Paris : Reclining Figure, une oeuvre emblématique du sculpteur Henry Moore au Jardin des Tuileries - Ier



Reclining figure, figure couchée, est un bronze monumental, du sculpteur britannique Henry Moore (1898-1986), artiste majeur du XXème siècle. Incarnation du modernisme de l’après-guerre, il a participé du renouveau de la sculpture au lendemain des deux conflits mondiaux. Cette statue appartient aux Collections du Centre Pompidou, musée d’Art moderne / Centre de création industrielle. La version de Reclining figure, exécutée par le fondeur Gaskin foundry à Londres et acquise par l’Etat en 1951, a été déposée au jardin des Tuileries en 1998 à l’occasion des transformations du jardin des Tuileries avant l’an 2000. Le vaste projet mené par Alain Kirili avait pour objectif de faire entrer l’art moderne et contemporain dans ce jardin d’Etat et de nos jours, de nombreuses œuvres intégrées à ce musée à ciel ouvert témoignent de la réussite de l’entreprise. Lors de son installation, Reclining figure remplace au pied de l’escalier menant à l’Orangerie une oeuvre d’Aristide Maillol déplacée à quelques mètres dans les jardins du Carrousel consacrés désormais à cet artiste. 












A l’occasion des célébrations du centenaire de l’Exposition universelle de Londres de 1851, le Festival de Grande-Bretagne, organisé par l’Art Council of Great Britain, commande, en 1850, une douzaine d’œuvres monumentales auprès des sculpteurs britanniques les plus reconnus tels que Robert Adams, Reg Butler, Franck Dobson, Jacob Epstein, Barbara Hepworth et Henry Moore. Ce dernier propose une déclinaison particulière de la Reclining figure, nu féminin allongé, un thème qu’il explore inlassablement depuis 1923.

Henry Moore expérimente les possibles de la stylisation des formes organiques en inventant de nouvelles qualités d’abstraction. Mais il garde le goût de la représentation des traits humains. « Pour moi, la figure humaine reste la plus intéressante parce qu’elle exprime nos propres sentiments. » Son abstraction figurative, influencée par le primitivisme et le biomorphisme fait directement référence aux arts premiers, à l’art africain ou mexicain. Le sculpteur est fasciné par Auguste Rodin, la Renaissance italienne, l’art des Cyclades ou encore les mégalithes de Stonehenge. Depuis sa prime jeunesse, il fréquente assidument le Bristih Museum pour ses ensembles de sculpture antique et classique. 


1929

1938

1939

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1949

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Henry Moore est remarqué dès les années 1920 pour son travail en taille directe, corps à corps avec la matière. Au cours des années 1930, son oeuvre évolue vers des formes abstraites évidées, trouées. Hormis, une brève incursion chez les Surréalistes en 1936, date à laquelle il réalise ses premières figures à cordes, Henry Moore refusera d’être catalogué dans un mouvement spécifique ou de revendiquer une appartenance à une seule école déterminée afin d’être livre d’inventer son propre vocabulaire plastique. En 1948, il reçoit le Prix international de la sculpture de la XXIVème Biennale de Venise. A la suite de cette récompense, il sera sollicité pour réaliser de nombreuses commandes publiques notamment pour l’Unesco à Paris en 1957.

Les compositions monumentales d’Henry Moore sont le fruit d’un long travail préparatoire. Dans un premier temps, il réalise des petites maquettes en plâtre qui lui servent de modèle original. Ces miniatures manipulables lui permettent d’appréhender la forme sous tous les angles. Le sculpteur privilégie le plâtre dont il apprécie les qualités de malléabilité pour ce travail en amont et délaisse la glaise classique. Par la suite, il agrandit ces modèles originaux jusqu’à atteindre les proportions requises. Afin de souligner la fluidité des lignes, Henry Moore colle des ficelles à la surface du matériau qui vont imprimer ces curieuses incises dans le bronze qui se retrouvent notamment sur la surface de la Reclining figure du jardin des Tuileries. 








Henry Moore cultive un nouveau rapport à l’espace. Dans ses notes d’atelier, il commente son travail en disant recherche la « distorsion de la forme pour la faire coïncider avec l’espace ». Constituées d’éléments abstraits, ses figures humaines aux proportions inhabituelles cherchent l’harmonie des formes évidées, la douceur des courbes et des déliés. L’artiste laisse passer l’air par des interstices où le paysage apparaît, intégré à l’oeuvre. « La sculpture est un art de plein air. La lumière du jour, celle du soleil lui est nécessaire, et pour moi, le meilleur environnement et complément de celle-ci est la nature. »


1950
1950







Les membres sont séparés, dispersés en éléments indépendants et disposés d’une nouvelle manière. La mise en pièces des différentes parties du corps permet selon Henry Moore d’ « ouvrir la forme, de rapprocher et de combiner plusieurs formes de dimensions, de sections et de directions différentes dans un ensemble organique ». Dans le cas de la Reclining figure, il enjoint à observer celle-ci dans « le sens de la longueur, de la tête aux pieds car les bras, les jambes, les épaules sont vus comme des formes occupant un tunnel qui s’éloigne. Vue de dessus, la figure a des zones d’espace ».

Reclining Figure Henry Moore 1951
Jardin des Tuileries - Paris 1



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


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