Ailleurs : Brasserie historique de l'Abbaye du Cateau, bière artisanale et cuisine de terroir au pays natal de Matisse - Le Cateau-Cambrésis



Seule brasserie encore activité de nos jours dans le Cambrésis, alors qu’une dizaine existait à la fin du XIXème siècle, la Brasserie de l’Abbaye du Cateau promet une expérience gourmande en prolongement de la visite culturelle. En plein coeur historique de la ville du Cateau-Cambrésis, cet ensemble architectural remarquable appartient au patrimoine industriel de la région. La brasserie artisanale, implantée sur les terrains d’une ancienne abbaye bénédictine, a repris son activité, après 75 ans de sommeil, en 2004, grâce notamment à l’engagement de la Communauté de Communes du Pays de Matisse. Elle conserve les traces d’une longue histoire. Le site classé et restauré avec soin propose visites individuelles libres ou guidées pour les groupes, avec ou sans dégustation de bières. Dans le cadre unique de l’ancienne malterie de la brasserie originelle, un restaurant convivial a été ouvert. Plats régionaux et produits du marché célèbrent les saveurs locales. A la carte, les vedettes se nomment Maroilles, bière, andouille, flammekueche. Un détour du côté des terres natales du peintre Henri Matisse s’impose.









La ville du Cateau-Cambrésis s’est développée à l’intérieur des remparts autour de l’abbaye Saint-André fondée en 1021. Au cours du XVIIème siècle, la congrégation fait reconstruire les bâtisses lui appartenant et développe dans les nouvelles dépendances une première production brassicole. A la Révolution, les bâtiments sont nationalisés et revendus comme bien nationaux en 1795. Des industriels y installent une brasserie qui perdure jusqu’au XXème siècle. Suzanne Lefebvre-Scalabrino achète les terrains et les édifices encore debout pour y construire un nouvel ensemble dédié à la brasserie en 1913. Mais au cours de la Première Guerre Mondiale, les espaces de production sont en grande partie détruits. A la fin du conflit, la brasserie renaît cependant de ses cendres. Lorsque cesse son activité en 1926, elle emploie une vingtaine d’ouvriers et produit de 10 à 12 000 hectolitres par an. 

Si la brasserie est fermée durant 75 ans, les bâtiments et les machines industrielles sont laissées en l’état. Elle doit sa renaissance à l’intervention de passionnés et des édiles, ainsi qu’à de couteux travaux. En 1990, le neveu de la propriétaire, Christian Lefebvre exprime le souhaite de réhabiliter l’ancienne brasserie. A cette même époque, la Direction des affaires culturelles dresse un inventaire des anciennes brasseries de la région, une opération menée par Pierre-André Dubois ancien maître-brasseur et une association locale Les Amis du Catésis. Leurs efforts conjoints permettent, dès 1995, d’organiser des visites à l’occasion des Journées du Patrimoine. Le site est partiellement classé au titre des Monuments historiques le 27 mars 2000. Façades et toitures des communs, des anciennes écuries, des deux logements patronaux et des dépendances, ancien atelier de production avec la salle dite des machines, reconstruite en 1918 sont désormais protégés.











La Communauté de Communes du Catésis composée à l'époque de quatre communes, Le Cateau-Cambrésis, Saint Souplet, Neuvilly et Mazinghien fait l'acquisition de l'ancienne Brasserie Lefebvre-Scalabrino mai 2000. Le projet de réhabilitation mené par l’Intercommunalité qui s'élargit rapidement à trois autres communes : Catillon sur Sambre, La Groise et Rejet de Beaulieu, sous le nom de Communauté de Communes du Pays de Matisse. Après quatre années de rénovation et de mise aux normes, brasserie-malterie de l’Abbaye du Cateau est prête à relancer la fabrication de bière artisanale locale. Jean-Luc Bultez et sa fille Julie Bultez, entrepreneurs motivés aux solides convictions, se mettent à la tâche et s’attache à faire tourner la brasserie.  Ils créent une boutique de produits régionaux, un espace de restauration, une brûlerie de café. Ils songent bientôt à compléter l’offre par la mise en place d’une maison d’hôte. 

Les visites de la brasserie historique de l’Abbaye du Cateau mettent en avant un patrimoine architectural industriel unique. Dans l’usine en brique à décor de pierre, l’atelier de fabrication se compose de deux corps à pignon de style régionaliste surmontés du toit polygonal de la touraille et de sa cheminée d’aération. La production traditionnelle dite en cascade ou à gravité confère un emploi particulier à chaque étage. Au quatrième, sous un toit à éclairage zénithal, le stockage et mouture du malt. Au troisième, la touraille et les paliers pour la torréfaction des grains. Au deuxième étage, le concasseur à malt. Au premier, l’espace où est entreposé l’antique machine à vapeur modèle Weyler et Richemont qui fournit à l’origine l’énergie des machines, énergie transmise d’étage en étage par une courroie circulant par le biais d’escaliers métalliques. La fermentation en fûts se prolonge dans les caves voûtées de brique.









Aujourd’hui, la Brasserie historique de l’Abbaye du Cateau prolonge cette grande tradition. Elle demeure l’une des rares brasseries à gravité encore existante. En France, elle est la seule brasserie en France à pratiquer la fermentation à cuves ouvertes doublé d’un écumage manuel à la perche. La bière Vivat, nommé d’après un chant traditionnel flamand entonné lors des mariages et baptêmes, s’inscrit comme le fleuron de cette production artisanale à laquelle s’ajoute des appellations savoureuses telles que Night Cat ou Vieille Réserve. Le maître-brasseur Grégory Maufroid aime à allier expérimentation et respect de l’héritage. 

Le chef Guy Dauchez, arrivé à la brasserie en 2005 lors de la création du restaurant, assume son rôle de Défenseur du goût et de la régionalité. Cet amoureux du terroir et de la gastronomie du Nord propose une cuisine bienveillante marquée par la générosité. Ce jour-là, la bière Vivat d’hiver, robe d’ambre profond et reflets grenat, se déguste dans l’équilibre des saveurs, moelleux d’une base maltée, amertume franche spirituelle, accents de cerises griottes. La Noix de joue de porc braisé à la Vivat, endive braisée, pommes de terre en gratin, épinards, a l’évidence roborative des nourritures sincères. La Cuisse de poulet au vinaigre et à la Vivat, pommes de terre en gratin, carottes, épinards, boxe dans la même catégorie. La note sucrée, Tarte aux pommes et boule de glace caramel, convoque avec une malice gourmande les souvenirs d’enfance.

Brasserie historique de l’Abbaye du Cateau
16 rue du Marché aux Chevaux - Le Cateau-Cambrésis
Tel : 03 27 07 19 19
Horaires : Mardi et mercredi de 10h à 16h, jeudi, vendredi et samedi de 10h à 23h, dimanche de 10h à 18h - Fermé le lundi



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.