléments en bois, en textile, en fibre végétale. Les objets ainsi créés servent de monnaie d’échanges au cours de transactions commerciales, matrimoniales. Ils sont offerts lors des cérémonies de mariage, des rituels de passage, des rites funéraires.











L’exposition érudite et sensible au musée du Quai Branly ouvre la porte à une connaissance intime des arts du métal. La grande variété des pièces présentées souligne la beauté sculpturale des créations richement ornementées, la pureté de la ligne des outils de travail. Objets d’expressivité artistique, les produits de la forge incarnent la puissance des imaginaires et la haute technicité des sociétés africaines subsahariennes. 

Frapper le fer, l’art des forgerons africains
Jusqu’au 29 mars 2020

Musée du Quai Branly Jacques Chirac
37 quai Branly - Paris 7
Tél : 01 56 61 70 00
Horaires : lundi, mardi, mercredi et dimanche de 11h à 19h, jeudi, vendredi et samedi de 11h à 21h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.